Numéro 11

Amsterdam sur scène

par Bart Deuss

Depuis très longtemps, les tulipes, les moulins et les fromages sont les meilleurs ambassadeurs des Pays-Bas. Ces dix dernières années, pourtant, l’art du football est venu renforcer la renommée du plat pays. Au-delà des océans, on entend prononcer le nom de quelques dieux du stade avec autant de difficulté que d’admiration. Ces temps-ci, les entraîneurs et le jeu néerlandais sont également à la fête, un mélange d’attitude offensive et d’approche collective. Pas de stars mais un esprit d’équipe.

L’utopie des jeunes artistes néerlandais : “Liberté et responsabilité”

par Chantal Boiron · visuels: Sanne Peper

Depuis douze ans, le TheaterFestival, dirigé par Arthur Sonnen, présente à la fin de chaque été les meilleures productions théâtrales en langue néerlandaise, réalisées au cours de la saison aux Pays-Bas et dans les Flandres. La sélection est faite par un jury de critiques hollandais et flamands. Le TheaterFestival a la particularité de se dérouler à la fois en Belgique et aux Pays-Bas. Cette année, il a eu lieu à Amsterdam et à Gent.

Le masque dans le théâtre d’aujourd’hui

par Chantal Boiron · visuels: Anne Caracache

Le masque est à l’origine du théâtre. Pourtant, en Occident, il a souvent été rejeté, délaissé. La tradition de la commedia dell’arte, qui fut si vivante dans toute l’Europe, a aujourd’hui disparu. À une époque récente, on a pu assister à un regain d’intérêt pour le masque grâce à Giorgio Strehler et au sculpteur Amleto Sartori en Italie, à Benno Besson en Suisse, à Otomar Krejca en Tchécoslovaquie, à Jacques Lecoq, à Ariane Mnouchkine et au comédien Mario Gonzalès en France... Mais ce fut un intérêt relatif, lié à quelques personnalités du théâtre européen.

Jean-Louis Hourdin : “On devrait être du pays du théâtre: on devrait toujours être masqué”

visuels: Marc Enguérand

Dans le paysage théâtral français, Jean-Louis Hourdin occupe une place à part. Acteur, metteur en scène, chef de troupe, il défend depuis trente ans « un théâtre populaire », jouant ses spectacles aussi bien dans les petits villages que sur les scènes parisiennes, montant aussi bien Büchner et Shakespeare que Bobby Lapointe...

Colloque/Symposium UBU : L’Europe, une cité pour les arts ?

par Aglika Stefanova

Ce colloque, proposé par l’Association bulgare pour le théâtre, le Journal Littéraire de Sofia et la revue UBU, s’est tenu les 6 et 7 juin 1998 au Centre de Congrès et des festivals de Varna (Bulgarie), dans le cadre du Festival « L’Été de Varna » 98. Organisateurs et concepteurs : Nicolay Iordanov (Directeur de L’Été de Varna), Veneta Doytcheva (programmateur de l’Été de Varna) et Kamelia Nikolova (critique au Journal Littéraire).

Sebastian Barry ou Le pardon du Dieu tailleur

par Isabelle Famchon · visuels: Ulla Montan

A 43 ans, Sebastian Barry, poète, romancier, et auteur dramatique, a déjà sa place au firmament des lettres irlandaises. Son oeuvre théâtrale en particulier s’est vue acclamée par le public et la critique : « Le nouveau Prince Héritier de la majestueuse tradition théâtrale irlandaise », dira Newsweek. « Ce qui vous coupe le souffle, c’est la pure beauté de l’écriture de Barry ». J’ose suggérer que ni O’Casey ni même Synge écrivaient mieux... », dira le Guardian. Les nombreux prix et récompenses qui sont venus le couronner (ne serait-ce que pour Le Régisseur, il a obtenu le Writers’ Guild Award for Best Fringe Play, le London Critics’ Circle Award for Best New Play, le Guardian’s Best Play of 1995, Lloyd’s Private Banking Playwright of the Year Award), ne font que le confirmer, formidable succès il y a, et amplement mérité puisqu’oeuvre il y a. Mais comment qualifier cette oeuvre ? Le lumineux inventeur de mots et de mondes, le charmeur des terres de l’Ouest, est-il avant tout poète, dramaturge ou romancier ?

Robert Lepage au festival “Carrefour international” du Québec

par Rolf C. Hemke · visuels: Jan Rüsz

Pour les Européens, l’optimisme du théâtre canadien a presque quelque chose de naïf. Ainsi, Alain Fournier, président de l’association d’intérêts des théâtres québécois, est convaincu que le théâtre canadien va jouer, dans les prochaines années, un rôle de plus en plus important. Cette vision idyllique vient sans doute du fait que le théâtre canadien a appris à vivre avec un concurrent que les Français, les Allemands ou les Anglais, par exemple, craignent comme le diable : le cinéma. Et la biennale « Carrefour International de théâtre », qui s’est tenue au printemps dernier au Québec, a justement montré combien les liens entre la scène et l’écran étaient intenses au Canada. Robert Lepage, invité du festival, est l’une des figures de proue d’un théâtre dans lequel ont fait irruption, dès le début des années 80, des techniques multimédia.

Mythos, chef d’oeuvre en gestation

par Tim Nevill · visuels: Jan Rüsz

Parmi tous les souvenirs que nous a laissés 1968, il ne reste pas grand chose des tentatives faites par le théâtre pour changer le monde. Le Living Theatre qui, gonflé d’espoir, quittait autrefois New York pour trouver le « Paradis maintenant » (Paradise Now) n’est plus que l’ombre de lui-même depuis bien longtemps ; Grotowski, le gourou polonais du « Théâtre pauvre » et de ses rituels a abandonné les représentations publiques pour se consacrer à la recherche des sources de la créativité. Quant aux autres, ils ont succombé aux sirènes des tournées festivalières. Un seul pourtant a survécu.

Avec son Iphigénie en Tauride, Grüber a vaincu la mort

par Philippe Alexandre · visuels: Viviane Got

Cette Iphigénie en Tauride est un monumental malentendu. Impensable que le plus national des poètes allemands ait conçu cet hymne à la pureté, à la beauté, à la clémence et à la paix. Et incroyable, n’est-ce pas, que dix générations d’Allemands aient vu dans cette femme et dans ces hommes, tous également nobles, sages et vertueux, le modèle réduit d’une société idéale - bizarre synthèse de la mythologie antique, avec ses humains écrabouillés par des dieux barbares, et du siècle des Lumières annonciateur de la lutte contre Dieu et maître.

La Mère, l’exception du centenaire

par Isabelle Wirth · visuels: Beate Nelken

Dans l’ancien Berlin-Est, à quelques rues du Berliner Ensemble et de la Volksbühne, une scène indépendante se démarque des programmations parfois sans surprise. En avril dernier, le Theater 89 a battu les plus grands sur leur propre terrain : il a conquis un public rassasié d’hommages à Brecht et Eisler avec leur dixième oeuvre commune, La Mère.

Dea Loher couronnée à Mülheim

par Rolf C. Hemke · visuels: Ingolf Seidel

Le prix du festival de Mülheim, d’un montant de 20000 marks, qui récompense la meilleure pièce en langue allemande de la saison en cours, a été octroyé à Dea Loher pour sa pièce Adam Geist, créée le 29 février 1998 au Schauspielhaus de Hanovre (voir UBU n°9), dans une mise en scène d’Andreas Kriegenburg. C’est la première fois qu’un auteur de la génération 89 (Dea Loher a 34 ans et sa première pièce, Olgas Raum, date de 1990/1991) reçoit une distinction aussi importante. Et, depuis Gerling Reinshagen, lauréate en 1977, Dea Loher est la deuxième femme récompensée à Mülheim.

Ostrovski, Novossibirsk

par Irina Miagkova

A Novossibirsk, tout près du centre géographique de la Russie, se dresse l’édifice du Globe, coeur lui aussi d’un grand centre théâtral pour les enfants et la jeunesse. Un énorme répertoire (environ trente titres), une excellente troupe, une organisation moderne des spectacles attirent constamment le public de cette grande ville industrielle sibérienne.

Le Festival de théâtre d’Istanbul : une manifestation nécessaire

par Béatrice Picon-Vallin

Le Festival de théâtre d’Istanbul (19 mai–4juin 1998) a dix ans. Il est organisé par la Fondation pour la culture et les arts, indépendante du pouvoir, qui fut d’abord à l’initiative d’un premier festival généraliste, réunissant musique, jazz, cinéma et théâtre. Devant l’intérêt du public, on a progressivement séparé les domaines – d’abord le cinéma –, et cherché des sponsors : aujourd’hui, les subventions de l’Etat couvrent 12% des dépenses, la billetterie 22%, les 66% restant sont fournis par le mécénat.

Mousson d’été 98 : L’abbaye-laboratoire

par Laurent Muhleisen

L'’abbaye des Prémontrés, cadre de ce festivaluniversité d’été, porte bien son nom ; l’on y « pré-montre » des textes. Sous cette forme ramassée dans le temps, c’est en France, avec la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, l’un des seuls laboratoires de l’écriture théâtrale contemporaine. Cette année, elle s’organisait autour de trois axes : l’Amérique Latine pour les lectures de textes étrangers (Eduardo Pavlovsky, Daniel Veronese et Pedro Sedlinsky pour l’Argentine, Carlos Liscano pour l’Uruguay), les rapports du théâtre et du réel pour les ateliers, et Bernard- Marie Koltès... Des auteurs comme Christine Blondel, Mohamed Rouabhi, Gildas Milin, Philippe Malone, Pascale Lemée, Christian Rullier, Jean-Michel Rabeux et Gérard Watkins étaient également présents.

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