Entretien avec Marc Jimenez
La réception de l’art
Attention à l’art contemporain !
“Je suis Charlie » versus « Oui, mais… ”, ou la réception comme possible renaissance de la barbarie
La réception de l’art à l’ère du post-art
Que sont les valeurs de l’art devenues à l’ère du post-art ? Peut-on envisager leur remplacement définitif par des « valeurs du post-art » ? Mais le mot post-art désigne, par son préfixe, un moment après l’art qui n’est pas encore absolument émancipé de l’art. L’écart du post-art vis-à-vis de l’art est son écart à partir de l’art.
L’art avant la réception
C'est probablement, quoique pas exclusivement, à l’occasion de la réflexion artistique contemporaine sur le spectateur que les questions de réception de l’art se sont institutionnalisées, parfois en remettant au goût du jour des travaux et des explorations plus anciens. En tout cas, la notion de réception, sous sa version psychologique, sociologique et le plus souvent phénoménologique, est bien désormais centrale dans les débats sur le spectateur déployés par les médiateurs et les directeurs d’institutions culturelles. Elle est traitée comme une évidence, non sans laisser sourdre en permanence une crainte de la « mauvaise » transmission.
La réception de l’art, de l’étonnement au geste extrême
La question de la réception de l’art engage au moins deux acteurs : le producteur de l’oeuvre et celui que la reçoit. Entre le créateur et le récepteur, se situe l’oeuvre. Le récepteur peut être le lecteur, le regardeur ou l’auditeur, en fonction de la production artistique concernée. Cette notion de récepteur englobe une diversité de publics, allant du spécialiste (critique d’art, collectionneur, galeriste, représentant d’institutions, etc.) au profane (le grand public) ; ce qui sous-entend des sensibilités et des attentes différentes.
Recevoir c’est donner. La revanche de l’art
Qu’est-ce que la réception de l’art ? C’est un domaine à la fois de réflexion et de pratique culturelle : on regarde un film, on lit un livre, on visite une exposition de peinture, on va à un concert, etc., et l’on désigne toutes ces initiatives et expériences comme la réception de l’art.
L’art comme expérience festive, démocratique et aristocratique au temps des événements
Dans les années trente, John Dewey recommandait à ses collègues esthéticiens d’aller ressourcer leur conception élitiste et étriquée de l’expérience esthétique en sortant des musées pour participer aux évènements, scènes ou spectacles qui donnent aux foules le plus vif plaisir. Il distinguait entre autres : « la voiture de pompiers passant à toute allure, les machines creusant d’énormes trous dans la terre, la silhouette d’un homme, aussi minuscule qu’une mouche, escaladant la flèche du clocher, les hommes perchés dans les airs sur des poutrelles, lançant et rattrapant des tiges de métal incandescent, la grâce d’un joueur de football, la ménagère qui s’occupe de ses plantes, l’homme qui tond sa pelouse ou tisonne le bois qui brûle dans l’âtre, etc. »
Questions sur la diversification de l’art
Comment la réception de l’art s’effectue-t- elle ? Si le monde de l’art considère un objet en tant qu’oeuvre d’art, d’une manière générale cet objet sera reçu comme une oeuvre d’art. Alors, qu’est-ce que le monde de l’art ? Arthur Danto (1924-2013) le définit ainsi dans « The Artworld » : composé d’interprétations théoriques et du contexte d’une histoire de l’art, ou plus concrètement de galeristes, conservateurs, critiques ou chercheurs, avec parfois des artistes.
La réception de l’art au Sénégal
Il est reconnu que le Sénégal est un pays d’art et d’artistes. Depuis son accession à l’indépendance, en 1960, le Sénégal s’est fait remarquer dans le domaine des arts visuels et plastiques, lors de différents évènements : création de l’École des Beaux-arts en 1966, des Manufactures sénégalaises des Arts décoratifs de Thiès, anciennement Manufacture nationale de Tapisserie, elle-même issue de l’Atelier de Tapisserie, créé en 1964 par l’artiste peintre Papa Ibra Tall ; le premier Festival mondial des Arts nègres en 1966 ; l’ancien Musée Dynamique créé la même année et qui a accueilli de grands artistes, parmi lesquels Marc Chagall en 1971, Pablo Picasso en 1972, Friedensreich Hundertwasser en 1973, Pierre Soulages en 1974, Alfred Mannessier en 1976, Iba Ndiaye en 1977 ; création de la Galerie nationale d’Art en 1983 et qui a en charge l’organisation du Salon des Artistes plasticiens du Sénégal ; la Biennale de l’Art africain contemporain de Dakar en 1992 ; et le Village des Arts en 1998.
Descreen Tunisia. L’art du détramage par Aïcha Filali Variations tunisiennes sur des miniatures persanes.
En 2015, l’artiste tunisienne Aïcha Filali fait paraître un livre d’art chez Sud Éditions, l’une des plus anciennes maisons d’édition de Tunisie dont Monia Masmoudi, la fille du fondateur, feu Mohamed Masmoudi, s’emploie très activement à renforcer la filière « Livre d’art », justement.
L’image cinématographique dans le cadre du désir
Nous allons ici nous pencher sur la manière dont le spectateur reçoit l’image cinématographique. Nous pensons plus particulièrement à celle qui se rapporte à la question de ce que l’on voit, de ce que l’on montre et de ce que l’on désire voir. Situons-nous dans le concept de désir, si cher à Jacques Lacan, notamment lors du séminaire intitulé Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse (1964). Ce désir entre la présence et l’absence, dans ce cas, de l’image et de la composante de séduction qui l’entoure.
Streetwise. Remarques sur l’oeuvre publique de Desiree Palmen
L’intérêt croissant des instances publiques pour un art public invite à un réexamen de la notion du public dans le sens double, voire multiple qui traverse et travaille cette expression générique. Elle décrit une oeuvre ou une démarche artistique qui adresse ou qui implique un public en dehors de l’espace institutionnel du cube blanc, afin que, pour le dire avec Claes Oldenburg « l’art qui a si longtemps sommeillé dans des mausolées dorés et dans des cercueils de verre sorte prendre l’air, fume une cigarette, boive une bière […]"
Genèse, réception et postérité de l’oeuvre de Marcel Duchamp, Étant donnés : 1°) la chute d’eau, 2°) le gaz d’éclairage
Nous savons depuis 1969, que Marcel Duchamp élabora secrètement Étant donnés..., pendant vingt ans, entre 1946 et 1966. Duchamp signa cette oeuvre complexe en 1966, spécifiant à sa femme Teeny et à Bill Copley qu’elle ne devrait être montrée au public qu’après sa mort. Après son décès, Étant donnés… fut donc démontée, transportée et remontée au Musée de Philadelphie en trois mois à partir d’un manuel intitulé Approximation démontable. Duchamp explicitait ce titre en disant : « Par approximation, j’entends une marge ad libitum dans le démontage et le remontage »
“Entre jouissance et effroi », ou l’analyse de la réception de Dix-sept dessins « érotiques ” sur le Minotaure de Michel Rovela
En juin 2013, sollicité par l’Éducation nationale pour intervenir lors d’un séminaire organisé sur le thème « Mémoire et Éducation », Michel Rovelas affirmait : « En se comportant comme des hommes sans mémoire nous avons réussi à mieux manger, à mieux nous habiller, à assainir nos espaces de vie. Nous avons appris à apprendre. Mais aujourd’hui encore, force est de reconnaître que nous n’avons pas dit grand-chose, de nous-mêmes, ni des autres, de ce que nous sommes ».
Aimer, rejeter, comprendre, se brouiller avec
L’art, la vie, le monde, sans se voiler la face
En 2015, avec sa 12e Biennale, La Havane s’autorise à la fois l’extra et l’ordinaire
"Tu n’as rien vu à La Havane… », ne risque-t-on pas de me dire, comme se le voit dire de façon lancinante Emmanuelle Riva dans le film d’Alain Resnais Hiroshima mon amour. À quelle prétendue connaissance de la 12e Biennale une semaine passée à La Havane, du 21 au 28 mai 2015 peut-elle conduire ? Je suis parfaitement consciente du fait que « voir » n’est pas « connaître ».
Impressions de voyage : réception de l’exposition dans le contexte insulaire cubain
Résonances cubaines - Entretien avec Henri Tauliaut
Henri Tauliaut, artiste guadeloupéen, né en 1966, vit et travaille en Martinique où il enseigne au Campus Caribéen des Arts. Il fut l’un des premiers diplômés de l’École Régionale d’Arts Plastiques de la Martinique, où il obtint un DNSEP en 1992. Recherches en Esthétique a publié par le passé un entretien de cet artiste en 2002. Depuis, il a participé à de nombreuses expositions parmi lesquelles la 1ère Biennale Internationale d’Art Contemporain de Martinique (novembre 2013 – janvier 2014) et tout récemment à la 12e Biennale de Cuba (mai-juin 2015). Il réalise des performances, des installations, des vidéos. Son travail s’inscrit à la fois dans les domaines du bio-art et des arts numériques.