La vie politique n'en finit pas de mettre en cause la publication des sondages d'opinion. En France, au moment où, en 1976-1978, la gauche avait le vent en poupe, c'est la majorité de l'époque qui les dénigrait. Elle fit voter (contre l'opposition du PC et du PS) la loi du 3 juillet 1977, interdisant la publication de sondages électoraux pendant la semaine précédant un scrutin. Et M. Poniatowski affirmait au Méridional, le 26 janvier 1978 : « C'est un problème préoccupant, car les sondages risquent de peser sur l'opinion. »
Les sondages
Du bon usage des sondages
Réflexions sur la “sondomanie”
Le nombre des sondages publiés est impressionnant. En mai 1984, la Revue française des sondages, qui les recense, comptait après quatre années d'existence sa 2 000e enquête et évaluait pour l'année en cours le rythme des publications à deux par jour ! Chaque année ou presque voit le record battu.
Intentions de vote et estimations techniques, erreurs, progrès
Les sondages portant sur les intentions de vote ne constituent qu'une partie très réduite de la production des Instituts spécialisés dans l'observation de l'opinion. Mais, ils jouent un rôle stratégique. A cette occasion, ceux-ci mettent en jeu leur crédibilité puisque c'est le seul moment où la qualité de leur production peut être évaluée : vérification rapide, puisque quelques jours, voire quelques heures après la publication des chiffres, le verdict sera connu. Les élections constituent en effet la seule forme de recensement des opinions ; elles sonnent l'heure de la vérité, ce moment où le sondeur doit payer au comptant.
Petit mode d’emploi pour sondomane amateur
Comme toute drogue, le sondage exige de ceux qui en ont attrapé la passion prudence et mode d'emploi. Au-delà des classiques enseignements des manuels sur les biais éventuels dans la constitution des échantillons ou la formulation des questions, les quelques recommandations qui suivent ne se veulent que recettes et mises en garde pour apprenti sondomane.
Les “sans réponse” aux questions politiques
Se poser le problème méthodologique du traitement des sans réponse (sr) aux questions d'opinion conduit à s'interroger sur leur signification, c'est-à-dire à considérer l'absence de réponse comme une réponse ayant un sens au stimulus que constitue la question posée. En effet, comme l'ont montré de nombreuses études tant américaines que françaises, les sr ne se répartissent pas au hasard.
La jurisprudence de la Commission des sondages 1978-1984
La Commission des sondages est chargée par la loi du 19 juillet 1977 d'une double mission : étudier et proposer des règles tendant à assurer l'objectivité et la qualité des sondages ; vérifier si les sondages entrant dans le champ d'application de la loi ont été réalisés puis publiés ou diffusés conformément à la loi et aux dispositions réglementaires applicables.
Présidentialisme et sondocratie : le modèle Giscard
Les sondages ont-Us tant d'importance ? Cette question acquiert un sens très pratique lorsqu'on se la pose dans les murs mêmes de l'Elysée. Assurément, Valéry Giscard d'Estaing, comme ses prédécesseurs et son successeur, s'en serait passé, à cause notamment du caractère public donné à leurs résultats et de la publicité faite sur eux dans les médias. Hier comme aujourd'hui, une popularité montante gonfle les vents favorables, tandis qu'une popularité descendante altère le climat qui entoure le pouvoir. Le ton de la presse se modifie en conséquence et l'opinion, nourrie par elle-même, vogue au gré de ses propres inclinations.
Réflexions sur “le Parti socialiste et les sondages”
Voici quelques années nous dénoncions, avec d'autres, la sondomanie qui s'abattait sur notre pays. Depuis 1981, pour des raisons diverses, la situation s'est très sensiblement aggravée. Désormais pas une semaine, parfois pas un jour sans que l'on nous précise ici et là le tracé de l'encéphalogramme des Français. Regretter ce fait, désormais presque caricatural, ne signifie pas qu'on se range dans la cohorte des adversaires des sondages. L'auteur de l'article préfère à tout prendre les inconvénients de ce bombardement d'information, signe de démocratie, aux régimes où les seules manifestations d'opinion publique sont à la diligence du pouvoir en place. Les inconvénients des sondages ne sont que l'envers, en réduction, des avantages inestimables qu'ils offrent pour la connaissance et pour l'action.
Instituts de sondage : un club des sept fort disparate
Sept instituts de sondage publient régulièrement des enquêtes d'opinion publique dans la presse française : sofres, bva, ipsos, ifop, Louis Harris France, Faits et Opinions, et ifres (par ordre de chiffre d'affaires décroissant). Ce club n'est pas représentatif du monde des sondages. Une majorité d'instituts, et non des moindres, se limite aux études de marché. Il est également loin d'être homogène. La même technique de base est mise en œuvre avec des moyens et selon des finalités fort différents.
Enquête auprès des instituts
Inverser les rôles et enquêter auprès des enquêteurs ou, plus exactement, questionner les questionneurs, sonder les sondeurs : telle est la démarche qui nous a paru nécessaire pour mieux connaître les instituts. Nous avons donc mis au point un gros questionnaire (vingt-deux questions) envoyé aux sept instituts qui publient régulièrement des sondages politiques.
Le marketing politique : de la conviction à la séduction
Les sondages fournissent aux acteurs du jeu politique des éléments d'information ponctuels sur l'état de l'opinion ; en règle générale, cependant, ils ne leur permettent pas d'en déduire directement des stratégies politiques. Les professionnels du marketing politique proposent un service plus complet d'aide à la définition d'une stratégie et d'accompagnement des acteurs.
Remarques à propos de la valeur scientifique et des effets politiques des enquêtes d’opinion
Pour commencer, un paradoxe : il est remarquable que les mêmes qui regardent avec soupçon les sciences sociales, et, entre toutes, la sociologie accueillent avec empressement les sondages d'opinion qui en sont une forme et, il faut le dire, souvent rudimentaire pour des raisons qui ne tiennent pas du tout à la qualité des personnes chargées de les concevoir, de les réaliser et de les analyser, mais qui sont liées aux contraintes de la commande et aux pressions de l'urgence.
De Brejnev à Tchernenko et les dix-huit mois de Iouri Andropov
Pendant dix-huit ans L. I. Brejnev a été à la tête du Parti communiste de l'Union soviétique et, après les vingt-neuf ans de StaUne et les onze ans de N. S. Khrouchtchev, cette période, particulièrement longue, se caractérise par une extraordinaire stabilité politique en Union soviétique. De plus, peu d'hommes politiques soviétiques ont accumulé autant d'honneurs et de distinctions en dehors de L. I. Brejnev : quatre fois héros de l'Union soviétique, maréchal, prix Lénine de littérature, président du Présidium du Soviet suprême et président du Conseil de défense alors que l'homme, atteint par la maladie depuis 1974, avait peu de charisme personnel.