Plus belle la vie

Copier, coller, retisser : Fanny Taillandier fait le détour par la fiction pour détricoter les discours ambiants

La lutte des classes se joue aussi sur le terrain de la consommation. Avec son essai Les besoins artificiels, comment sortir du consumérisme, le sociologue démontre comment, à travers des mesures concrètes, il est possible de réduire les inégalités, de relocaliser l’économie et d’amorcer une transition écologique sans attendre le Grand Soir.

Troubles de la théâtralité

C’est une figure saillante de l’art contemporain. Après avoir hiberné dans un ours et s’être enfermé dans une pierre, Abraham Poincheval revient tout juste d’une randonnée dans les nuages. Bien malheureux ceux qui le classent parmi les « performeurs de l’extrême » avides de records. Derrière le spectaculaire, une quête intérieure et écologique qui vise la collision entre corps et matière. Si cet artiste est un sportif, c’est bien qu’il a un temps d’avance.

Peut-on compter sur Jésus pour ouvrir les ports de Méditerranée, comme Moïse l’a fait avec la Mer Rouge ? À Matera, ville troglodyte du sud de l’Italie, capitale de la culture 2019, des artistes remettent les choses au clair : la Bible est un appel à l’insurrection, et ses personnages des migrants fédérés dans une lutte décoloniale.

La musique électronique occidentale se ressource plus que jamais dans le métissage avec la jeunesse africaine. Surgi d’Ouganda, le phénomène Nyege Nyege condense tous les dilemmes politico-culturels que posent de tels hybrides, très au goût des européens. Discussion avec les principaux intéressés.

Tarente aurait dû être la capitale de cette musique traditionnelle du sud de l’Italie qui fait danser les mordus de l’araignée jusqu’à la guérison. Le marketing de ce folklore a garni bien des poches. Mais l’antique cité portuaire suffoque dans la fumée d’une usine sidérurgique : c’est aujourd’hui la « ville la plus polluée » du pays. La tarentelle peut-elle soigner le cancer ?

Depuis 15 ans, le milieu culturel marseillais vit sous assistance respiratoire : c’est la série de France 3 qui assure son cachet à tous les intermittents de la région. Mais les provençaux la trouvent trop parisienne. Pour les intellos, Plus Belle la Vie est un feuilleton abrutissant ; pour l’extrême-droite, c’est tout simplement l’avant-garde de l’islamo-gauchisme. À l’écart des considérations politiques, 10 % du pays s’y branche rituellement tous les soirs. Enquête dans la fabrique d’un divertissement populaire, ni bête ni brillant, qui a surtout le génie d’exister.

L’auteure américaine construit depuis 25 ans une œuvre dans laquelle la certitude est moins attrayante que le trouble. Alternant roman et essai, mélangeant fiction, neuroscience et psychiatrie, elle tourne jusqu’au vertige autour de la question de l’identité. Rencontre avec une grande dame de la littérature, à l’occasion de la parution de Souvenirs de l’avenir.

Pour certains réalisateurs égyptiens, notamment des femmes, la place Tahrir a été une bouffée d’air. Une fois l’émulation de 2011 retombée, alors que Abdel Fattah al-Sissi se rêve en Nasser, comment conjuguer le cinéma avec la lutte ?

De l’effet de manche à la robe pour tous, de l’oraison à l’éloquence, de la Cour au ténor : le monde du théâtre et celui de la justice ont trop d’attirances réciproques pour ne pas coucher ensemble.

Quand on va voir un spectacle, on ne laisse pas forcément son esprit divaguer. Mais un dimanche, au Théâtre de Gennevilliers, le carambolage entre deux pièces a amené une réflexion : si l’homme est un loup pour l’homme, le singe est-il l’avenir de la machine ?