Faire statue/Statue Play

Du corps immobile dans un monde en mouvement

par André-Louis Paré · visuels: Megan Rooney, Victoria Stanton, Julie Laurin, Nicole Panneton

Ayant pour thème Faire statue, le dossier de cette édition inaugure le 30e anniversaire de la revue ESPACE art actuel. Cette thématique, codirigée par Mélanie Boucher, membre du comité de rédaction, mise essentiellement sur des actes performatifs dans lesquels les artistes s’identifient corps et âme à certains aspects de la statuaire. Cette posture artistique est sans doute présente dans de nombreuses performances d’artistes contemporains, mais notre dossier rappelle également que celle-ci a souvent été mise en scène dans les années 1960-1970.

L’immobilité et ses failles dans la performance des années 1990

par Pierre Saurisse · visuels: Zhang Huan, Vanessa Beecroft, Gillian Wearing, Erwin Wurm

Si la performance adopte parfois, dès son émergence, un caractère pictural, elle sait aussi faire des incursions dans le domaine de la sculpture en lui empruntant les caractères de l’objet inanimé. Dès 1964, une performeuse, telle Yoko Ono dans Cut Piece, figée dans une pose, évoque la permanence du corps sculpté. Bien plus qu’une simple absence d’action, l’immobilité dirige l’attention sur la présence physique du corps qui se pétrifie. Alors que s’écoulent les secondes et les minutes, elle témoigne de la capacité du performeur à s’astreindre à l’absence de mouvements et à maintenir une posture.

De l’inertie pince-sans-rire du corps-sculpture

par Anna Dezeuze · visuels: Ana Navas, Dominic Watson

« La sculpture, c’est ce qui nous fait buter quand on recule pour regarder une peinture. » Le bon mot bien connu du peintre américain Ad Reinhardt met l’accent sur l’immobilité fondamentale de la sculpture, sur son inertie. Depuis les débuts de son histoire, c’est en effet cette dimension qui est mise en évidence dans les écrits sur la sculpture.

Le pouvoir du corps statufié : Emma Hamilton et Kimsooja

par Ersy Contogouris · visuels: Kimsooja, Emma Hamilton, Noël Le Mire, Tommaso Piroli

L’installation A Needle Woman (1999-2001) se compose de huit écrans sur lesquels on voit l’artiste Kimsooja, d’origine coréenne, se tenant immobile pendant que de nombreux piétons se bousculent autour d’elle. Les vidéos ont été tournées dans huit centres urbains densément peuplés : Tokyo, Shanghai, Delhi, New York, Mexico, Lagos, Le Caire et Londres. Dans chacune, elle porte un vêtement traditionnel gris et est filmée de dos, de la taille en montant, ses longs cheveux noirs lâchement noués formant une ligne droite dans son dos.

Effets de sculpture en performance : l’immobilité chez Gathie Falk et Megan Rooney

par Mélanie Boucher · visuels: Megan Rooney, David Levine, Gathie Falk,

Au printemps dernier, Skulptur Projekte Münster lançait le premier de trois numéros de sa revue Out of, qui fut créée afin d’accompagner l’édition 2017 de l’évènement présenté aux dix ans en différents endroits dans la ville de Münster, en Allemagne. Le premier numéro, intitulé « Out of Body », interrogeait la façon dont la sculpture et les projets réalisés dans l’espace public sont expérimentés à partir du paramètre du corps. Claire Bishop y signait, en ouverture, un texte qui s’amorçait par une description de la performance déléguée Private Moment (2015) de David Levine.

Nature vivante, sculptures mortes

par Camille Paulhan · visuels: Alan Sonfist

En 2008, l’artiste allemand Gregor Schneider provoqua des réactions scandalisées en déclarant qu’il souhaitait exposer dans un musée une personne décédée de mort naturelle (ou sur le point de décéder de mort naturelle). En projet depuis les années 1990, la Sterberaum [chambre de mort] de l’artiste fut réalisée puis exposée dans des institutions muséales à Innsbruck, en 2011, et à Stettin, en Pologne, l’année suivante, n’accueillant nul cadavre, mais un artiste souffrant d’une tumeur au cerveau, Gerd Gerhard Loeffler.

Corps et objet : une histoire de friction

par Jeremy Gafas · visuels: Charles Ray, Richard Serra, Markus Schinwald

On voit, sur ces deux photographies de 1973, un corps maintenu contre un mur par une planche : c’est ainsi coincé, pesant et plié en deux, que le corps de l’artiste Charles Ray s’introduit dans la sculpture. L’absence totale de tout affect, de tout mouvement, de toute narration ainsi que l’accent porté sur la corporalité – sur les articulations du corps, sur sa masse, sur la manière dont il réagit à la contrainte – marque un tournant dans la conception et l’emploi du corps humain dans l’art, peut-être déjà initié par Untitled (Standing Box) (1961) de Robert Morris : exempt de son identité de « sujet », le corps devient un simple matériau.

Dialogue et agentivité du corps immobile

par Julie Richard · visuels: Marie-Claude Gendron

La Galerie de l’Université du Québec à Montréal présentait, du 26 au 30 mai 2016, dans sa petite salle la performance, Nos Terres Louables, une action réalisée dans le cadre d’un mémoire- création par Marie-Claude Gendron, terminant un programme de maîtrise en arts visuels et médiatiques. L’œuvre s’inscrit d’ailleurs, chez l’artiste, dans une série d’interventions amorcées en 2013 au cours desquelles elle étudie des environnements et leurs contextes particuliers avec pour objectif de produire des actions misant sur la présence du corps dans l’espace extérieur ou intérieur public, suburbain ou des campagnes recluses.

Le pouvoir de l’immobilité

par Sylvie Tourangeau · visuels: Julie Laurin, Nicole Panneton, Victoria Stanton,

Faire statue est une forme d’engagement. Faire statue sous-entend que nous consentons à ce que les polarités du faire, du non-faire et du laisser-faire cohabitent, à ce que l’abandon physique et mental façonne l’état d’esprit et la nature de l’action, à ce que la conjugaison du visible avec l’invisible densifie la circulation des perceptions.

Performances invisibles : entre l’histoire et le présent

par Nicolas Rivard · visuels: Steve Giasson

Bien que cela puisse paraître paradoxal, les Performances invisibles de Steve Giasson ne sont pas passées aussi inaperçues qu’elles le suggèrent. En effet, du 7 juillet 2015 au 7 juillet 2016, tous les mardis et jeudis, cent trente énoncés performés ont été diffusés sous forme de photographies, de vidéos, de dessins et de textes sur le web et sur Facebook. Cent trente énoncés que l’artiste conceptuel a rassemblés sous le titre de Performances invisibles.

Stéphane Gilot : Le catalogue des futurs

par Emmanuelle Choquette

Derrière les portes closes du Musée de Joliette (MAJ), entre 2013 et 2015, a eu lieu une période d’importantes rénovations pour l’institution. La transformation du MAJ s’inscrit dans une réflexion plus globale sur l’évolution des musées, inévitablement confrontés aux problèmes d’espace que pose leur mission de conservation.

Abraham Cruzvillegas : Autocontusión

par Tak Pham

In the summer of 2016, Scrap Metal Gallery and Art en Valise organization invited Abraham Cruzvillegas, a Mexican conceptual artist, to install a portal of transnational experience inside their gallery located in Toronto’s Junction neighbourhood. Entitled Autocontusión, the installation referred to a unique experience and resembled emotional bruises, caused by physical displacements that are common among Toronto’s diasporic communities, including the Latino community to whom the exhibition directly addressed.

! Mediengruppe Bitnik: Welcome to Ecuador !

par Anne-Lou Vicente

Qui est qui ? Qui fait quoi, où et quand ? L’essor d’Internet et des technologies mobiles et connectées a profondément transformé notre rapport au (sa)voir et à la surveillance : à l’ère des médias numériques, des réseaux sociaux et des flux RSS, on peut connaître tout sur tout (le monde), partout, et tout le temps — ou presque.

Catherine Lescarbeau : Le Département des plantes

par François Chalifour

Catherine Lescarbeau tenait, au courant de l’été dernier, une exposition à la Fonderie Darling où elle présentait les plus récents résultats d’une exploration esthétique et critique autour de la plante de bureau, de son usage et du sens de sa présence discrète, mais insistante, dans nos environnements de travail.

Catherine Heard: Imagining Phantoms

par Linda Steer

In a darkened room, undulating bodies of flying swallows make their way through the density that is the animated image of the inside of a sculpture’s brain. Other figures flicker across the screen: butterflies, a rabbit, card players, a falling woman, windmills, various flora and fauna, poppies, the letter “M,” a king, finally ending with an embroidered flower.

Yann Pocreau : Patrimoines

par Anne-Marie Dubois

Exposition inaugurale de la rentrée à la Galerie de l’UQAM, Patrimoines de Yann Pocreau réitère une réflexion intéressée à la fois par l’immanence de la lumière mise en scène à travers les lieux et les architectures qu’elle habite, mais également à sa potentialité narrative.

Raymond Boisjoly

par Clint Burnham

Raymond Boisjoly’s new exhibition is introduced with a banner hanging outside Catriona Jeffries’ alleyway entrance. The banner reads: “AN ONGOING MODIFICATION TO PROCESSES OF TEMPORAL RECKONING.” Waves of visual distortion from individual letters render the bottom half of the plastic banner a black and white abstraction, bound by glitchy bitmap noise.

Jeffrey Poirier : Présentoir pour quelques incertitudes ornementales

par Cynthia Fecteau

Présentoir pour quelques incertitudes ornementales, la plus récente exposition de Jeffrey Poirier présentée à Regart centre en art actuel, à Lévis, marque le début d’un tout nouveau cycle de recherche sculpturale commencé à Nantes, en mai 2015, à la Galerie RDV, dans le cadre de l’échange Québec-Nantes organisé par Manif d’art.

François Mathieu : l’architecture des formes

par Bertrand Lamarche

Depuis quatre ans, à la rentrée culturelle, l’œil de Poisson accorde sa première plage d’exposition à des artistes aguerris comme Paryse Martin (2013) et Alexandre David (2014). Dans cette lignée, les deux salles du centre d’artistes étaient, en septembre, dédiées à François Mathieu.

Présence et absence au monde. Biennale nationale de sculpture contemporaine de Trois-Rivières

par Sébastien Dulude

À l’été 2016, une septième biennale de sculpture contemporaine animait de multiples lieux de Trois-Rivières, s’étendant même hors de la Mauricie en intégrant les espaces du Circa art actuel au circuit proposé. C’est fort de ce nouveau partenariat avec le lieu d’exposition montréalais que le thème « Le meilleur des mondes » se faisait découvrir du public, le 20 juin dernier, au quatrième étage du Belgo.

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