Les règles sans dessus dessous

Et s’il y avait une gélule miracle pour chaque petit tracas de la vie ? Depuis dix-sept ans, l’artiste canadienne Dana Wyse produit de fausses pilules, qu’elle vend un peu partout dans le monde. “Devenez réparateur de télévision instantanément” ; “Comprenez votre mère immédiatement, sans avoir besoin de la voir ni même de lui parler !!!” Ce sont des oeuvres de pop art, second degré, bon marché, à l’imagerie rétro et grinçante. C’est aussi une belle réflexion sur la société de consommation, qui nous vend, avec cynisme et opportunisme, du bonheur instantané. Changer la vie avec un grand verre d’eau, une drôle d’utopie ? Nous avons voulu rencontrer Dana Wyse. Bonne nouvelle, elle vit en France, ne fait pas que des gélules, et elle nous a ouvert grand les portes de son atelier!

C’est la première fois que la France livre l’une de ses ressortissantes à la justice espagnole. Arrêtée le 1er novembre, l’indépendantiste basque Aurore Martin risque douze ans de prison pour « appartenance à une organisation terroriste ». Car Madrid considère en effet que, en ayant été membre du bureau national du parti indépendantiste Batasuna et salariée du Parti communiste des terres basques, la militante appartient au « complexe terroriste » dirigé par l’organisation armée ETA.

Bienvenue à Rockaway, district du Queens, à New York. Une presqu’île longue de 17 kilomètres et large de moins d’un kilomètre, à des années-lumière de la sophistication de Manhattan. Un étrange et fascinant quartier aéré, isolé, souvent oublié, sauf l’été quand ses plages attirent les New-Yorkais. Le 30 octobre dernier, l’ouragan Sandy s’abattait sur la péninsule, détruisant à peu près tout sur son passage. Trois mois plus tard, seuls le bénévolat et la solidarité permettent aux quelque 130 000 habitants de refaire surface.

En novembre dernier, nous avions rencontré les filles de la milice du Front de libération du Nord-Mali (FLNM), à Sévaré, à la frontière entre le nord et le sud du Mali (voir Causette #29). Cécile, Aïssata et les autres attendaient leur heure de soldate, façon Désert des Tartares, afin d’aider l’armée régulière à chasser les islamistes. Début janvier, tout s’est accéléré ; la France est entrée en guerre, les bombardements sont tout proches, les islamistes aussi. Mais pour le FLNM, rien. Nos combattantes sont toujours au chômage...

Décembre 2012, Marion Larat, 25 ans, dépose plainte. Six ans plus tôt, elle a été victime d’un accident vasculaire cérébral. Le coupable – ou plutôt LA coupable – serait la pilule de 3e génération, qu’elle prenait depuis quelques mois à peine. Cette plainte a visiblement dessillé les yeux de tous : utilisatrices, médecins généralistes, gynécologues, labos et instances officielles et politiques, qui minoraient ou ignoraient les risques secondaires induits par la prise d’une contraception hormonale. La pilule serait-elle le nouveau scandale sanitaire ? Rien de bien neuf, pourtant, sous ce soleil d’hiver.

Rrrrrragnagna ! Aujourd’hui, ça va pas, car j’ai mes lunes, mes coquelicots, mon coulis, mes rougets… Les Anglais ont débarqué et Tante Berthe est là. Ma minette a le museau cassé. En un mot comme en cent : j’ai mes règles. Et croyez-moi, ce n’est pas encore tout à fait «naturel» ou «normal», dirais-je. Chassées, sanctifiées, soupçonnées, elles ont traversé notre histoire et en ont vu de toutes les couleurs. Rouge était la dominante. La femme expie le péché originel ; punie, elle perd son sang. En conséquence et en gros, les trois grandes religions la remisent au fond du jardin une semaine par mois. Et zou ! Je précise que, dans le monde, certains bordels font de même. Une délicatesse ? Non, faut pas y penser. Les règles et le sexe ne font pas bon ménage.

C’est l’histoire d’un petit village privé de ses hommes en 1851, après une révolte républicaine durement réprimée. Endeuillées, les femmes font un pacte : la première à mettre la main sur un homme le partagera avec toutes les autres. Il sera “l’Homme Semence ce titre est le témoignage posthume d’une villageoise, une certaine Violette Ailhaud. Qu’y a-t-il de vrai dans cette folle histoire ?

Je suis infirmière, j’ai 52 ans. Mes trois filles terminent leurs études à l’université, et je viens de quitter leur père – mon compagnon de trente-cinq ans – pour vivre enfin l’amour. L’amour pour la première fois de ma vie... Pourquoi ai-je tant attendu ? Par ignorance ? Pour protéger la cellule familiale ? Pour éviter les questions embarrassantes ? Je ne sais pas vraiment, mais la réalité est là : j’ai attendu une trentaine d’années pour vivre ça.

On s’amuse souvent à le chercher dans ses photos, mais, à l’origine, les performances mimétiques de Liu Bolin n’avaient rien de ludique. En 2005, alors que les autorités chinoises restructurent Pékin en vue d’accueillir les jeux Olympiques de 2008, l’atelier de cet artiste chinois de 40 ans est détruit, comme des centaines d’autres en banlieue. Il se met alors en scène dans les ruines de son ancien lieu de travail : sa protestation silencieuse commence. Tel un animal qui se fondrait dans le décor pour survivre, Liu Bolin se cache pour mieux s’exprimer. Arborant toujours un costume d’ouvrier chinois, il utilise la sculpture, la performance, le body painting et la photographie dans un même temps. Pour rendre compte de la libéralisation et des changements qui ébranlent la société chinoise contemporaine, l’artiste n’a de cesse de se camoufler avec minutie dans des lieux chargés de symboles et d’Histoire. Le camouflage devient paradoxalement une arme de visibilité et de contestation.

Élevé par deux mamans, Pablo Seban a décidé de s’engager dans le débat sur le mariage pour tous. Son audition à l’Assemblée nationale a créé le buzz sur le Net, tant on est scotché par cette forte présence… tout en sourire. Lors de notre rencontre à Toulouse, Pablo nous réservait quelques surprises supplémentaires. Portrait d’un militant protéiforme, sans oeillères et d’une redoutable efficacité.

C’est le réalisateur le plus punk de Hollywood. Le Britannique d’origine irlandaise Martin McDonagh, 42 ans, excelle dans un genre cinématographique assez rare – la comédie noire. Il sait comme nul autre mettre en scène des tueurs à gages et des voleurs de chiens. Il est même capable de transformer le rockeur Tom Waits en un psychopathe affublé d’un lapin ! Certains le comparent à Quentin Tarantino pour la violence ironique de ses films, il préfère qu’on lui parle des Clash.

Le film “Wadjda” est un événement : c’est le premier long-métrage réalisé en Arabie saoudite (où les salles de cinéma sont interdites) et par une femme, Haifaa al-Mansour. Quand on connaît la condition féminine dans ce royaume d’islam rigoriste, on se demande comment elle a réussi ce pari a priori impossible. Ça tombe bien, elle était de passage à Paris, et nous avons pu lui poser toutes les questions qui nous turlupinaient !

Avec l’exposition collective “Par nature”, le Centquatre, à Paris, invite à se laisser tromper par ses sens. On n’en croit ni ses yeux ni ses oreilles : ici, le bois chante et les pinsons jouent de la guitare électrique ! Petite déambulation à travers les oeuvres et rencontre avec Céleste Boursier Mougenot, chef d’orchestre de drôles d’oiseaux rockeurs.

Enfance massacrée en foyer, réputation de grande gueule du rap marseillais, virulence politique à gauche toute… et cette jeune artiste trentenaire rêve d’acheter de la terre pour y lancer des projets alternatifs. Alors qu’elle sort son second album, “Tout tourne autour du Soleil”, elle nous expose ses convictions, colères et projets.