Ces dernières années, une vague de romans tournant autour du thème de l’insurrection contre le pouvoir a vu le jour. Trois romans nous semblent à la fois emblématiques de cette vogue, et particulièrement intéressants à étudier : Des châteaux qui brûlent d’Arno Bertina, En guerre de François Bégaudeau et Les Renards pâles de Yannick Haenel. En effet, les partis pris littéraires adoptés par ces trois auteurs, radicalement différents, conduisent à s’interroger sur la notion de roman politique.
Crise sociale
Du roman militant au roman politique
L’écriture de la crise : entre transparence et cynisme
Comment écrire la crise ? Avec quel style, quel registre, quel point de vue ? Ces questions seraient celles des écrivains cherchant la forme littéraire la plus adaptée pour ce sujet. Mais elles concernent aussi les lecteurs qui veulent apprendre quelque chose du réel en lisant de tels ouvrages.
Le roman de la crise financière
Depuis quelques décennies, la crise financière a envahi la littérature. Des requins de Wall Street croqués par Tom Wolfe dans Le Bûcher des vanités, à l’univers du trading haute fréquence tel que le décrit Michael Lewis dans son roman Flash Boys, la représentation littéraire de la finance n’a cessé d’évoluer ces dernières années. Mais de quelle manière ?
Crise sociale et crise environnementale dans le roman
La crise sociale telle qu’elle est représentée par les écrivains est située, ou mieux, incarnée : les personnages qui subissent cette crise n’habitent pas n’importe où, n’évoluent pas dans n’importe quel environnement, ni n’importe comment. Ceci nous montre, de manière souvent incidente, que la crise sociale ne peut être séparée de la crise environnementale : la crise sociale s’incarne géographiquement, elle concerne l’organisation de l’espace, la manière de s’y mouvoir, et l’emprise sur l’environnement.
Panorama théâtral de la violence au travail
Vinaver, Richter, Schimmelpfennig, Loher, Cormann
Michel Houellebecq : le monde comme supermarché et comme déréliction
Si Michel Houellebecq est l’une des dernières étoiles de la littérature française, c’est peut-être en raison de la critique du libéralisme qui se déploie dans toute son œuvre et dont il faut comprendre la mesure. Trop souvent réduit à sa posture d’écrivain cynique et désabusé, les écrits de Houellebecq enregistrent pourtant les oscillations d’une société dont les structures sociales, économiques et religieuses sont pulvérisées.
Marc-Émile Thinez : écriture & désaliénation
Marc-Émile Thinez est l’auteur de trois livres iconoclastes dont les titres parlent de révolution et de maïs, de tweets et de dictionnaire, de castration et d’éternité. Entre ces vocables à l’association inattendue se dessine en filigrane une réflexion littéraire et sociologique. Lire Thinez revient à opérer un va-et- vient continu entre le portrait intime ou social et la mise en œuvre de la forme littéraire. Ce mouvement se noue autour de la figure du père, Jean Thinez, ouvrier, communiste et amateur de mots croisés. Si la question sociale n’est jamais abordée de manière directe, elle constitue néanmoins une toile de fond qui traverse les trois livres. Ici, l’écriture se fait le miroir fragmenté d’une crise du sujet social et du sujet-écrivain.
Entretien avec François Bégaudeau
Le parcours de François Bégaudeau est marqué par la littérature et la politique. L’auteur d’Entre les murs évite toute univocité idéologique et cherche à trouver une forme romanesque à même de dire la complexité du monde social. Son dernier roman En guerre s’attache à penser le conditionnement auquel personne n’échappe, bourgeois ou ouvrier. De même, Histoire de ta bêtise, réinvestit une forme littéraire, celle du pamphlet, pour fustiger l’arrogance morale de la bourgeoisie.
Entretien avec Marion Messina
Malgré un nom de famille évoquant la Via Appia et les rivages de la Méditerranée, Marion Messina n’a pas grandi en Italie mais dans la banlieue goudronnée de Grenoble. Fille de prolétaires bibliophiles et diplômée d’un BTS agricole, elle frappe un grand coup en publiant en 2017 Faux départ, chronique sociale intrigante que de récurrentes comparaisons avec Michel Houellebecq ne sauraient suffire à résumer.
François Beaune
Entretien
Les Misérables : métaphysique et société par Romain Debluë
Parmi l’œuvre de Victor Hugo, Les Misérables occupe une place à part. De ce livre, l’auteur disait lui-même : « le poème de la conscience humaine ». Ou encore : « espèce d’essai sur l’infini ». Que fut donc ce roman colossal — l’un des plus longs et surtout l’un des plus riches de la littérature française ? Est-il bien ce dont il a quelque apparence, à savoir un roman social ? Nous croyons qu’il est infiniment plus, et que c’est pour cette seule raison qu’il parvient à déployer sous les yeux du lecteur le tableau si profond non pas d’une mais de toute société humaine, en tant que telle.
John Steinbeck ou l’épopée de la poussière
Régulièrement classé parmi les romans américains les plus importants de la première moitié du XXe siècle, Les Raisins de la colère met en scène l’exil de milliers de fermiers de l’Oklahoma réduits à la misère par la sècheresse des sols et l’avarice des grands propriétaires terriens. Quatre-vingt ans après sa parution, l’ouvrage de John Steinbeck mérite-t-il toujours son statut de classique contemporain ?
Louis-Ferdinant Céline : diagnostiquer la crise sociale
Céline, qui étudia la médecine pour devenir « médecin des pauvres », fut un grand diagnosticien des maladies qui rongent le corps social. En dynamitant la langue, l’auteur de Mort à crédit et du Voyage au bout de la nuit incorpora dans l’écriture la rage des victimes modestes.
Les Racines de la colère, roman-photo de Vincent Jarousseau (2018)
À Denain, ville moyenne de 20 000 habitants du Nord (59), le photographe documentaire Vincent Jarousseau a mené un travail ethnographique au cours duquel il a suivi une douzaine d’habitants dans leur quotidien. Dans Les Racines de la colère (Les Arènes, 2018), il rend compte des liens entre habitants, territoires et crise économique. Ce roman-photo est un objet littéraire qui a pourtant pour but de donner accès à une connaissance géographique précise. Cet article montre donc tout ce que la littérature nous apprend de non-littéraire.
Un œil en moins de Nathalie Quintane (2018)
Des assemblées militantes place de la République au mouvement de solidarité vis-à-vis des réfugiés, Un œil en moins, de Nathalie Quintane, est une réflexion à la fois personnelle et politique sur l’engagement aujourd’hui.