Monica Bellucci

Inoubliable Norma, Tosca, Carmen, Violetta, Maria Callas (1923- 1977) a réenchanté le XXe siècle par ses interprétations éblouis- santes des grands airs d’opéra. Mais à côté de l’artiste géniale, sculptée jusque dans sa chair par une volonté infaillible, coexistait une femme abîmée par une enfance pauvre, un mariage sans amour, et une passion trahie pour le richissime Aristote Onassis. Inoubliable interprète de films qui ont marqué ces dernières décennies comme Doberman, Irréversible ou La passion du Christ, Monica Bellucci s’est prise de passion pour la cantatrice grecque en lisant ses mémoires. Touchée par la dualité entre la personnalité publique de l’artiste et la vul- nérabilité de la femme malheureuse en amour, elle est montée sur scène pour la première fois en 2019 dans un spectacle conçu avec Tom Volf au- tour de ses mémoires. Elle le reprend pour une date au théâtre du Châtelet dans une version avec orchestre. Dans ce montage de lettres et de souve- nirs, Callas se livre par la voix de son interprète seule en scène sans fard et sans filtre. Un hommage réussi au vu de la tournée internationale du spectacle.

Catherine Hiegel crée Music-hall, une pièce de Jean-Luc Lagarce dans la mise en scène de Marcial Di Fonzo Bo. “Je ne voulais pas partir en tour- née seule, là, nous sommes trois comédiens. Il y a cette ancienne vedette de music-hall et ses deux boys”, signale en riant l’ex doyenne de la Comé- die-Française. Plus sérieusement, l’anti-héroïne de Lagarce l’a bouleversée.

Son nouveau spectacle sans paroles, Make up nous emmène dans les coulisses d’un tournage de cinéma, dans un car-loge de maquillage. Burlesque et tragique à la fois !

La dernière pièce de Wajdi Mouawad, Racine carrée du verbe être, actuellement à l’affiche à la Colline crée une déflagra- tion. Cette déflagration c’est celle de la guerre qui va déraciner de son Liban natal Talyani Waqar Malik, double de Wajdi Mouawad (qu’il joue lui-même avec Jérome Kircher) et lui ou- vrir une infinité de destins possibles... Dans cette épopée em- preinte autant des univers parallèles de Murakami que des grandes tragédies antiques et shakespeariennes, on voit se dessiner un être à partir de tout ce qu'il a vécu mais aussi de tout ce qu'il n'a pas vécu. Pour Talyani (Tendresse) Wajdi Mouawad, c’est aussi une façon d’exprimer de la tendresse pour tous ces hommes qui cohabitent en lui, quels qu’ils soient, et qui lui ont permis d’être qui il est.

Avant l’enfance, la naissance... et le cataclysme qu’elle provoque. Dans Marguerite l’enchantement, l’autrice et metteuse en scène interroge le modèle parental et la construction du genre imposée par la société.

Anne-Laure Liégeois traduit des textes, signe mises en scène et scénographies, dirige sa compagnie Le Festin comme un lieu d’utopies concrètes. Le tra- vail et la lutte des classes so- ciales forment un fil rouge de son inspiration. Elle adapte le roman d’Arno Bertina, Des châteaux qui brûlent qui raconte la séquestration d’un secrétaire d’Etat, homme de gauche sou- cieux d’un modèle écologique, par des ouvriers d’une usine d’abattage de poulets promis à la délocalisation.

Deux ans après avoir joué La Visite d’Anne Berest, Lolita Chammah retrouve le théâtre du Rond-Point dans Smith & Wesson d’Alessandro Baricco. L’histoire se déroule en 1902 du côté des chutes du Nia- gara où envisage de se jeter une certaine Rachel. Cette jeune journaliste en- tend lancer un “scoop” pour ne pas être licenciée.

Comédienne et metteuse en scène éclectique, Marie Ré- mond a joué André (Agassi) et s’était distingué avec Vers Wanda, d’après le film de Barbara Loden. L’artiste s’attaque à un autre spectacle original, Delphine et Carole. Qui s’inspire du documentaire Delphine et Carole, insoumuses réalisé par Callisto Mc Nulty diffusé sur Arte. Le film témoigne de l’ami- tié entre Delphine Seyrig et Carole Roussopoulos qui ac- quiert en 1969 une Portapak, une caméra portative de Sony.

En 1981, la télé suit en direct l’entrée au Panthéon du nou- veau Président de la République François Mitterrand qui vient déposer des roses sur les tombeaux de Jean Jaurès, Jean Moulin et Victor Schoelcher sur fond de l’Ode à la Joie, dernier mouvement de la 9e symphonie de Beethoven. La même Ode choisie cinq ans plus tard pour incarner l’Hymne européen, accompagnera aussi les deux investitures du très européen Emmanuel Macron en 2017 et en 2022... C’est cette exploitation de la musique dans la mise en scène du politique qu’Emilie Rousset explore dans Playlist Politique.

En 2008, Dominique Blanc créait seule en scène La Douleur sous la direction de Patrice Chéreau. Elle la reprend dans une grande tournée sous l’œil du chorégraphe Thierry Thieû Niang. Dans ce texte autobiographique, Marguerite Duras (M) raconte comment elle a extrait son mari Robert Antelme (Robert L) des camps d’extermination aidée de son amant Dionys Mascolo (D) et de François Mitterrand (Morland).

Stanislas Nordey et Charles Berling retrouvent Pascal Rambert avec Deux Amis, un texte qu’il a écrit pour eux. Deux hommes, comédiens, amis et amants montent comme Antoine Vitez en 78 quatre pièces de Molière le Tartuffe, Dom Juan, L'École des Femmes et Le Misanthrope. On les suit dans ce projet. Pour Rambert, c’est aussi un hommage à Antoine Vitez dont il fut l’élève.

Dans Entre les lignes, seul en scène écrit pour l’ac- teur Tónan Quito avec lequel il travaille régulière- ment, Tiago Rodrigues compose une fable labyrinthique et fantastique autour de réappro- priations du personnage d’Œdipe.

Avec Pièce sans acteur(s), les deux artistes tentent de voir si et comment il est possible de faire du spectacle vivant... sans êtres vivants.

Emmanuel Noblet (Molière 2017 pour son adaptation de Réparer les vivants de Maylis de Kerangal) rend hommage à Jean-Loup Dabadie dans un spectacle joué et chanté en compagnie des chanteuses Clarika et Maissiat.

Pendant un spectacle, un magicien fait disparaître l’épouse d’un homme à la demande de son amant pour qu’ils puissent s’enfuir ensemble. Eduardo de Filippo évoque les liens entre réel et illusion dans un savant vertige.