La culture est une arme

A sauts et à gambades - Salut à Philippe Avron

par Jacques Tépahny, l'équipe de l'Association Jean Vilar · visuels: Emile Zeizig

Philippe Avron nous a quittés après un dernier tour de piste à la fois magnifique et tragique. Nous garderons le souvenir de ces spectateurs en larmes, conscients d’assister à ses adieux à la scène, à Avignon, à la vie. Dans le jardin du Théâtre des Halles qu’il a tant aimé, sous ces frondaisons où l’on se souvenait des combats d’un certain saumon, il nous a donné, l’été dernier, une leçon d’humanité et de courage, et aussi de désintéressement et d’humilité. Son sourire ne cesse de nous habiter, empreint d’une infinie tristesse en ces derniers instants de son séjour à nos côtés, mais sourire toujours juvénile, malin, pétillant, rêveur, indulgent, insolent, amical, ravageur..., tout cela à la fois et plus encore. Et puis il y avait la distinction de toute sa personne, et encore celle de sa diction, rapide, précise, nous offrant à foison des gerbes d’intelligence familière et d’une si parfaite élégance. Philippe Avron avait des élans de mémoire comme on a des élans du cœur. Cœur et mémoire étaient chez lui immenses [...] Nous lui dédions ce numéro des Cahiers Jean Vilar.

Une Maison pour Jean Vilar

par Jacques Téphany

La Maison Jean Vilar est un roman singulier dont on ne voit pas beaucoup d’équivalent dans le monde des « centres ressources ». Il s’agit d’une émotion autant que d’une idée, et tout la question est là : poursuivre l’effort sensible de ce foyer de rencontres, avoir la sensibilité du fonds Jean Vilar, sachant que nul ne peut se prévaloir d’incarner la pensée de Jean Vilar. Tant pis si on nous fait reproche de cette affirmation : cette sensibilité, nous croyons l’avoir et nous sentons qu’elle n’est pas donnée à tout le monde. Nous n’ignorons pas non plus qu’elle s’affaiblira, inéluctablement vaincue par la force des choses et du temps : un jour, le fonds Jean Vilar, forme et pensée, échappera à ses légitimités originelles pour se dissoudre dans l’immensité patrimoniale. Mais ce jour n’est pas encore arrivé [...]

Vilar, cousin, vous avez dit Vilar ?

par Jacques Lassalle

En septembre 2007, lors de la célébration du soixantième anniversaire du festival d’Avignon, Jacques Lassalle, au cours d’une soirée mémorable dans le jardin de la Maison Jean Vilar, présenta avec le concours de six acteurs de la Comédie-Française le dernier texte de Nathalie Sarraute, Ouvrez, que l’auteur, de son vivant, souhaitait qu’il portât à la scène. Au lendemain de cette représentation, nous avons demandé à Jacques Lassalle d’être candidat à la présidence de l’Association Jean Vilar, Roland Monod, envisageant lui-même de se retirer après dix années d’éminents services. Surpris, Jacques Lassalle opposa d’abord les meilleures raisons de ne pas donner suite : il n’avait jamais participé, de près ou de loin, à l’épopée de Jean Vilar et il n’appartenait pas au premier cercle de ses fidèles, sinon de ses proches ; il travaillait désormais plus souvent à l’étranger qu’en France (son prochain livre, à paraître au printemps 2011 chez P.O.L, n’aura-t-il pas pour titre, précisément, Ici moins qu’ailleurs ?). Il rappelle dans ces lignes les raisons ardentes de son engagement [...]

Le Fonds Jean Vilar : un trésor

par La rédaction · visuels: Ensemble de maquettes, affiches, costumes, éléments de déors...

Qu’est-ce que le fonds Jean Vilar ? D’abord un vaste ensemble de près de deux mille maquettes de costumes dessinées par les peintres-décorateurs de Vilar (Gischia, Pignon, Prassinos, Singier, Lagrange…), accompagnées de leurs réalisations originales telles que les spectateurs d’Avignon et du TNP ont pu les admirer, entre 1947 et 1963, sur les épaules de Gérard Philipe, Jeanne Moreau, Maria Casarès, Daniel Sorano, Philippe Noiret, Georges Wilson, Charles Denner [...]

Naissance du Fonds Jean Vilar

par Armand Delcampe

Comédien, metteur en scène, éditeur historique de Vilar – il a établi le texte de "Le théâtre, service public" et du "Mémento" pour les éditions Gallimard – Armand Delcampe raconte sa découverte des “papiers” du fondateur du Festival...

Promenade sentimentale dans le Fonds Jean Vilar

par Rodolphe Fouano · visuels: Lettres, manuscrits, collection Association Jean Vilar

A la Maison Jean Vilar, le « Fonds Jean Vilar » désigne à la fois le contenant et le contenu : les bureaux situés au-dessus de la salle voûtée de l’hôtel de Crochans, jadis investis par la direction du Festival d’Avignon, et d’autre part les archives personnelles de Vilar qui y sont conservées, c’est-à-dire à proprement parler le « Fonds » lui-même, propriété de l’Association Jean Vilar. Et c’est toujours avec émotion que, traversant la calade muni des clés au nombre de trois (à croire que toutes les clés vont par trois, à Avignon), on annonce, fier de sa métonymie, sur un ton confidentiel mâtiné d’un sens supérieur de la responsabilité et du privilège : « Je vais dans le Fonds. » [...] A lire : - Un père boutiquier-humaniste - Jean Vilar se rêvait d’abord écrivain. - La critique du théâtre de son époque. - La variété et la qualité des interlocuteurs de Vilar sont édifiantes. - Ne pas ôter la scène aux auteurs contemporains. - À qui s’adresser,avec qui communier ? - Trouver le nouveau poète. - De l’esclavage des acteurs. - Cher Jean Giono, ne dites pas : j’ai un roman en préparation... Nous, qui faisons un travail honnête au théâtre, ne nous laissez pas seuls ! - Ne pas être un directeur de musée. - Jean Vilar, petit bourgeois ! - Rendez-vous manqués avec Beckett et Cocteau. - Jean Vilar reste à la recherche de l’Auteur capable d’écrire le théâtre de son époque. - Donner au public le moyen d’être autre qu’il n’est. - Vilar pouvait-il à lui seul réussir ce que toute la société capitaliste n’était pas parvenue à produire ?

Deux inventaires pour le Fonds Jean Vilar

par Marie-Claude Billard

Vilariste

par Jean-Pierre Vincent · visuels: Agnès Varda

Symbole du “théâtre populaire”, Jean Vilar est d’abord un acteur et un régisseur, bref, un artiste. Les Français se targuent volontiers de leur histoire et de leurs gloires théâtrales. Mais il y a un revers de la médaille, dès qu’il s’agit de penser cette histoire, de l’utiliser de façon critique, et bien sûr de la transmettre. Ainsi les jeunes générations qui entrent dans le théâtre semblent parfois tomber de la lune. Pas encombrées par le passé, pas empêtrées dans la tradition, c’est un avantage, une liberté, dira-t-on ? Mais avec ce bagage, on ne va pas bien loin [...]

Besoin de Vilar ?

par Denis Guénoun

Pourquoi aurions-nous besoin de Vilar ? Pour la mémoire et l’Histoire ? Sans aucun doute. Pour l’idée du théâtre, service public – qu’il va nous falloir défendre avec acharnement, et rénover avec invention ? C’est certain. Mais il me semble entrevoir autre chose. C’est une intuition, qu’il faudrait fonder avec des connaissances plus sûres. Tout de même, voici [...]

L’utopie vilarienne

par Rodolphe Fouano (enquête)

Héros/héraut du « théâtre, service public », Jean Vilar par ses authentiques vertus ne cesse, à nos yeux, de nourrir toute réflexion autour de la place du spectacle dans la société, de contribuer à définir les enjeux sociaux et politiques du théâtre populaire, d’obliger à une élévation morale faite de désintéressement et d’un goût passionné de la responsabilité. Avec les contributions de : Coline Serreau, Jean-Marie Hordé, Nicolas Roméas, Guy-Pierre Couleau, Robert Cantarella, Christophe Barbier, Frédéric Franck, Manuel Valls, Anne Hidalgo, Stuart Seide, Alain Timar, Gérard Gelas, Jack Ralite, Martine Aubry, Daniel Bougnoux, Bernard Faivre d'Arcier, Gérard Bonal, Stanislas Nordey, François Hollande, Vincent Josse, Robert Abirached, Christian Gonon, Renaud Donnedieu de Vabres, Laurent Fleury.

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