Obama, un an après

Retour sur la fin du communisme en Pologne

par Dominique de Greef

Entretien avec Georges Mink

Ce n’est pas parce qu’il n’y a rien qu’il n’y a personne

par Marin de Viry

On pourrait être tenté de plaindre, assez platement, certains jeunes quinquagénaires ou quadras mûrs, sincères, agissants, réfl échis, d’avoir grandi dans le contexte intellectuel et social français. Trop jeunes pour avoir été de la fête en 1968, et, pour leur malheur, n’est-ce pas, ayant la tête farcie aux grilles de lecture – de Foucauld à Deleuze en passant par Derrida, Barthes, Lacan, Baudrillard, et autres – qui n’ont servi à rien.

La prudence: entre peur et liberté

par Elie Lenglart

"Le XVIIe siècle a été le siècle des mathématiques, le XVIIIe siècle celui des sciences physiques, et le XIXe celui de la biologie. Notre XXe siècle, écrit Albert Camus dans son éditorial pour la revue Combat du mois de novembre 1946, est le siècle de la peur. » Suite à la peur, il semble ne faire nul doute que notre XXIe siècle sera celui de la prudence. Car la peur, après qu’elle a frappé, laisse l’homme face à deux attitudes opposées : la prudence ou la témérité.

Le rite de l’eau

par Paul Thibaud

Une enfance au bord de ce puits, proche de la maison, de la cuisine qu’il alimente, faisant corps avec elles. Cette maçonnerie massive, la grille qu’on ouvre pour puiser, le bruit qu’elle fait quand elle retombe, et même rebondit, les margelles dont l’une est occupée par un seau de fer à bords droits (non évasés) lesté d’un poids qui l’entraînera vers le fond, le gémissement de la poulie sous la chaîne quand on retire le seau rempli, la ferronnerie en forme de berceau à quoi la poulie est suspendue. Et surtout, quand on se penche, comme attiré par un secret, une lune sombre, un miroir, un oeil noir et brillant. Au fond, l’eau est un bloc pur, calme, compact. Mais hors du puits, quand on la verse dans les seaux qui attendent sur les margelles, elle se libère, devient fluide, claire et bruissante. Y a-t-il transfiguration plus complète, plus soudaine et plus tranquille ?

Merce Cunningham: Un demi-siècle de défi pour la danse

par Isabelle Danto

Avec la disparition de Merce Cunningham, l’un des plus grands artistes américains du XXe siècle, c’est un demi-siècle de danse qui s’achève. Le chorégraphe américain aura été une des figures essentielles des nouvelles formes d’art américain apparues après Jackson Pollock, aux États-Unis comme en Europe. Il aura traversé le XXe siècle avec un art qui lui est propre en traçant la voie vers de nouvelles possibilités pour l’art chorégraphique.

Ramsar, échos d’une révolution

par Patrick de Sinety, Marianne Paul-Boncour

Alors, quel temps faisait-il à Ramsar ? – De la pluie. Du matin au soir, de la pluie ! – De la pluie… – Tout le temps ! – Ils ont eu de la pluie. Dieu soit loué ! Ah ! je vous envie.

Le renouveau de la gauche américaine

par Niels Planel

"Une France suffi t ! » C’est ainsi que le journaliste du New York Times Roger Cohen exprimait en mars dernier son insatisfaction à voir le nouveau président des États-Unis défendre un étatisme à la française. La contre-révolution initiée par Barack Obama est salutaire, écrivait-il, mais pas ses dépenses monstrueuses, qui marquent le retour en force d’un interventionnisme rarement vu en trente ans. Et de la Brookings Institution, qui se demandait : « L’Amérique est-elle la nouvelle France ?"

It’s still the economy stupid !

par Annick Steta

Depuis son entrée à la Maison-Blanche, Barack Obama ferraille sur tous les fronts. À la marche triomphale vers Washington a succédé le laborieux apprentissage de l’exercice du pouvoir. Le quarante-quatrième président des États-Unis tente de se frayer un chemin dans un champ de mines : il lui faut rassurer une population durement touchée par une crise économique d’une ampleur inédite depuis les années trente, donner suffisamment de gages à son électorat pour affronter sans trop de crainte les mid-term elections de novembre 2010, faire progresser les principaux dossiers internationaux sans produire le sentiment de sacrifier les intérêts de ses concitoyens aux exigences de ses partenaires étrangers. Bref, réussir l’impossible – et en temps limité.

Penser à la désorientation: Quelle heure est-il?

par Danielle Cohen-Levinas

Certaines questions font irruption, travaillées du dedans par une aspiration à laquelle nous sommes incapables de répondre ou que nous ne pouvons combler. Ces questions bouleversent le sujet, l’environnement, le monde, nos langues, nos cultures et traditions, notre manière de penser, de vivre, d’accueillir et de partager. Elles prennent ainsi une fonction objectivante, heuristique, et réinscrivent notre subjectivité dans une trame vrillée sur elle-même qui fait entendre les dissemblances, les antagonismes d’une histoire supposée maîtrisée sous le masque du concept qui prétend détenir la vérité, alors même que l’urgence de ces questions nous dévoile à nous-mêmes, dans notre propre intériorité.

Penser la désorientation: Etranger à toute plénitude

par Danielle Cohen-Levinas

Entretien avec Jean-Luc Nancy

Penser la désorientation: Et toujours aucun secours

par Marc Crépon

Il n’y a pas d’obstacle plus grand à la possibilité d’un être-au-monde cosmopolite que notre rapport différencié à la vulnérabilité et à la mortalité d’autrui. Être « citoyen du monde », cela veut dire, en effet, que les vivants et les morts ne se divisent pas entre un ici et un ailleurs, une proximité et un éloignement – en d’autres termes, que le soin, le secours et la médication que les premiers exigent, le deuil et les pleurs que les seconds appellent ne connaissent pas de frontières. Or rien n’est moins évident qu’une telle transcendance des appartenances.

Penser la désorientation: du sujet économique à l’homme capable

par Michaël Foessel

Par quoi sommes-nous désorientés ? Et qui est ce « nous » qui, dans la critique comme dans la revendication, ne trouve plus le moyen de renouer avec un sens univoque ? Il est probable que ces questions ont à voir avec une situation typiquement contemporaine du langage, et avec l’usage qui est fait des catégories les mieux éprouvées de la pensée politique. Si ce « nous » désorienté renvoie le plus souvent aux partisans du « progrès », de la « démocratie » et des « libertés », c’est parce que ces mots ont été partiellement démonétisés à force d’invocations. Victimes de leur généralisation à des domaines étrangers à ceux où ils furent tout d’abord élaborés, ces concepts semblent être devenus indisponibles pour des usages politiques pertinents. Comme si leur extension, devenue trop vaste, affectait la compréhension que nous pouvons en avoir.

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