Entretien avec Marc Jimenez
Art et hasard
Poétique et poïétique du hasard
Nécessité du hasard
Une certaine idiosyncrasie de la création, qui ne sait la séparer de l’idée de nécessité intérieure, tient le hasard pour signe de relâchement de l’intensité inhérente à l’intention souveraine censée produire selon un vouloir conséquent.
Science de l’art – science de l’indétermination ?
Nous voulons ici mettre en regard deux intentions extrêmes et opposées dont l’art est le lieu de rencontre. D’un côté une exigence de détermination comme l’exercice même de la rationalité propre à fonder l’être ; d’un autre côté une revendication d’indétermination comme avènement d’une liberté à l’orée du néant.
Par hasard, pur hasard, au hasard face à l’oeuvre d’art !
Les relevés méticuleux d’activités de spectatrices et spectateurs contemporains – maintenons le terme générique « spectateur » uniquement par commodité – ne décrivent-ils pas sans cesse des trajectoires contingentes ?
Hasard et authenticité
L'éparpillement et la dispersion suivent habituellement ces incontournables phases de l’existence que sont la rupture et la dislocation. Les évènements qui précèdent ces phénomènes sont innombrables, incroyablement divers, tout comme ce qui concerne les désorganisations et les destructions elles-mêmes.
Le hasard et le destin
À propos d’une séquence singulière de The Curious Case of Benjamin Button de David Fincher
Le Général Instin, le hasard à l’oeuvre
Le hasard produit les rencontres. Énoncé ainsi, le propos recèle, ou révèle immédiatement une tension, une contradiction logique. Quelque chose coince, ou grince.
De Mallarmé à Soulages, réflexions à propos d’une poïétique du hasard
Dans le n° 21 de Recherches en Esthétique, consacré à « la Réception de l’art », la conclusion d’un article, signé de Dominique Chateau, « La réception de l’art à l’ère du post-art », semblait annoncer le thème du numéro suivant, celui de ce n° 22, « Art et hasard ». Alors même qu’il publiait aux éditions L’Harmattan un livre intitulé Théorie de la fiction. Mondes possibles et logique narrative, Dominique Chateau déclarait dans cette revue : « L’autonomie de l’art résiste par la création des mondes possibles, imprévisibles, improbables, comme fait à sa manière le rêve, mais sans réaliser les mondes dans la réalité »1. Parler d’autonomie de l’art, eu égard à une réflexion portant sur la réception, c’est reconnaître que l’oeuvre, une fois achevée, échappe à son créateur. Mais la résistance dont il est ici question est aussi celle qui s’effectue au niveau de la création. Elle s’oppose à un engluement dans le réel environnant, dans le représentable connu, au profit de l’inédit, de ce qui n’a encore jamais été montré, et que l’artiste va « révéler », au sens presque photographique du terme, en rendant visible une image latente.
Dadaïsme et Surréalisme, le hasard comme catalyseur
En cette année de commémoration des cent ans du Dadaïsme revenons sur ce mouvement qui a voulu anéantir la frontière entre l’art et la vie. Le Dadaïsme incarne, de manière radicale, la dénonciation de tout ce qui a conduit à la Première Guerre mondiale.
Guerre, crise, art et hasard
Pourrait-on voir la guerre comme étant le fruit du hasard ? Éventuellement. L’Histoire nous montre que les guerres surviennent toujours après une conjoncture particulière qui, d’une certaine manière, les laissait déjà prévoir.
Le son, le silence et l’indétermination dans l’oeuvre de John Cage
Des années 1950 aux années 1970, le compositeur John Cage (1912- 1992) fit beaucoup parler de lui, le plus souvent avec indignation, ce qui n’est pas surprenant car il fut, par excellence, le musicien de la contre-culture de ces années-là. Ceci avait de quoi effrayer la majeure partie des amateurs de bonne musique dite « classique » et même des critiques musicaux plus au fait de la musique moderne. Il est vrai que John Cage se proposait de remettre en question la notion de structure musicale, c’est-à-dire la musique même.
Vers une poïétique du hasard : les fresques vivantes du Living Theatre
L'ambiguïté caractérologique souvent attribuée au hasard trouve probablement son origine dans le désir de rationaliser l’incontrôlable, propre à l’esprit humain. Ainsi, le hasard peut-il être perçu comme une force adverse immanente et sibylline, gardant jalousement les secrets de l’imprévisible, ou, a contrario, comme un puissant allié, se muant ad libitum en source féconde d’inspiration, dont artistes et créateurs peuvent librement tirer parti pour nourrir et enrichir leur pratique.
Au hasard de Fluxus, entre autres
Il peut se faire, lorsqu’on envisage de rédiger un article à plus ou moins brève échéance, que l’on rencontre dans les lectures opérées indépendamment d’un tel projet de multiples allusions au thème que l’on s’est engagé à traiter. Ainsi en va-t-il depuis quelques semaines à propos du hasard, qui affleure sans qu’on le cherche particulièrement, et se rencontre dans des contextes extrêmement variés.
Anecdoter le hasard : le geste topographique de Daniel Spoerri
Le 17 octobre 1961, à 15h47 précises, dans la chambre n° 13 de l’hôtel Carcassonne (douze mètres carrés) où il vécut de 1959 à 1964, Daniel Spoerri fixa sur une table peinte en bleu une topographie d’objets « due au hasard et au désordre »1. Né peu après qu’il eut inventé des lunettes qui pouvaient « crever les yeux » (au sens propre comme au figuré)2, ce geste créateur d’une Topographie anécdotée du hasard fut motivé par « le désir de recréer les objets à travers la mémoire au lieu de les montrer réellement »3.
L’Art génératif et le hasard
Parmi les différentes significations de l’expression « art génératif », une première distinction s’impose, c’est celle qui a trait à son usage en français ou en anglais. En français, l’expression « art génératif » signifie une création artistique généralement numérique se basant sur des algorithmes pour concevoir des oeuvres se générant elles-mêmes.
Faites vos jeux ! L’aléa ludique et ses formes de détournement
Nombreuses sont les significations que l’on prête au hasard, le qualifiant tantôt de coïncidence, d’accident, d’imprévisible, d’aléatoire, de chance. Le hasard semble échapper aux catégories clairement définies, étant à la fois ce qui ne se laisse pas résumer et un « mécanisme se comportant comme s’il avait une intention ».
Les heureux hasards de la nature : La quête de l’émotion inattendue face à la beauté des paysages antillais
Dès le XIXe siècle, les artistes romantiques Armand Budan et Joseph Coussin se passionnent pour les vues pittoresques des paysages antillais. Cette quête de l’émotion, par la surprise, s’accompagne alors de leurs cheminements dans les villes, les campagnes et les forêts de leur Guadeloupe natale.
Conversation dans la jungle
Sous la notion de hasard objectif, André Breton réhabilite une ancienne croyance selon laquelle se rencontreraient le désir humain et des forces mystérieuses agissant en vue de sa réalisation. Il s’appuie sur ses expériences personnelles, mettant en évidence des rencontres fortuites et d’étranges concordances auxquelles il est attentif.
La prégnance du hasard dans l’évolution des arts plastiques en Guadeloupe
Le hasard, étymologiquement affilié au jeu, est rationalisé au XVIIIe siècle par les philosophes des Lumières, contre l’idée de providence. Ils introduisent « l’intelligence supérieure d’un dieu horloger, architecte ou géomètre », écrit Jean Clément.
Des principes rigides balayés par des expressions spontanées et aléatoires
Les artistes modernes et contemporains considèrent que la création d’une oeuvre radicale nécessite une rupture totale avec la tradition qui la précède ; et surtout, elle doit être en contradiction avec l’ordre de la raison (à l’exception de la posture des créateurs conceptuels). Citons en exemple les principes de la composition classique, l’harmonie colorée, l’imitation du monde visible, la beauté idéalisée).
Problématiques du hasard dans l’art réunionnais
C’est une question métaphysique classique que de poser l’opposition entre hasard et nécessité. Le nécessaire est toujours défini, en gros, comme étant ce qui ne peut pas ne pas être. Pure contingence, le hasard serait alors ce qui peut être ou ne pas être. C’est la question du sens de l’univers qui est ici posée, et du même coup celle du sens de l’existence. Y a-t-il une forme de liberté face au destin ? Une marge de manoeuvre possible face au déterminisme des lois de la nature ? En fonction de leur époque, les artistes et les philosophes ont toujours plus ou moins choisi leur camp face à ce dilemme, selon qu’ils voulaient rendre visibles ou accessibles des idées éternelles et immuables ou au contraire s’inscrire dans le flux changeant des possibles. De nos jours, après la crise du fondement des mathématiques, la découverte des fractales, les défis de la physique quantique et les récents progrès en neuropsychologie, la question oriente nombre d’artistes vers de nouvelles pistes.
L’Entropîle ou le hasard comme moteur de l’oeuvre
Dans cet article, seront exposées les modalités de l’expérimentation artistique aléatoire réunie sous ce titre « Entropîle », mot valise et néologisme que j’ai inventés en 1998 et proposés aux membres de l’association de plasticiens « Sans titre » dont je faisais alors partie, pour travailler collectivement cette invention.
Sun of Success
Entretien avec Annabel Guérédrat et Henri Tauliaut
Hasard et art-thérapie : étude de cas
Le sujet mérite intérêt, car dans le quotidien des gens, la question du hasard est souvent exprimée de différentes manières. L’art accorde lui aussi une place à cette question, au regard des nombreuses productions qui en font état. La preuve en est que nous avons retrouvé plusieurs allusions au hasard en lien avec l’art dans les noms de groupes polyartistes.