Le giscardisme

Idéologie(s) de Valéry Giscard d’Estaing ?

par Maurice Robin

Y a-t-il une idéologie giscardienne ? De nombreuses formules, rapportées par X. de La Fournière en feraient douter. Lorsque Valéry Giscard d'Estaing déclare : « L'esprit de notre temps, c'est l'esprit des réalités... l'esprit centriste est la différence entre une idéologie et une analyse des réalités », on peut penser qu'il répudie cette notion. Mais cependant, Démocratie française a été écrit pour répondre à 1' « attente idéologique de nos contemporains que les idéologies classiques ne sauraient satisfaire ». On doit donc en conclure qu'à un certain point de vue il existe bien un « idéal », une idéologie du Président de la République, constituant son intime conviction et qu'il expose comme un projet ambitieux conçu pour la France.

Le libéralisme organisé ou le combat de Jacob

par Georges Laverdines

Une filiation singulière unit Jean Monnet, fondateur de la planification française au début de la IVe République, et Valéry Giscard d'Estaing, ministre libéral à l'aube de la Ve. Le premier s'est efforcé, en effet, de préparer la France au « combat de Jacob », c'est-à-dire à l'affrontement de l'économie avec d'authentiques partenaires extérieurs, libres de toute dépendance coloniale. S'il préconisait dès le Ier Plan de modernisation le relèvement de la productivité de l'économie, c'est parce qu'il prétendait ainsi l'affermir en vue de la confrontation nécessaire avec la concurrence internationale ; elle seule pouvait faire trouver à la France le ressort nécessaire pour accueillir une population active en expansion, fait sans précédent depuis le début du siècle.

Gaullisme et giscardisme

par Pierre Dabezies

Lorsque Jacques Chirac renonce de façon spectaculaire à la charge de Premier ministre pour entrer, sinon dans l'opposition au régime, du moins dans l'opposition à son maître... lorsqu'il s'éloigne de sa province pour briguer contre le candidat officiel la mairie de Paris... enfin, lorsqu'il change brutalement sur l'Europe son fusil d'épaule, l'opinion publique a tendance à voir dans ces manifestations ostentatoires, non seulement la marque d'une personnalité aux réactions parfois excessives, mais le signe d'une rivalité, le heurt de deux ambitions, les péripéties d'un affrontement entre deux hommes dont la coexistence pacifique ne pouvait guère durer.

L’opinion publique et le giscardisme. Y a-t-il un electorat giscardien ?

par Jérôme Jaffré

Singulière question de s'interroger sur l'existence de l'électorat giscardien. Le 5 mai 1974, en votant pour M. Giscard d'Estaing, 8 253 856 électeurs n'y ont-ils pas déjà répondu ? Toutefois la différence du score obtenu par le candidat à la présidence de la République (32,9 % des suffrages au premier tour) et, quatre ans plus tard, par I'udf (20,6 %) conduit à analyser la nature du giscardisme dans l'opinion publique et sa dualité dans l'électorat. Cette distinction nécessaire entre le giscardisme présidentiel et le giscardisme partisan invite à suivre les variations de leurs audiences respectives dans l'opinion avant de rechercher les raisons de leur décalage.

Ce qui a changé dans la Ve République

par Pierre Avril

En annonçant le 27 mai 1974 que son avènement ouvrait « une ère nouvelle », M. Giscard d'Estaing induisait les chroniqueurs en tentation... Une tentation à laquelle la Ve République, où « rien n'est fixe ni ne peut être présenté comme définitif », les exposait particulièrement, celle d'ériger la moindre inflexion en rupture, et de découvrir dans les péripéties ordinaires de la vie politique des changements substantiels, au risque de méconnaître les tenaces régularités qui définissent peu à peu l'identité d'un régime. Chesterton remarquait que le mot révolution désigne un mouvement qui ramène au point de départ : les innombrables « tournants » qu'a connus la Ve République au dire de ses plus pertinents observateurs (2) ne dessinent-ils pas en fin de compte un circuit où l'imprévu provient moins d'une topographie à peu près balisée que du temps qu'il fait et de la conduite des pilotes ?

Le régime a-t-il changé?

par Jacques Cadart, Bernard Chantebout, Michel Miaille, Jean Waline

Une confrontation des points de vue sur l'évolution du régime depuis 1974 nous a paru féconde. Quatre constitutionnalistes répondent donc à la même question : le régime a-t-il changé depuis 1974 ?

Le giscardisme et les libertés

par Jacques Robert

Le giscardisme... Ce fut, au départ, un style. Moins une doctrine qu'une attitude et un discours. Une façon « individualisée » de concevoir le pouvoir. Plus conforme aux attentes d'une société industrielle moderne, jeune et développée. Après la « monarchie gaullienne », une sorte de « vedettariat ». Puis vint une réflexion plus élaborée sur les servitudes et les grandeurs de la société française.

La pratique giscardienne de la politique ou l’art de l’anesthésie

par Françoise Giroud

Pourquoi entre-t-on dans le combat politique ? Le plus incertain, le plus ingrat, le plus propre à détruire chez un homme ce par quoi il se distingue d'un fauve ? Pour exercer le pouvoir. La lutte politique n'a pas d'autre objet. Et le pouvoir, en France, dans le régime de monarchie élective où nous sommes, se trouve à l'Elysée. Ailleurs, on est toujours le second de quelqu'un et U n'y a pas de Premier ministre qui, selon l'expression de Georges Pompidou, n'ait bu ce calice jusqu'à la lie.

Le parti giscardien

par Jean-Claude Colliard

Que notre système politico-institutionnel soit entré depuis 1974 dans une période de mutation est de plus en plus une évidence même si, contrairement à ce que l'on pouvait attendre, les élections de 1978, loin d'apporter une réponse claire quant au sens de l'évolution, ont pour l'essentiel enregistré le maintien des situations acquises, avec çà et là quelques simples phénomènes d'érosion ou de sédimentation.

Télévision et libéralisme. La télévision française, d’un ordre à l’autre

par Sylvie Blum

La sociologie politique étudie ordinairement les rapports de la télévision et de la politique, à travers l'analyse du comportement électoral. La télévision est alors conçue comme un intermédiaire nouveau par lequel les forces politiques traditionnelles s'affrontent. Les études concluent le plus souvent que l'influence des média n'est pas, sauf exception, dans le champ politique, déterminante. La classe politique envisage la télévision dans une perspective identique, comme un support à contrôler ou à conquérir.

La problématique giscardienne de l’alternance

par Thierry Pfister

S'il y a un thème auquel M. Valéry Giscard d'Estaing est demeuré constamment fidèle depuis son élection à la présidence de la République, en 1974, c'est celui de la décrispation. Ce discours a d'abord été accueilli avec condescendance. Il est vrai qu'il se trouvait noyé au milieu des « gadgets » du nouveau chef de l'Etat : dîner chez des Français, nouveau rythme pour La Marseillaise, autocommémoration permanente... La portée politique des propos présidentiels n'a donc pas été appréciée comme il aurait convenu.

La Haute-Volta ou le “luxe ” de la démocratie : les élections législatives et présidentielles d’avril-mai 1978

par Bernard Chérigny

L'Afrique de l'Ouest est actuellement le théâtre d'un vaste mouvement de rétrocession du pouvoir aux civils et de retour à un certain pluralisme politique. Successivement le Sénégal, la Haute-Volta, le Ghana et le Nigeria ont déjà réalisé ou sont en train d'accomplir cette reconversion vers la démocratie dans une région de l'Afrique où la Gambie apparaissait jusqu'à ces derniers temps comme l'unique survivance de 1' « Etat de partis » sous le règne uniforme de 1' « Etat partisan ». Or dans ce processus de retour en force de la démocratie, les élections voltaïques d'avril-mai 1978 ont marqué indiscutablement un tournant décisif en illustrant de la façon la plus spectaculaire, avec la mise en ballottage du général Lamizana, l'ampleur de ce courant profond de démocratisation de la vie politique africaine.

Vers un new deal en matière constitutionnelle aux Etats-Unis

par Patrick Juillard

Deux problèmes à la fois politiques et juridiques préoccupent les milieux compétents des Etats-Unis, et, de ce fait, requièrent une attention immédiate : il s'agit, d'une part, de la procédure de révision constitutionnelle, et, d'autre part, de la pratique du veto législatif. La procédure de révision constitutionnelle se trouve mise en cause à propos de la ratification par les Etats membres de la proposition d'un 27e Amendement, le fameux Equal Rights Amendment, qui interdit, tant au gouvernement fédéral qu'aux Etats membres, de porter atteinte à l'égalité entre citoyens à raison de leur sexe.

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