L’école

Les débats sur l'enseignement sont encore trop souvent caractérisés par la surestimation de ses pouvoirs. Les recherches des vingt dernières années environ ont montré que l'influence des études sur la destinée sociale des individus était très loin d'être déterminante. Le lien entre les études effectuées et les compétences réelles est fort élastique. Il en va de toute évidence de même de la personnalité, contrairement aux formules toutes faites déclarant que l'école est la cellule matricielle de la conscience.

L'école prépare mal les enfants à vivre dans la société moderne et à jouer leur rôle de citoyen. Cette fonction apparaît même comme celle qu'avec la formation professionnelle, les parents jugent, aujourd'hui, la moins bien remplie par l'école. Parallèlement, un des thèmes majeurs de l'actuelle bataille scolaire, la revendication du libre choix d'un type d'éducation cache, chez les parents, la peur d'une influence excessive, d'une mainmise des enseignants sur les systèmes de pensée et de valeurs des enfants, en particulier dans le domaine politique.

Il y a un an, une commission nationale sur la qualité de l'enseignement publiait, à l'instigation du Président Reagan, un bref rapport intitulé A Nation at Risk : The Impérative for Educational Reform. Ce rapport souleva un flot de commentaires, d'approbations, de discussions et de propositions de réformes (beaucoup d'entre elles sont appliquées actuellement). Ces réactions surprirent les membres de la commission et ceux de l'Administration Reagan qui avaient été à l'origine de cette idée.

Deux références dominent depuis de nombreuses années, en France, les débats sur les relations entre le système d'éducation et l'appareil de production. Une référence permanente à la faiblesse quantitative et qualitative de notre système de formation professionnelle. Un renvoi systématique à ce qui se passe en Allemagne où existerait au contraire une liaison organique entre l'industrie et un système de formation professionnelle valorisé et adapté structurellement aux besoins des entreprises.

Un des effets les plus intéressants de la politique d'Alain Savary sera sans doute de permettre une clarification des débats sur l'Ecole, en faisant apparaître la relative continuité de la politique éducative de la Ve République et le consensus assez large qui existe en France, concernant les problèmes éducatifs.

Dans les jours qui ont suivi la publication de mon rapport, parmi les objections, les indignations et les injures, un argument a été avancé à droite comme à gauche : ce projet ne faisait que reprendre et aggraver la néfaste « Réforme Haby ». L'ancien ministre a lui-même pris position à l'Assemblée nationale sur ce sujet. Mon projet à ses yeux ne comporterait rien de très neuf à l'exception d'un point important : l'absence de sélection à l'entrée en sixième. Il reprenait ainsi la substance d'une déclaration faite au Monde au lendemain de son départ : l'échec relatif de sa réforme résulterait d'une mauvaise interprétation ayant permis à des élèves trop faibles d'entrer en sixième.

Le baccalauréat n'est certainement pas le problème prioritaire de l'enseignement français aujourd'hui. L'opinion, pourtant, ne voit que lui : « C'est la seule chose qui intéresse les parents », disent les journalistes. Voire. En tout cas, c'est la seule dont parlent les médias. Le récent rapport sur les lycées et leurs études en apporte la confirmation : il consacrait 14 pages sur 277 au baccalauréat, et c'est pourtant sur le baccalauréat qu'ont titré les journaux, écrits ou télévisés.

Deux observations apparemment discordantes s'imposent dès l'abord à celui qui étudie le « corps » des instituteurs et des institutrices actuellement en fonction.

Après un an dans un ces de Lorraine, je fus envoyée dans une banlieue pauvre du Nord, puis en Loir-et-Cher. J'étais titulaire, mais on peut rester sur nomination provisoire pendant les deux ans qui suivent le stage de capes et pendant les deux ans qui suivent l'obtention de l'agrégation. Ce fut mon cas puisque je passai l'agrégation de lettres après avoir eu le capes d'espagnol.

Un peuple qui n'a pas de Constitution n'est pas un peuple libre. Il semble naturel d'en déduire qu'un peuple qui laisse violer sa Constitution ne l'est pas davantage. Pourtant ce n'est qu'en 1958 qu'une Constitution française a organisé un contrôle effectif de la constitutionnalité des lois. Un tel contrôle paraissait, en effet, une hérésie dans la conception française du régime représentatif dont le premier principe était la souveraineté du Parlement.

Malgré les efforts accomplis pour améliorer l'information du public, peu de citoyens savent encore qu'ils pourraient consulter chez eux l'inépuisable mine de renseignements juridiques, économiques, sociaux que constituent les réponses ministérielles aux questions des parlementaires. Combien imaginent-ils que les Assemblées du Parlement, institutions vénérables, mystérieuses et, pour beaucoup, probablement, fermées sur elles-mêmes, leur permettraient ainsi, grâce à l'informatique et à la télécommunication, de tirer directement bénéfice de l'activité de leurs représentants ?

Les sondages ont joué un rôle important dans les élections européennes du 17 juin 1984 en France. Particulièrement en amont de la campagne les partis les ont pris en compte pour construire leur stratégie et en aval où ils offrent plus que jamais un instrument privilégié d'analyse des résultats. La présente chronique ne s'étendra pas sur ce dernier point, fondamental mais largement traité par ailleurs, pour se centrer sur la campagne électorale.