81: la gauche au pouvoir

De Valéry Giscard d’Estaing à François Mitterrand : France de gauche, vote à gauche

par Jérôme Jaffré

Quand il se penchera sur le changement politique du printemps 1981, l'historien s'étonnera sans doute que la grande majorité des Français, des acteurs politiques et des observateurs aient cru si longtemps en la réélection de M. Giscard d'Estaing. Mais, pour comprendre notre étonnement, il faut revenir aux certitudes contradictoires, qui faisaient croire à la fois à un nouveau succès du Président sortant et à une élection indécise.

L’énigme Giscard

par Bernard Rideau

Il est à peine drôle de découvrir les multiples explications de la défaite de Valéry Giscard d'Estaing du 10 mai 1981, avancées avec les certitudes du savant Cosinus. Des sondeurs décrivent, à l'aide de leurs courbes, la rapide agonie du Président sortant, précipité dans le vide du haut de ses 60 % d'intentions de vote enregistrées à son crédit à l'automne 1980 jusqu'au « pitoyable » 48,24 % des suffrages exprimés obtenus au second tour. Par ailleurs, des publicitaires émus vantent les charmes séducteurs de leurs slogans qui auraient rallié à la candidature de François Mitterrand des millions de voix, oubliant que la meilleure propagande est toujours, a posteriori, celle du candidat qui gagne.

Les consultations d’avril-juin 1981 et Jacques Chirac

par Jean Charlot

Qui peut lire les arrière-pensées de Jacques Chirac et de Valéry Giscard d'Estaing dans leurs rapports changeants de 1974 à 1981 ? Chirac accuse Giscard d'avoir obstinément recherché l'éclatement et l'abaissement du gaullisme, Giscard reproche à Chirac de l'avoir délibérément trahi, ainsi que la majorité sortante, par ambition personnelle et partisane. Michel Noir n'a sans doute pas tort de penser qu'aujourd'hui les deux hommes sont irréconciliables «car,psychologiquement, ils ont franchi un seuil de rupture» (1). A qui la faute ?

L’échec communiste de juin 1981 : recul électoral ou crise hégémonique ?

par Jean Baudouin

On imagine sans peine le traumatisme vécu par les communistes à l'écoute des résultats des élections législatives de juin 1981. Revenus à un niveau d'influence électorale comparable à celui de 1936, ils ont pu avoir l'impression qu'en l'espace de deux tours de scrutin l'effort de deux générations militantes en vue d'assurer l'hégémonie indiscutée du parti sur la gauche française était brutalement réduit à néant.

Les députés socialistes

par David Hanley

Le groupe parlementaire issu des élections compte 269 députés (1). Il s'agit ici d'étudier plus précisément les élus des 14 et 21 juin 1981 (on ignorera donc les suppléants des élus devenus ministres ; encore que cela ne change guère quant aux données de fond, sinon peut-être au niveau des tendances, tel suppléant n'étant pas toujours du même courant que son ministre).

Un gouvernement présidentiel ou un gouvernement partisan ?

par Jean-Louis Quermonne

«Du Parlement... il va de soi que le pouvoir exécutif ne saurait procéder sous peine d'aboutir à cette confusion des pouvoirs dans laquelle le Gouvernement ne serait bientôt plus rien qu'un assemblage de délégations... C'est donc du chef de l'Etat, placé au-dessus des partis... que doit procéder le pouvoir exécutif» (1).

Les hommes de l’Elysée

par Samy Cohen

Y a-t-il une « manière Mitterrand » de travailler à l'Elysée, de choisir ses collaborateurs, de les utiliser (1) ? Au-delà de la fascination que les conseillers du prince exercent sur l'imaginaire collectif, l'existence de F « entourage » du Président de la République pose un problème institutionnel de fond. Dans le système de « dyarchie inégale » qu'a connue la Ve République, ces hommes constituent un des éléments importants du partage du pouvoir entre le Président et le Premier ministre. Grâce à l'information qu'ils procurent au chef de l'Etat et aux dossiers qu'Us lui préparent, ils lui donnent la possibilité d'orienter l'action gouvernementale.

Les fonctionnaires et le pouvoir politique

par François Bardos

«Chasse aux sorcières, « épuration », « noyautage politique»..., la majorité d'hier emploie les termes les plus vigoureux pour dénoncer la « terreur rose » dont, à l'en croire, seraient victimes depuis le 10 mai les fonctionnaires qui ne plaisent pas à la nouvelle majorité. Celle-ci s'estime calomniée par ces accusations : «aucune sanction n'a été prise», «la plupart des hauts fonctionnaires sont restés en place», «le Gouvernement est disposé à travailler avec tous ceux qui veulent le servir loyalement et il a agi en respectant les principes et les règles de la fonction publique »...

“Chaque institution à sa place... ” Le Président, le parti et le groupe

par Pierre Avril

Born again, comme les baptistes, la Ve République émerge du double scrutin de mai-juin 1981 ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, ce qui rend perplexe et parfois fait délirer : le sottisier politique s'est enrichi d'une expression, l'ancien régime (1), dont l'absurdité a sans doute une fonction d'exorcisme. La phase de réajustement que le régime traversait depuis 1974 vient de s'achever conformément à la logique institutionnelle que l'on résumait ainsi il y a trois ans : « le retour au suffrage universel par le jeu combiné de l'élection presidentille et de la dissolution oriente les comportements vers cette fabrication majoritaire ».

1981 : la Ve achevée. Sur dix caractéristiques du régime

par Olivier Duhamel

L'arrivée au pouvoir de gouvernants socialistes parachève, en 1981, la Ve République. La Ve République est achevée (1), même si elle doit recevoir quelques inflexions et pose encore quelques problèmes.

Les discours de fin de session dans les assemblées parlementaires sous la Ve République

par Michel Morin

La Ve République a vu la naissance d'un nouveau genre de discours parlementaire : le discours de fin de session des présidents des Assemblées. Académique dans les premières années, c'est-à-dire confiné dans la rhétorique des remerciements au Gouvernement, au personnel et à la presse, ce discours est devenu peu à peu un acte politique, attendu et commenté comme tel.

Chronique de l’opinion publique Dimensions de l’“état de grâce ”

par Olivier Duhamel, Jean-Luc Parodi

« L'homme, dans l'état... de grâce est... rendu comme semblable à Dieu » (Pascal, Pensées, VIL 434). Même laïcisé, le pouvoir issu de l'élection populaire comporte une dimension religieuse. En témoigne l'expression « état de grâce » utilisée par F. Mitterrand, au cours de sa campagne pour signifier la confiance dont bénéficie au départ le nouvel élu (1).

voir également

Le Crapouillot Drôle de droite ! · valéry giscard d'estaing · jacques chirac · raymond barre · françois léotard
#112
1993-02
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Le Crapouillot Le petit barre illustré · valéry giscard d'estaing · jacques chirac · général de gaulle
#87
1986-05
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Le Crapouillot Histoires Secrètes de la Ve · mai 68 · françois mitterrand · ve république · guerre d'algérie
#3
1968-07
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