Depuis son arrivée, en septembre dernier, au poste de directeur général, le chef français a accompli un travail de titan pour remettre sur les rails un Opéra de Tours en crise. La programmation qu’il a imaginée pour l’année 2021 est un régal pour les amateurs d’opéra français, même si le Covid-19 a eu de lourdes conséquences sur ses six premiers mois. On attend maintenant, avec impatience, une rentrée que l’on espère placée sous le signe de la renaissance, avec deux importantes nouvelles productions, dont la première sera confiée à la baguette du directeur général en personne : La Princesse jaune de Saint-Saëns, couplée avec Djamileh de Bizet, le 1er octobre ; puis La Vie parisienne, dans sa version originale en cinq actes de 1866, le 3 décembre. Laurent Campellone n’en abandonne pas pour autant sa carrière de chef invité et, à partir du 13 décembre, il sera au pupitre d’une série de représentations de Roméo et Juliette de Gounod, à l’Opéra-Comique.
Laurent Campellone
Laurent Campellone
Le Voyage d’hiver unisexe ?
En matière de lied, c’est l’Everest : une sorte de quintessence du romantisme le plus sombre. Par ces mots de Wilhelm Müller, évocateurs jusqu’à l’obsession. Par ce piano suggérant le froid, du cœur ou de la nature. Par ce chant d’une âme dévastée par l’errance, le regret d’amour, la solitude, la mort qui approche – pour le Voyageur, comme pour Schubert, un an plus tard. Longtemps, Winterreise, cycle de vingt-quatre lieder, composé en 1827, est resté l’apanage des voix masculines, jusqu’aux premières décennies du XXe siècle, quand Elena Gerhardt, puis Lotte Lehmann osèrent franchir le pas. Depuis, quelques célèbres sopranos et, surtout, mezzos ont suivi leur exemple. Opéra Magazine en a rencontré quatre : Christa Ludwig (née en 1928), Brigitte Fassbaender (née en 1939), Nathalie Stutzmann (née en 1965) et Joyce DiDonato (née en 1969), à l’occasion de la parution de l’enregistrement de celle-ci, sous étiquette Erato, le 23 avril 2021.
Le Soulier de satin devient opéra
Commandé par Stéphane Lissner dès sa nomination à la tête de l’Opéra National de Paris, le nouvel opéra de Marc-André Dalbavie, sur un livret de Raphaèle Fleury et dans une mise en scène de Stanislas Nordey, va enfin voir le jour, à l’aube du mandat de son successeur. Si l’évolution de la situation sanitaire le permet, le rideau du Palais Garnier devrait se lever, le 21 mai, sur cette adaptation de la célèbre pièce de Paul Claudel, monument du théâtre dramatique français, joué à la Comédie-Française, le 27 novembre 1943. À la fois mystique et bouffonne, inquiétante et chargée d’allégresse, cette immense fresque, difficilement représentable en raison de sa longueur (onze heures environ, réduites à cinq à la création), a pour l’occasion été condensée en un spectacle qui durera quand même six heures et cinquante minutes, deux entractes compris. Autant dire que l’on évolue dans le registre du gigantesque, avec une action déroulée sur vingt ans, dans une multitude de pays, à l’époque de la Renaissance, trente personnages confiés à douze chanteurs, et un orchestre symphonique au grand complet !
Vous avez dit musiques de scène ?
Comme d’autres compositeurs avant et après lui, Saint-Saëns s’est aventuré sur le terrain, pour tout dire assez vague, des « musiques de scène ». Un terme qui recouvre beaucoup de choses : des chœurs, des soli vocaux et instrumentaux, des morceaux symphoniques, disséminés dans des pièces de théâtre d’auteurs variés, le principe étant que la musique se plie aux exigences du texte parlé, celui-ci devant conserver la prééminence. Des chefs-d’œuvre de Sophocle, Shakespeare ou Racine aux créations aujourd’hui tombées dans l’oubli de ses contemporains, l’auteur de Samson et Dalila a régulièrement fréquenté ce genre hybride, à la fois proche et éloigné de l’opéra.
James Levine
Disparu le 9 mars dernier, à l’âge de 77 ans, le chef américain, directeur musical du Metropolitan Opera de New York pendant quarante années (1976-2016), a connu une fin de vie tragique : multiples interventions chirurgicales, à partir de 2006 ; maladie de Parkinson, diagnostiquée dès 1994, mais révélée au public seulement en 2016 ; accusations d’agressions sexuelles, qui lui valurent d’être suspendu (décembre 2017), puis licencié (mars 2018) par le Met, où il avait le titre de « directeur musical émérite ». Elle ne saurait faire oublier son exceptionnel talent, dont les générations futures pourront se faire une idée grâce à sa monumentale discographie/vidéographie.
Une bouffée d’oxygène
Filmé en 2018, The Beggar’s Opera, dirigé par William Christie et mis en scène par Robert Carsen, est une étincelante réussite.
Immortel Pergolesi
Dans une discographie aussi relevée que pléthorique, deux nouvelles versions viennent réenchanter notre écoute du célébrissime Stabat Mater, chef-d’œuvre absolu du répertoire sacré, dont on ne se lasse décidément jamais.