En français, on a pris l’habitude d’appeler improprement dièze le symbole précédant les hashtags, ces trend-topics qui alimentent le débat médiatique. Mais on a aussi importé du nouchi, l’argot d’Abidjan, le mot djèze, qui se prononce pareil et qui veut dire affaire. À mi-chemin entre le bruit du monde et les mots des gens, cette nouvelle chronique trace sa route dans ce qui nous occupe.
L’euphorie hyperpop et la facture de gaz
C’est quoi les dièzes
Jonathan Sadowsky
Maladie à part entière, caprice bourgeois occidental ou stratégie pour prescrire massivement les antidépresseurs qui font de nous de joyeux travailleurs ? Tout le monde parle de la dépression, mais personne ne s’accorde sur sa définition. Pour l’OMS, en tout cas, ce serait la principale cause de mortalité dans le monde. L’historien de la médecine Jonathan Sadowsky nous rappelle qu’une politique de la dépression existe, et qu’elle est profondément inégalitaire.
Rébecca Chaillon
Performeuse, autrice, et metteure en scène, elle s’affiche femme, gouine, grosse, noire, pro- sexe, encore un brin catho, scorpion ascendant taureau. Elle fait partie de ces artistes sans filtre, qui n’ont pas peur de « mettre à poil où on en est dans sa tête » pour nourrir la décolonisation des imaginaires. « Viandophile » assumée, elle crée des performances viscérales empreintes de punk attitude et de pop culture, de doigts d’honneur à la norme, d’humour et d’intime à connotation politique. Convaincue que la force, c’est de revendiquer sa différence plutôt que de se retrouver assigné.e.s à des fantasmes qui ne nous appartiennent pas, elle questionne sans faillir ce qu’on ingurgite, ce qui nous fait mariner, et ce qui reste à vomir ou digérer.
Hyperpop Euphoria
Roma, twst, phonewifey et Babymorocco ont un business plan : devenir d’énormes popstars. Plus ou moins musicien·ne·s, ces enfants de la mondialisation appartiennent à ce qui se fait appeler l’hyperpop, une scène née à Londres il y a 10 ans : une digestion accélérée des marqueurs de la pop reflétée au miroir de TikTok. Une invitation à l’émeute écrite en émojis. Rencontre à Londres entre le Poppers et le dessert, et entre deux gouvernements.
Oona Doherty
« C’était vous ! Je vous ai vue vous retourner plusieurs fois. D’habitude, ce sont plutôt les vieux mecs blancs qui font ça, comme pour détourner leur regard d’une vision insoutenable. » Pendant la représentation de sa dernière pièce, Lady Magma, au festival d’Avignon, nous avons surpris Oona Doherty rigoler à plusieurs reprises. S’interroger, aussi : ses interprètes, égale- ment mères, dansent-elles avec leur ego ou avec leur courage ? « C’est le courage qui produit ces mouvements étranges, sans forme précise, qui s’appuient uniquement sur l’émotion », tranche-t-elle après le spectacle. Du courage, il n’en faut pas moins à la chorégraphe, débarquée d’Irlande du Nord, qui a connu le succès avec Hard to Be Soft – A Belfast Prayer, dédié à sa ville, ses stéréotypes de classe, ses bars et ses bagarres. D’abord parce qu’elle entend, avec sa dernière pièce, mettre la question taboue de la maternité sur la table des décideurs de la culture. Ensuite, parce qu’avec Navy Blue, elle fout le bordel dans le petit monde codifié du ballet. Sans pudeur mais avec beaucoup de décence, Oona Doherty passe de la destruction à l’unisson du collectif, de la violence à la douceur, du spirituel au politique. Avec ses failles comme boussole.
Pauline Hisbacq
Le glyphosate, le dynamisme et un ballon de carignan
Pour ne pas finir noyés sous les importations de vin italiens, les Comités d’Action Viticole ont posé leur première bombe dans la région de Narbonne au début des années 1960. Ce « bras armé » des syndicats de vignerons se reforme régulièrement au gré du cours du vin, des magouilles des négociants et des contraintes environnementales. Pour un jaja ouvrier bon marché, tout le monde dit « boum ». En 2021, l’institut de la Vigne et du Vin a été saccagé. Mouvement a parlé dynamite et glyphosate avec les jeunes et les anciens, les cagoulés et les gens biens. Virée nocturne au cœur du Midi rouge.
Flaminia Paddeu
En enquêtant sur l’agriculture urbaine, d’abord à Detroit et à New York puis en banlieue parisienne, la géographe démontre que cultiver et défendre les terres maraîchères en ville – à mille lieues d’être un loisir dépolitisé – est un front avancé des luttes pour la justice alimentaire, environnementale et sociale.
Tel Aviv Terminus
Tsai Ming-Liang
Les loges du temps
Lydie Salvayre
Le monde droit dans les yeux