Monstres et révolution

Copier, coller, retisser : Fanny Taillandier fait le détour par la fiction pour détricoter les discours ambiants

Depuis 15 ans, Jean-Charles Hue erre dans les endroits où il n’a rien à faire, la caméra aux aguets de l’accident. Ses deux premiers films suivaient la communauté yéniche sur les routes d’Europe. Tijuana Bible, son dernier long-métrage, capture les fantômes, camés et vétérans, qui tournent en rond dans la ville-frontière : des gens qui lui ressemblent et partagent sa quête de l’enfance perdue.

Quelle forme donner à la colère ? Comment gagner la bataille contre le pessimisme, la paranoïa et l’apathie ambiante ? Pour l’auteur d’Un appartement sur Uranus, cela ne fait aucun doute : il faut apprendre à désirer différemment. Élevé au rang d’icône queer, le philosophe présente sa « Nouvelle histoire de la sexualité » au Centre Pompidou à la rentrée. Immersion dans une pensée ultracontemporaine du corps.

Pressée par l’ampleur de la mobilisation antiraciste, la société française entame son introspection. Dans les milieux artistiques comme ailleurs, les stéréotypes grossiers, l’invisibilisation ou l’exotisation bien-pensante vont bon train. Le plafond de verre reste permanent. Mais les institutions culturelles s’enferment dans le déni : le racisme systémique les aurait épargnées. Mouvement est allé à la rencontre de celles et ceux qui le vivent ou le décèlent dans les cercles « humanistes » de la création contemporaine.

Dans les Alpes-de-Haute-Provence, son spectre délie les bourses et déchaîne les passions. L’écrivain de Manosque a la cote. Transformé en argument marketing, il devient le fer de lance du tourisme littéraire ; ou comment rendre attractif un territoire par la littérature. Mais qui peut légitimement porter la voix d’un romancier défunt ?

Pourquoi demande au spectacle de se réinventer si les idées sont déjà là ?

En plein confinement, le gouvernement albanais a ordonné la destruction du Théâtre national de Tirana. Le bâtiment d’inspiration mussolinienne était occupé depuis deux ans par des artistes et des défenseurs du patrimoine. Ils dénoncent la collusion supposée entre les magnats de l’immobilier et le Premier ministre Edi Rama, un plasticien salué dans le monde entier.

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Pour les peuples avec lesquels l’anthropologue travaille depuis 15 ans de part et d’autre du détroit de Béring, l’effondrement n’est pas une chimère : ils l’ont déjà vécu. Pour résister et se réinventer, les Gwich’in d’Alaska et les Even du Kamchatka puisent dans leur pensée animiste.

Le goût de la terre cuite lui est venu dans une ferme des Catskill, au nord de New York, alors qu’elle produisait des contenants pour les pâtés de ses amis artistes. Aujourd’hui, ses céramiques hébergent des cultures bactériales de kéfir et d’olives dans les galeries d’art contem- porain. Rencontre autour d’une belle tambouille à Saint- Quentin-La-Poterie.

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La collaboration d’artistes d’avant-garde avec le régime nazi reste encore taboue, en France comme en Allemagne. À partir d’une photo d’époque chinée aux puces de Saint-Ouen, Nicolas Villodre revient sur les relations de la chorégraphe Irène Popard avec le gouvernement vichyste.

Chorégraphe et performeuse, Ondine Cloez a aussi la main verte. C’est en cherchant des astuces de jardinage qu’elle tombe un jour sur un drôle de recueil, daté du XIIIe siècle, nous enseignant « l’art de garder la santé ». Rester propre, garder les yeux ouverts ou même soigner sa gueule de bois : l’artiste nous livre ici trois conseils pour tenir bon dans une époque qui, entre révolte et épidémie, a plus en commun avec le Moyen-Âge qu’on ne le croit.