Sauve qui peut

Un régime sanguinaire, des geôliers tortionnaires, des centaines de milliers de personnes détenues ou disparues : tel est le bilan d’un pays en guerre depuis neuf ans et dont un quart de la population vit aujourd’hui à l’étranger. Chez ces Syriens en exil, anciens prisonniers ou proches de victimes, la soif de justice est impossible à étancher. Quand les juridictions internationales se déclarent incompétentes, reste un levier : la compétence universelle des États. Avocats déterminés, informaticiens acharnés, anciens détenus torturés... une poignée d’hommes et de femmes se sont lancés corps et âme dans ce combat contre l’impunité.

Pendant des mois voire des années, ils ont vécu l’horreur des prisons du régime syrien. Une fois libérés, les survivants en exil craignent de recroiser ceux qui les ont torturés.

La création d’un parc national, l’arrêt de centrales polluantes, l’interdiction d’une mine à ciel ouvert... Pour la santé et l’environnement, ce sont de bonnes nouvelles. Aux yeux des entreprises, ces mesures sont au contraire synonymes de manque à gagner ou d’opportunités ratées. Lorsque la législation d’un pays menace leur rentabilité, les plus puissantes peuvent riposter. Dans l’ambiance feutrée de tribunaux d’un genre particulier, une justice taillée sur mesure défend les intérêts privés. Dans ce monde parallèle, on ne se réfère pas aux textes de loi mais aux accords de libre-échange, le rôle du juge est endossé par des avocats d’affaires et les multinationales dictent la conduite des États.

Si certains verbes suivent sagement les règles, «aller» n’est pas de ce groupe-là. L’un des verbes les plus courants de la langue française est aussi l’un des plus irréguliers. La faute à une étymologie à en perdre son latin.

Madrid, 23 février 1981, 18 h 23. Les députés espagnols sont en plein vote quand la garde civile pénètre dans l’hémicycle. « Tout le monde au sol ! » Des balles claquent au plafond. Le lieutenant-colonel Antonio Tejero monte au perchoir et pointe son arme sur les députés. Manuel Pérez Barriopedro prend le cliché qui va résumer la tentative de coup d’État.

La fin d'un monde

Un monument du cinéma qui se penche sur un monstre sacré du rock pour raconter une tournée de légende : il n’en fallait pas plus à notre dessinateur subjugué pour se laisser berner.

« Vous étiez mon entraîneur. Je venais d’avoir quinze ans. Et vous m’avez violée. Vous avez détruit ma vie.» Dans Un si long silence, paru chez Plon en janvier 2020, l’ex-patineuse Sarah Abitbol raconte les viols dont elle a été victime de 1990 à 1992. Pour «balayer la honte, la faire changer de camp», mais aussi «pour dénoncer le monde sportif qui a protégé [son agresseur] et [le] protège encore». Comme elle, des centaines d’enfants et d’adolescents ont été victimes de l’omerta qui règne dans le milieu du sport. Gym, foot, judo ou tir à l’arc: deux journalistes ont enquêté pendant des mois sur les dysfonctionnements des clubs, des fédérations et des services de l’État.

Des licences bloquées, des éducateurs suspendus, des familles qui se portent parties civiles... La révélation de 77 affaires de violences sexuelles dans le sport a déclenché des réactions en cascade pour briser l’omerta et mettre fin à l’impunité.

Ce n’est pas le ciel qui leur tombe sur la tête mais le sol qui se dérobe sous leurs pieds. En Arctique, les communautés autochtones voient le monde qu’elles connaissaient disparaître sous leurs yeux. Pour ne rien arranger, le pôle Nord, ce grand climatiseur du globe, est désormais la cible des pétroliers.

À chaque passage au péage, l’automobiliste serre les dents : il sait qu’il est le pion d’un jeu de dupes où toute le monde est perdant, hormis les sociétés autoroutières. Payé par l’impôt pendant des décennies, le ruban alimente aujourd’hui les profits mirifiques de géants du BTP. Il y a quinze ans, l’État s’est privé d’une manne qu’il ne parvient plus à récupérer. À chaque fois qu’un gouvernement tente de faire plier les sociétés, il bute sur des contrats de concessions qui l’engagent jusqu’en 2036. Et, régulièrement, la facture augmente pour les usagers. À l’heure où l’Espagne s’apprête à renationaliser ses autoroutes, la France se débat toujours dans un piège qu’elle a méticuleusement fabriqué.

En 2036, les contrats arriveront à leur terme et l’État devrait reprendre la main sur ses autoroutes. Sauf s’il décide de prolonger les concessions. Entre rente perpétuelle, reprise en main musclée ou déploiement des péages sur le reste du réseau routier, tour d’horizon des scénarios.

Le hackeur Rui Pinto est-il un criminel ou un lanceur d’alerte ? Quel que soit le verdict des juges, les données qu’il a fait fuiter auront permis de dévoiler le côté obscur du plus populaire des sports : des joueurs fichés selon leur couleur de peau et de l’évasion fiscale par millions d’euros.

«Cet endroit est complètement dingue. Ils sont tous dingues. Il y a de l’herbe partout. Il y a du fric partout. Il y a un esprit bandit, un truc vraiment bizarre que j’essaie d’appréhender.» Lorsqu’il commence son immersion chez les cultivateurs de cannabis californiens, notre dessinateur ne sait pas ce qu’il va y trouver. Installé pendant plusieurs semaines dans un mobil-home avec deux ouvriers agricoles, il découvre un territoire sans foi ni loi. En Californie, l’usage récréatif du cannabis a beau être légal depuis 2018, pour échapper aux normes et aux impôts, la plupart des cultivateurs continuent à mener des vies hors la loi. Plongée dans une communauté qui n’obéit qu’aux règles qu’elle s’est fixées.