Nasser

Le Caire, huit heures du soir, le 21 octobre 1967 :je suis assis à côté de Nasser dans le salon de sa résidence. Voilà une demi-heure que nous parlons. Le Directeur des affaires privées entre, tend à Gamai Abdel Nasser un petit papier blanc, avec une note manuscrite. C'est la nouvelle d'un « combat naval» : les fusées égyptiennes ont coulé le destroyer israélien Eilath. Ici le calme, demain le monde en rumeur et les rives du canal en feu. Nasser enchaîne. Palestine : « Les Juifs sont nos cousins. Vous avons cohabité pendant des siècles. Nous pouvons vivre ensemble dans une maison. Mais personne ne peut prendre la maison tout entière et en chasser les autres. »

Argentin, le Docteur Ernesto Guevera, commandant de l'armée cubaine, est mort en Bolivie d'avoir tracé la voie que suivront demain les peuples d'Amérique Latine.

La majesté de la justice bolivienne a donc fait son œuvre : Régis Debray a été convaincu de rébellion, d'assassinat, de blessures volontaires et de vol. Après le verdict, sa vie est toujours en danger : innombrables sont les prisonniers politiques qui meurent dans les geôles d'Amérique latine.

Bombes à billes et missiles à fragmentation sur Hanoi, bombes à billes, roquettes et fusées air-sol sur la base viêtnamienne de Phuc- en : l'armée de l'air américaine, l'aéronavale, l'aviation des «marines» font face aux Migs et à une D.C.A. intense.

Le 11 août au matin, le colonel Ha Van Lau, l'un des responsables de la Commission vietnamienne d'enquête contre les crimes de guerre américains, surgit au moment où je m'apprête à sortir pour rejoindre mon poste d'observation sur la digue : « Pham Van Dong vous attend, ainsi que les autres membres de la commission Rüssel ».

Les lecteurs de L'événement ne s'étonneront pas que ce soit à Besançon que Chris Marker ait choisi de présenter la première européenne de Loin du Viêt-nam, film d'Alain Resnais, William Klein, Joris Ivens, Agnès Varda, Jean-Luc Godard, Claude Lelouch. Organisée par le C.C.P.P.O. (Voir L'évément n° 15, avril 1967), cette première a eu lieu « en hommage à la grève de la Rhodia. »

511.000 étudiants aux portes des facultés. Les doyens débordés, incapables de les accueillir faute de locaux, de professeurs, d'assistants, proposent des solutions contradictoires. Malgré le plan Fouchet, on recherche des expédients. Les chantiers, le désordre, l'impréparation de la rentrée lyonnaise sont exemplaires dans leur banalité.

Le congrès annuel d'Interpol s'est tenu en octobre à Kyoto. Devant les progrès de la criminalité le flair du commissaire Maigret ne suffit plus. Le policier doit se faire aujourd'hui chimiste, anatomiste, physicien. K. Archibald a rencontré le professeur Ceccaldi, directeur de l'Identité judiciaire, de retour du Japon.

Le 18 octobre, Vénus IV a atteint les confins de l'atmosphère vénusienne. La réussite de l'expérience soviétique a exigé la marche sans défaillance d'une multitude d'appareils mécaniques, électroniques et chimiques. C'est un exploit : les informations recueillies sont précieuses. Deux questions demeurent:existe-t-il des êtres vivants sur la planète ? des cosmonautes pourront-ils un jour s'y promener ?

Les automobiles font les Français cocus, battus et très contents. Pour aller au dernier Salon, on affrontait les routes meurtrières, les embouteillages malsains, la quête éternelle d'un stationnement limité, la cohue et les odeurs sui gèneris d'une kermesse.

« Alors, Monsieur le Ministre, ils manifestent, ils incendient ? Qu'est-ce 'qu'ils veulent ? », dit le général de Gaulle. Endettement, modernisation, production accrue, Marché Commun, concurrence, effondrement des cours : le malaise est général dans l'agriculture française. Trop longtemps protégées artificiellement, repliées sur elles-mêmes, les paysanneries sont contraintes d'accomplir aujourd'hui une mutation difficile à laquelle personne ne les a préparées.

« Alors, Monsieur le Ministre, ils manifestent, ils incendient ? Qu'est-ce 'qu'ils veulent ? », dit le général de Gaulle. Endettement, modernisation, production accrue, Marché Commun, concurrence, effondrement des cours : le malaise est général dans l'agriculture française. Trop longtemps protégées artificiellement, repliées sur elles-mêmes, les paysanneries sont contraintes d'accomplir aujourd'hui une mutation difficile à laquelle personne ne les a préparées.

De la chute du Maréchal Mac Mahon à l'ascension du Maréchal Pétain, il s'écoule 69 ans. La France s'endort avec complaisance dans de vieilles structures sociales. L'agriculture «quitte la route quimonte pour prendre celle qui descend ».

L'agriculture n'est pas homogène, on ne peut pas parler de « la paysannerie ». Il y a des paysan- neries dont l'importance varie selon les régions et les intérêts. Cette constatation s'est imposée à tous ceux qui ont analysé l'évolution du secteur agricole ou l'histoire récente des mouvements ruraux.

Dans un an, les Halles de Paris vont être transférées à Rungis : au centre même de la capitale, un vaste quartier sera disponible. C'est une chance historique unique qui donne à Paris un immense avantage sur les autres métropoles.Va-t-on la saisir, faire des Halles un centre-ville ou un quartier banal ? Des architectes exposent ici leurs craintes.