Le silence

En mars dernier, plusieurs journalistes et critiques culturel·les montréalais·es recevaient une invitation hors-norme. On les conviait à assister à une représentation du spectacle Pas perdus / documentaires scéniques d’Anaïs Barbeau-Lavalette et Émile Proulx-Cloutier au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, en les priant de ne pas dévoiler, dans leurs articles ou comptes rendus, le lien unissant les personnages qui allaient leur être présentés. En d’autres mots : « Parlez de notre spectacle, mais ne dites pas de quoi le spectacle parle. »

Dans des films comme La Passion de Jeanne d’Arc de Dreyer ou Persona de Bergman, la parole est rare, voire absente. Des émotions très fortes passent par les gestes, les regards, les mouvements. Comment ces cinéastes réussissent-ils à communiquer des sentiments si riches et complexes dans le silence ? La réponse est simple : ce sont d’abord de grands connaisseurs du théâtre. Ils ont appris à manier le silence théâtral et ont transposé ces techniques au cinéma.

Sur scène comme dans la vie, la lutte féministe habite les esprits et teinte la voix de bien des dramaturges. Portant chacune son propre bagage humain et professionnel, Phara Thibault et Nathalie Doummar sont de jeunes artistes qui prennent part à la conversation. Leurs mots sont l’écho d’expériences, de réalités et d’espoirs intimement liés à leurs identités.

Il est partout et nulle part à la fois. Il peut s’avérer apaisant ou douloureux, bénéfique ou cruel, empreint de compassion ou de trahison. Il fait rire et pleurer. Il est parfois nécessaire, parfois blessant. Au théâtre, il s’immisce, s’impose. Il est grandiose et discret à la fois, intime mais rassembleur. Vertigineux. Complexe. Le silence est inévitable.

Loin de n’être qu’au service de la parole ou de ne s’avérer qu’un langage de second ordre, le silence, au théâtre, est un lieu de tensions entre dit, non-dit, non-verbal et sous-texte. Il met en évidence tous ces éléments constitutifs du discours et leurs subtilités. Grâce à un·e interprète qui raconte par sa simple présence, il devient alors un protagoniste.

Le silence au théâtre explore, dans sa grande diversité de textures, la matière des mots et des sons. Du non-dit au non-sens, de l’ellipse au contrepoint, il crée du sens en ciselant la réplique et l’intonation, en étoffant les ruptures et en révélant l’absurdité de la communication humaine. Plongée dans l’histoire discrète d’un élément de dialogue devenu fonction narrative à part entière.

Mime, comédienne, metteure en scène, conseillère au mouvement et professeure, Francine Alepin se consacre au théâtre corporel depuis plus de 40 ans. Jeu s’est entretenu avec elle à propos de la place qu’occupe le mime sur la scène théâtrale contemporaine et de la relation que cette discipline cultive avec le silence.

Que nous tentions de le considérer dans sa dramaturgie textuelle ou scénique, le silence se déplace, oriente, structure et constitue une part essentielle de l’art théâtral. Encadré et discuté dès le 18e siècle, il a subi, au cours des dernières décennies, une métamorphose progressive, que la polémique survenue au Festival d’Avignon en 2005 a su mettre en lumière.

Danse expressionniste aux prémices multiples, le buto est un cri muet qui retentit à travers le monde et remue les formes scéniques de l’intérieur. Exploration sommaire de ses origines et de ses applications contemporaines.

Le silence au théâtre est à double tranchant. Il y a celui qui rythme, qui découpe, qui apaise ou qui panse — le silence de l’écriture, des regards, des mouvements, des possibles, le silence ouvert. Puis, dans les pénombres, on trouve le silence sous les roches, le silence forcé, celui de celles et de ceux qui n’ont pas leur mot à dire. Au théâtre, il faut apprendre le silence, mais aussi le désapprendre, en dénouant les mailles d’un filet vieux comme le monde.

Photographe attitrée des couvertures de notre revue, la créatrice de tant de portraits d’artistes exceptionnels et de clichés spectaculaires en a sélectionné quelques-uns, qui lui inspirent des réflexions sur son travail.

Le mythe constitue un territoire intangible, qui a enfanté et nourri les créations artistiques, a encouragé l’incubation locale et la dissémination de symboles que l’on dit aujourd’hui universels. Influenceur primordial au théâtre, dans l’écriture comme dans le jeu et l’esthétique scénographique, il reste confiné dans l’ombre. Mais il proteste, saute les frontières pour se manifester là où il peut encore se faire une place et unir ce qui est séparé, à savoir: la mémoire et l’action, le langage et la langue.

Les expériences de représentations théâtrales adaptées pour les enfants vivant avec un trouble du spectre de l’autisme ou les personnes neurodivergentes font l’objet de beaucoup d’attention dans un lieu comme L’Arrière Scène, mais ne semblent pas se répandre aussi rapidement qu’on le souhaiterait. Le sujet soulève quelques questions.

En 27 ans d’existence, tant d’audacieux spectacles d’ici et d’ailleurs ont fait vibrer les murs de l’UsineC, cette ancienne usine de confiture convertie en lieu phare de la création contemporaine! Avec la passation du flambeau de Danièle de Fontenay à Angela Konrad, qui prend la barre en septembre 2022, l’heure est au bilan. Au moment où Vernon Subutex 1 ravissait un public comblé, nous avons rencontré ces deux femmes de théâtre habitées d’un même amour pour les œuvres qui parlent de notre monde en mutation.

Événement d’envergure dans la ville à dimension humaine de Craiova, en Roumanie, le bisannuel Festival international Shakespeare tenait sa 13e édition en mai 2022. Ce retour postpandémique de la manifestation proposait une programmation touffue mais inégale, où les œuvres d’artistes chevronné·es côtoyaient le travail prometteur de la jeunesse.