«Chaque être humain, même l'artiste le plus marginal, est intégré dans un processus économique. Ma contribution personnelle, dans ce contexte, est d'avoir défini la notion élargie de l'art. Je propose une interprétation anthropologique de l'art qui ne se limite pas à la peinture, la sculpture, la littérature, la musique ou la danse - mais qui ENGLOBE tout le champ du travail humain: Car une démocratie véritable commence, à mes yeux, par une libération des lieux de travail par L'AUTOGESTION - que ce soient des lieux culturels tels qu'écoles, universités, presse, radio, etc. ou des entreprises économiques libres, productrices de biens matériels.» «Un monde primaire signifie en premier lieu un intérêt pour démarrer d'un point de vue réellement élémentaire. On peut dire que cela implique en même temps l'idée d'un monde primaire et l'idée d'un point de départ d'une vue de l'histoire en tant que processus global dévolution de l'humanité. Cela signifie en même temps un intérêt pour le passé avec le retour à un point de développement de l'histoire et un intérêt pour le présent et même pour le futur»
Numéro 31
Joseph Beuys (1921-1986). Biographie
Vidéo Femmes:Collective création
Comment définir, comment expliquer ce groupe qu'est Vidéo Femmes? Comment rendre compte d'un travail et d'une évolution qui s'échelonnent sur déjà douze ans d'existence? Plutôt qu'un texte sur l'historique, j'ai préféré donner un témoignage; écrire ma perception sur l'équipée fantastique dont je fais partie depuis plus de cinq ans. Donc, j'entre dans la salle, il y fait noir, trois écrans sont allumés. Des femmes racontent, d'autres écoutent. On applaudit avec émotion pendant que le vidéo se termine en musique sur les noms de celles qui ont créé et travaillé a cette production vidéo. Une femme anime une discussion dans laquelle s'impliquent les gens de la salle. Il y a des pour, des contre, des arguments. Nous sommes dans la salle des Chevaliers de Colomb pour le deuxième Festival de films et vidéos de femmes organisé par Vidéo Femmes. C'est notre première rencontre. J'ai été invitée à présenter ma toute première production vidéo qui parle de l'image des femmes à travers la publicité. L'accueil est chaleureux. Les filles de Vidéo Femmes m'inviteront à rester. Quelques temps plus tard, je ferai partie de ce collectif de production et de distribution.
Le moment télématique
La télécommunication par ordinateurs (l'utilisation de réseaux) permet l'interaction et la collaboration entre artistes qui peuvent être séparés par de longues distances et de nombreux fuseaux horaires. Grâce à des terminaux portatifs, nous avons la possibilité de communiquer par ligne téléphonique avec un ordinateur central. La mémoire de l'ordinateur, par laquelle cheminent nos textes / images, et dans laquelle ils sont emmagasinés, et auxquelles nous avons sans cesse accès à n'importe quel moment du jour ou de la nuit, est la mémoire d'une machine complexe qui est absolument tributaire de la logique pour effectuer ses opérations. La tâche de l'artiste lorsqu'il exploite tout le potentiel de ce système vaste et hautement organisé, est de contredire cette logique à chaque occasion: rendre le traitement effectué par l'ordinateur, dans le sens le plus optimiste et productif du terme, schizophrène. Étant donné que l'ordinateur imite l'homme dans sa capacité de se souvenir et de retrouver de l'information par association, nous devons donc forcer son système d'une manière créative pour distortionner et violer les lois de sa logique, dans la création de rêves, d'allusions, de références, de métaphores et de paradoxes. C'est la poétique de l'utilisation de réseaux que nous recherchons.
Vu (es) en Abitibi
LE FESTIVAL DE CINÉMA EN ABITIBI-TÉMISCAMINGUE À Rouyn-Noranda, le Festival de cinéma est d'abord prétexte. Au carnaval d'hiver, on a préféré la fête de l'Image. Ici, l'écran de cinéma n'occupe finalement que la place qui lui revient: une matière à animer, mais surtout une matière à discuter, à habiter. Même à Berlin, même à Avignon on ne retrouve pas cette atmosphère. C'est qu'en Abitibi, le Festival n'a pas d'abord un objectif commercial. Le concept même de son organisation relève plutôt de l'hologramme que de l'événement cinématographique. Le dosage permet de voir les dernières créations américaines et européennes, mais il donne beaucoup d'écran au Québec et à la région. A la limite, le contenu est secondaire. L'Abitibi vit de plus en plus par l'écran: télé et magnétoscope. Son rapport au monde, d'Idéal qu'il était lors des trois vagues successives de colonisation et de développement, est devenu Idéel. Ce transfert de perception n'est pas propre à cette région, mais II est d'autant plus percutant en Abitibi que les autres formes d'activités artistiques sont minces. Les arts de scène sont maintenant plus présents depuis qu'on a un centre culturel dans les trois principales villes, mais parallèlement les salles de cinéma fermaient. On en compte maintenant deux dans toute la région. C'est dire que l'Illusion de l'Image animée est devenue encore plus ténue, plus Immatérielle depuis qu'elle se confine au petit écran. Par la force, l'Abitibi devient une télévore effrénée. C'est-à-dire renforce dans son Isolement régional, son Isolement organique. Le Festival de cinéma brise pour un temps, non seulement l'Isolement, mais l'Immatérialité du petit écran. À la nouveauté des produits, on ajoute la chair du public: tous corps chauds et serrés dans un foyer heureusement trop petit. Parce que c'est Ici que cela se passe réellement. L'écran retrouve sa seule utilité de départ: supporter l'Image. Mais II y gagne une dimension dynamique: sa propre résonance dans le public. Alors la fête et l'hologramme d'un événement. Même ce qui est en dehors de l'écran devient de la 3D.
Le cobra textuel
«L'idéal est de danser sans bouger». «Ce que l'on voit et ce que l'on entend est une même chose, de la musique. Les objets mis en situation sont comme des sons solides, avec des formes et des textures différentes». John Zorn fait avec ses doigts de la musique visuelle à débits autogérés. D'intervalle à intervalle, dans le «ma» qui relie et sépare à la fois, associe-t-il des sons à l'oeil? Café Wha? Theatre of Musical Optics BMI Appellation copyright des architectures sonores de Zorn depuis 1975, tout autant que l'une des formes d'intervention que ce polyartiste multiplie. Et par-delà toute attribution, une séquence de mots qui valent bien un manifeste.
Le miroir iconique
ÉCRAN? Je ne sais pas ce que c'est. Je crois mieux connaître le MIROIR, ou la SURFACE. À moins que l'écran ne désigne la présence de ce qu'il prétend cacher. Et le miroir n'est rien quand il ne montre pas quelque chose d'autre que lui-même. Le mien bavarde: «Miroir, dis-moi... Montre-moi ce que fait la fée Mythanalyse en ce moment!» Mythanalyse monte dans les arbres et court de l'un à l'autre avec des bonds de kangourou, pour choisir son perchoir. Ce sera un petit bouleau à l'écorce blanche pas argentée. De là, elle s'adresse à la Sorbonne, et reprend sa mélopée..
Holographie
Une performance interactive holographie /- danse avait lieu le 30 novembre 1985, dans un studio du boulevard Saint-Laurent, à Montréal. Ce projet conjoint de Carol Ip, artiste/choréographe montréalaise, et Harriet Casdin-Silver, artiste environnementale et holographe de renommée internationale, demeure l'une des premières expériences d'intégration de l'holographie aux arts de la scène au Québec et dans le monde. La performance était le résultat de deux semaines de travail intensif de création collective en collaboration avec les danseuses Tassy Teekman et Françoise Cadieux. Les éclairages étaient signés Lorna Heaton. Holos-17, l'hologramme de Harriet Casdin-Silver, a servi de point focal à la performance. Par son caractère à la fois tangible et intangible, l'hologramme illustrait magnifiquement l'argument théâtral de Carol Ip, les contradictions qu'exploraient les danseuses et la conteuse. La profondeur de l'image holographique dont les points s'étendaient jusqu'à six pieds dans l'espace devant la plaque, a permis aux danseuses d'interagir non seulement avec l'hologramme mais avec ses manifestations dans l'espace. Le contraste entre l'immatérialité de l'image et la physicalité des corps a ajouté une autre dimension à l'oeuvre, soulignant la préoccupation d'Ip d'établir des liens entre le visible et l'invisible, d'intégrer les réalités matérielles et corporelles aux réalités spirituelles et à l'imaginaire.
Art, perception et holographie
Et l'holographie? Est-ce que l'image est une illusion? Si on pouvait réussir les mêmes effets à partir de photos, miroirs et éclairages sophistiqués, pourquoi devrait-on s'embêter avec un laser et tout l'appareillage nécessaire pour faire des hologrammes? L'holographie est nouveau, même pour les scientifiques. Comme médium artistique, il nous présente de nombreuses énigmes (contradictions). Nous n'avons pas encore vraiment compris son essence, et sa nouveauté est responsable en partie de la magie qui s'y associe. Comme aux débuts de la photographie et du cinéma, les difficultés techniques de la réalisation nous impressionnent. Souvent, les prouesses et les nouvelles techniques nous semblent créatives en elles-mêmes et viennent brouiller les frontières entre l'art et la technique.
Tiré d’une entrevue avec Harriet Casdin-Silver
Un hologramme, pour les mêmes raisons qu'un tableau ou un dessin, peut être réussi ou non. Quand les éléments esthétiques travaillent tous dans le même sens, c'est-à-dire quand la forme, la composition, la texture, tous les éléments qui le composent sont bien adaptés au discours de l'artiste, un hologramme peut être considéré comme une véritable oeuvre d'art. Quand j'ai commencé à faire des hologrammes, je voulais utiliser le médium pour ce qui lui était spécifique dans l'esprit de McLuhan. J'ai beaucoup travaillé avec l'abstraction en utilisant la lumière laser elle-même. Par exemple, Holos-17, l'hologramme qui a été utilisé dans Portail est l'enregistrement d'un effet de lumière: il n'y avait pas d'objet. Le mystère et les effets me fascinaient beaucoup dans ce temps-là.
L’Oeil de poisson
Les 10, 11 et 12 janvier dernier ,1e studio-Galerie OEIL DE POISSON vivait une ouverture officielle avec 3 soirées d'activités et de performances. Le studio-galerie Oeil de poisson est un lieu de diffusion de photographies. Un autre. Mais son originalité tient au fait que la «galerie» est aussi «studio». C'est un laboratoire, un lieu d'expérimentation, un atelier pour ses 7 membres. Reportons-nous à l'automne 1984. 7 jeunes, touchés par le médium photo, décident, aidés par une subvention gouvernementale, d'occuper un local, rue Hermine (basse-ville), d'y installer un labo photo et d'y diffuser leurs oeuvres.
Accès, livrason zéro
ACCÈS, une banque de données d'oeuvres faites par des plasticiens, des vidéastes, des musiciens, des littéraires, des philosophes, et des critiques. ACCÈS-ART: une revue d'art consultable sur Minitel, un service parmi tant d'autres. Une initiative due à Frédéric Develay et Orlan, le premier venant de la littérature, et la deuxième des arts plastiques et du multi-média. Ils travaillent ensemble depuis plus d'un an sur ce projet. Leurs raisons: la France est un des pays les plus avancés en télématique surtout si l'on considère le nombre de Minitels distribués actuellement: plus de 1 million, et bientôt beaucoup plus (il est annoncé 2 millions pour fin 1985).
Fahrenheit 440
Le livre résiste aux assauts de la technologie parce qu'il est un objet culturel caractérisé par la notion de savoir: le livre, recueil et gardien historique de la mémoire. L'intérêt soulevé quant à son utilisation dans le domaine des arts visuels résulte de la fonction même du livre littéraire, en regard de la stabilité de sa forme et de son usage. En effet, on observe aujourd'hui un transfert de la nature du livre qui se voit perverti de ses fonctions en agissant en tant qu'objet d'art. Il y a Interférence, soit superposition de deux champs d'activités culturelles distincts (littérature/arts visuels), et ce, au sein d'une seule résultante: l'hybride.