(Lituanie 1931 — New York 1979) Fondateur de Fluxus", Maciunas sera, dès 1961 et pendant de nombreuses années, un réel organisateur d'actionnisme. En 1962 parait l'anthologie Fluxus, une des premières publications d'artistes. Jusqu'en 1968, Maciunas publie énormément de productions relativement aux artistes de Fluxus. Dans un entretien de 1978, il insiste sur le fait que 90% de son salaire de graphiste a été consacré à la production des objets de Fluxus.
été 84 : La Parade Culturelle
In Mémoriam Georges Maciunas
Festival d’in(ter)ventions
Ce Festival d'ln(ter)ventions s'est intitulé In mémo-riam Georges Maciunas parce que d'une part la formule latine est comprise dans beaucoup de langues. D'autre part, à l'interpénétration de l'art, de la vie, des médias, nous avons ajouté le côtoiement des ethnies dans un Québec totalement «village global». Cette alliance de l'actionnisme et de l'édition est le propre des artistes Fluxus et des Éditions Intervention. Enfin, il s'agit d'une reconnaissance et d'une tribune aux artistes du «low art», c'est-à-dire d'un art en dehors du «grand art» muséologique; travailler avec des moyens nouveaux, modernes, et ne pas se cantonner dans des traditions mortuaires. Maciunas s'est dévoué pendant des années à l'émancipation d'un art expérimental, du «mail art» à la performance. S'il est peu connu, c'est que son travail se situait en marge de l'art officiel, comme celui des Éditions Intervention. S'il est cependant reconnu, c'est par la solidarité dans les réseaux d'art qui se tissent entre les ethnies d'un continent à l'autre.
Que les loups hurlent
Je suis retourné à la cabane de mes grands-parents hurons à la pointe de Rivière-du-Loup. C'est encore une Sioui qui y vit. Elle peint, mange du poisson cru et elle m'a aussi parlé avec inquiétude de ce projet artistique offrant des abris nucléaires. Tout comme l'appartenance autochtone et l'imaginaire nomade s'anoblissent ensemble sous les vents du fleuve, il faut prendre pour acquis l'intégrité artistique de cette première biennale des arts de l'Est du Québec. C'est que cette manifestation d'art aura gardé toute sa pertinence à l'intérieur même d'une vaste animation urbaine à des fins, disons-le, davantage touristiques. Alors qu'à Québec 84 l'art n'a servi que d'apparence, et qu'à Saint-Jean-Port-Joli il aura fallu une querelle sourde pour que l'espace de la sculpture respire, Rivière-du-Loup, comme Baie Saint-Paul d'ailleurs, auront passé le cap sans heurt. Ensemble, l'affichage, les deux expositions, les installations extérieures, les ateliers et le colloque composant l'événement témoignent de la vitalité des réseaux d'art en périphérie. Cette biennale ne pouvait être meilleur endroit de jonction: de Gaspê, Matane, Rimouski à Rivière-du-Loup d'une part, et de Montréal, Québec, Aima vers le même lieu d'autre part. De plus, le discours coloré à propos de l'Internationale Périphérique mis en scène par l'Illustre Inconnu, donnait du relief international à la Biennale.
La biennale de l’est du Québec
Le lieu dont on parle, le lieu d'où l'on parle. Il s'agit en l'occurrence de tracer par le texte et l'image les contours d'un événement, de suggérer par une topologie fictive mais effective des territoires, des niveaux de territorialité de l'art en région. Titre de l'événement: «La première biennale des arts visuels de l'est du Québec». Durée: du 13 au 29 juillet 1984. Lieu dénonciation: la ville de Rivière-du-Loup. Matériaux de référence: la production de trente-cinq artistes exposée dans deux salles (Musée Bas-St-Laurent, école St-Pierre), des interventions dans le milieu urbain (groupe «Au bout de la 20»), des performances, un colloque de trois jours sur le «Constat d'un lieu», un catalogue, des ateliers, des fêtes populaires et bien d'autres choses, c'est-à-dire le reste.
Entretien avec Hervé Fischer
Hervé fischer: C'est ta démarche de sculpteur à l'occasion des «Rencontres internationales de sculpture» de Saint-Jean-Port-Joli qui nous réunit. Tu t'es engagé dans une création collective nécessitant la participation des visiteurs; en outre, cette sculpture n'était pas un objet du type «Beaux-Arts», mais une maison, plan courant, située, il est vrai, dans un très bel endroit, à la limite de la berge du Saint-Laurent, ouvrant sur une sente descendant jusqu'à l'eau. Des briques et du mortier étaient à la disposition des visiteurs, pour que chacun contribue selon son envie à l'édification de cette sculpture/maison. C'est une nouvelle démarche dans ton travail, et qui implique une autre définition de l'art d'aujourd'hui. MICHEL GOULET: Cela a eu lieu à l'intérieur d'un Symposium, et dans une région connue pour sa tradition de sculpture artisanale. Mais je ne suis pas sûr que les gens de Saint-Jean-Port-Joli s'intéressent vraiment à la sculpture, qu'elle soit «artisanale» ou «artistique», pour reprendre les deux pôles du colloque animé par Guy Durand à cette occasion. Mon idée était de trouver un mode de communication avec les gens à partir d'un thème banal: celui de l'habitat. Les gens parlaient à cette occasion, de toutes sortes de choses, y compris de l'art. Et il y a un parallèle entre construire une maison dans un paysage et peindre ce paysage. Je ne savais pas à l'avance si ma proposition les intéresserait. Il y avait 5 000 briques à disposition. Environ 4 000 personnes en ont posé une chacune, pendant un période de 30 jours. Le dimanche, 500 personnes environ participaient. Mes habitudes de sculpteur ne m'ont pas conduit à établir les constats, les documents relatant l'événement en train de se faire: par exemple une photo de chaque participant qui a posé une brique. De tels documents ne faisaient pas encore partie de mes matériaux d'artiste: je les découvre juste. Pourtant, au-delà de l'événement éphémère, le constat permet la mémoire culturelle. C'est très important à mes yeux que chacun puisse s'en souvenir. Je suis donc retourné sur place, photographier systématiquement, toujours à égale distance, chaque facette de la maison, et je voudrais en publier le photo-montage, où chacun pourra reconnaître la brique qu'il a posée et se rappeler son geste. hervé fischer: Cette sculpture collective était conçue comme un dispositif de création collective et de questionnement... MICHEL GOULET: Oui. La construction elle-même était un prétexte pour parler d'un projet commun. Car l'ensemble prenait une importance et une signification dépassant le geste symbolique anonyme de chaque poseur de brique. C'était un travail LÉGER, laissant le loisir à chacun qui posait une brique à côté des autres d'échanger. Avec une force que je n'avais pas imaginée: cela créait une sorte de complicité entre les gens. Après, chacun questionne son propre geste: pourquoi avoir participé? Pourquoi les autres aussi l'ont-ils fait? hervé fischer: Quel itinéraire fa conduit jusqu'à cette démarche? MICHEL GOULET: La première oeuvre publique, je l'ai laite quand j'étais très jeune, étudiant à l'Université de Sherbrooke, pour m'opposer au type d'exposition de la dite «Semaine des Arts». On a proposé aux gens de construire ensemble une «Babe-lus» (Tour de Babel de l'U.S.) 40 pieds de haut, toute en bois de récupération. Le dernier jour, on en a fait un feu de camp. C'était vers 1964. Depuis, je n'avais plus fait que des oeuvres vraiment «privées». Mais je cherchais toujours toutes sortes de moyens divers pour partager avec les gens quelque chose qui puisse leur appartenir aussi. Je travaillais donc avec des objets et matériaux que les gens puissent reconnaître facilement. À Chicoutimi, lors du Symposium International de Sculpture Environnementale, j'ai fait une sorte d'inventaire des modes élémentaires de construction, comparés à ceux de la nature, de la géologie: les grands axes, un escalier, un plancher penché, un palier; donc un inventaire de choses qui appartiennent à tous. Mais cela ne faisait pas vibrer les gens; donc il fallait plus. À côté, l'ATEUER D'ART SOCIOLOGIQUE CITOYENS SCULPTEURS bousculait tout ce que je pouvais penser sur l'art et interrogeait les gens sur leur environnement quotidien. Je tentais la même chose, mais sans atteindre les gens, voire même en bloquant la communication, car ils ne comprenaient pas ma proposition et ne pouvaient pas poursuivre la réflexion. Depuis l'Atelier Citoyens/Sculpteurs de Chicoutimi, j'ai donc compris que le premier contact avec le public ne peut s'énoncer avec les mots «Je ne comprends pas, cela n'a pas été fait pour moi». Je n'étais pas certain que l'Atelier Citoyens/Sculpteurs était vraiment efficace, car cela demandait beaucoup de temps. Mais à l'intérieur du Symposium de Saint-Jean-Port-Joli, j'y ai repensé pour ne plus m'enfermer dans les stéréotypes de la vie d'artiste en Symposium. La rencontre a vec le public est devenue le thème, la manière principale de mon travail, et moi aussi j'en faisais partie. Dans l'idée que chacun devienne spectateur agissant, il y a au Québec la tradition de la «corvée»: tous les gens travaillent en même temps, par exemple pour bâtir, et cela devenait aussi toujours une fête. La plupart des gens en ont entendu parler ou même ont déjà participé à une «corvée». Il s'en fait encore beaucoup, surtout avec le retour des jeunes à la campagne. Mais je voulais que les gens déterminent eux-mêmes la (orme de cette maison/sculpture. hervé fischer: il me semble que ta proposition a aussi intéressé plusieurs des autres sculpteurs des Rencontres de Saint-Jean-Port-Joli. MICHEL GOULET: Nous avons eu beaucoup de difficultés avec les administrateurs de la Rencontre, pour obtenir les matériaux et machines prévus. Donc au début, beaucoup de sculpteurs étaient dans l'attente, sans pouvoir travailler. On a « commencé à s'entraider et plusieurs ont commencé la maison avec moi. Il a fallu les retenir, de c même que les visiteurs, pour que chacun ne pose pas plus qu'une brique. Beaucoup étaient surpris de la réaction si active des gens. Harmony Hammond avait aussi prévu dans son projet de demander aux gens d'apporter leurs vieilles échelles de bois, marquées par les ans, pour les intégrer dans son travail, en leur donnant en échange des échelles neuves. Tatiana Démidoff-Séguin a invité les gens à lui apporter des objets personnels, pour les placer à l'intérieur de sa sculpture, et refermer le couvercle dessus, comme une mémoire invisible de la vie quotidienne et de la participation du public. Beaucoup sont revenus après pour voir comment les sculpteurs avaient traité leur contribution. Une autre idée intéressante a été celle de Daniel Couvreur, qui avait ajouté à sa sculpture en matériaux traditionnels un grand drap, évidemment beaucoup plus éphémère que le marbre, qui pendait comme une bannière ou un rideau de théâtre, pour inviter le public à inscrire dessus ses commentaires. Mais le Comité artistique du Symposium lui a refusé le droit d'inviter le public à faire cette intervention, sous prétexte que ce n'était pas le concept initial du Symposium. Daniel Couvreur a espéré en vain que cela se ferait quand même. hervé fischer: Tu entreprends cette démarche, à un moment où nous assistons à un mouvement réactionnaire de retour aux Beaux-Arts traditionnels et notamment à la peinture. Ta démarche rejoint celles d'artistes comme Tatiana Démidoff-Séguin, Harmony Hammond, Daniel Couvreur, ou Michèle Tremblay-Gillon, qui exposait dans l'École de Sculpture de Pierre Bourgault, dans le même temps que ce Symposium, son travail de création collective avec la population des H.L.M. du quartier Jeanne-Mance à Montréal. Je suis avec attention ces démarches et je voudrais mentionner aussi celles des groupes «Insertion» de Chicoutimi et «Au bout de la 20» de Rivière-du-Loup, avec lequel j'ai travaillé cet été à l'occasion de la Biennale des Arts de l'Est du Québec, et le «Mur — perspective d'infini — Constat sociologique» de Tatiana Démidoff-Séguin à la Place Ville-Marie de Montréal. Mais il est clair que l'institution artistique contemporaine (le marché, les revues, les musées) rejette cet art engagé en contexte social réel. Quel est ton point de vue, en t'affirmant ainsi à contre-courant? MICHEL GOULET: Ce type de travail a un écho dans le milieu artistique. Et le public de notre époque exige de plus en plus que l'art soit accessible et en relation avec sa vie quotidienne. Les symposiums d'art contemporain ne peuvent plus se fermer, mais doivent de plus en plus déborder vers le public et prendre la dimension d'un événement lié au vécu local. Il faut la participation du public. Dans notre travail d'atelier aussi, nous y pensons toujours plus et le recherchons. Inversement nous regrettons souvent le manque de communication de notre travail avec le public. Nous avons le désir de provoquer et d'émerveiller. Le retour aux Beaux-Arts et surtout à la peinture, de nos jours, est surtout un retour au commerce de l'art, mais j'ai l'impression que c'est un feu de paille. Le type de peinture qui se fait maintenant et qui rejette toute idée d'habileté apparente, au nom d'une permission que les gens se donnent d'étaler leurs rêves et leurs fantasmes, va évoluer très rapidement, même chez ces peintres, dans le sens de laisser le public aussi participer à cette peinture. hervé fischer: Comment évalues-tu la réussite de ta maison/ sculpture? MICHEL GOULET: Ce succès de participation dans mon projet m'a inquiété: cela les touche vraiment? Ou est-ce seulement un jeu sans importance? Cette question m'inquiète encore. Si seulement j'avais fait une liste des participants, je voudrais les recontacter chacun, pour les interroger. Je n'ai pas su y penser à l'avance. Je n'ai pas fait non plus de livre de bord. Serait-ce la limite réelle de mon désir de communiquer? En décidant maintenant de publier ce travail sous forme d'un livre, avec un photomontage de la maison, je voudrais échapper au caractère éphémère de ce geste, et à ce qu'il pourrait avoir de suicidaire de la part de l'artiste. Ce projet s'est inscrit dans un itinéraire personnel, avec sa continuité. Il contribue au sens de ce que j'ai fait avant, et de ce que je ferai à l'avenir. Ce livre sera pour moi une prise de responsabilité de l'échec ou de la réussite d'une telle expérience, qui ne doit pas devenir une excuse molle. Le projet, pour être complet, pour avoir toute sa dimension, doit passer par ce livre. À travers lui, les participants pourront activer la mémoire de leur intervention et se réinterroger sur leur geste. Quant au micro-milieu, on est encore trop près de l'événement pour savoir si je l'ai interrogé efficacement. À la fin du symposium de Chicoutimi, on était encore trop près de l'Atelier Citoyens/Sculpteurs pour le juger. On savait juste que c'était quelque chose d'important. Mais on était encore sous l'effet de surprise. C'est depuis qu'on a pu l'analyser. La seule chose que je peux dire, c'est que mon travail de Saint-Jean-Port-Joli n'est pas tombé dans l'indifférence. Mais ce n'est pas nécessaire que tous les artistes lassent des démarches en ce sens. Le questionnement qu'il suscite est actif dans /'interrelation avec les autres attitudes. Je referai certainement d'autres projets du même genre. Je chercherai sur le sentier que je me suis ouvert d'autres aventures. Cela m'intéresserait de faire une expérience du même genre dans un autre milieu social, dans un autre pays, très différent, et de pouvoir comparer avec le contexte dans lequel je travaille. Ce que j'ai connu était strictement lié à l'histoire et au contexte du Québec, même dans l'idée de «corvée» et dans le dessin de la maison. À Manhattan ou à Paris, le schéma de base de la maison aurait certainement été différent. Je serais même prêt à travailler à New York, malgré son rôle commercial et impérialiste. On n'a pas le droit de refuser la confrontation et la connaissance que cela apporte. Il faudrait aussi que je travaille en milieu plus urbain, en collectif d'artistes. Je voudrais échapper aux limites de l'individualisme du sculpteur et du plaisir du travail dans la nature. J'ai un peu de difficulté à me remettre au travail d'atelier aujourd'hui. C'était une expérience vraiment bousculante pour moi. Être à nouveau seul en atelier, j'en ai certainement besoin, mais comment y produire quelque chose capable de provoquer à nouveau la réaction, la participation des autres? C'est ce qui m'inquiète aujourd'hui.
Les fêtes du fleuve
R.M. Andrée Laliberté Bourque,il y a un événement qui s'appelle Les têtes du Fleuve cet été à Québec. Peux-tu nous parler un peu de la façon dont tu as procédé pour monter cette exposition? Quelles en sont les caractéristiques? Dans un premier temps comment est venue l'idée du projet? A.L.B. En juin 1983. Québec était déjà en pleine ébullition par rapport aux célébrations de l'été 84. De mon bureau à la Galerie, je pouvais voir toute cette mise en branle le long du fleuve: réfection des secteurs avoisinants, ouverture de nouveaux restaurants, boutiques d'artisans, etc., et je me suis dit que les anistes devaient être de la fête. Alors m'est venue l'idée d'un événement spécial regroupant plusieurs disciplines autour des thèmes de l'air et de l'eau.
Le Mermoz
Du 28 mai au 8 juin dernier, 600 stagiaires de l'O.F.Q.J. ont traversé de Québec à Saint-Malo sur le paquebot français Mermoz. Cap sur l'avenir, dit-on, comme si l'avenir n'était pas que de l'immédiat. À notre retour, nous apprenons" que l'information diffusée à propos du voyage insiste sur les vices d'organisation, les potins et les scandales. En marge des journalismes officiels, voici le témoignage avant tout subjectif du groupe «délégué» sur le Mermoz pour le Marathon d'écriture 76 heures. En plus du scoutisme et des relations franco-québécoises, il y a bel et bien eu croisière
Affaires Sculpturelles
Coup de théâtre: simultanément à des testivités historiques qui ont des ratés à Québec, un événement international de sculpture a subrepticement été subtilisé! La disparition de l'événement de son décor (ou était-ce le décor qui était absent?) fait croire à un rendez-vous théâtral manqué, où l'interlocuteur principal (l'art) a été retiré de la distribution. Le spectacle, aussi, n'a pas reçu d'applaudissements Une question surgit même: bien qu'il soit resté à l'affiche, a-t-il vraiment eu lieu? Vol ou détournement d'art? Les réalisations des artistes sont pour l'Instant en attente d'une existence possible, murées dans un profond silence que l'on pourrait dire muséal, toutes (ou presque) égarées dans ce décor-stationnement, sorte de collection d'oeuvres mises en banque: tout ceci parce que l'espace — physique et contextuel— n'a pas été accordé aux oeuvres COMMEDIA DELL'ARTE OU COMÉDIE DE L'ART dans ce contexte trouble qu'un autre événement artisti-fcltJe a émergé à Saint-Jean-Port-Joli, dans une tentative de présenter au public attire par le Rendez-vous International de Sculpture 1984, une optique élargie du concept de la sculpture, par le biais de projets-installations multimédias
Platebande témoin
M'impliquer dans le projet des Affaires Sculpturelles c'était pour moi non seulement l'occasion de participer à l'originalité de cet événement parallèle du Rendez-vous de Sculpture 84 mais aussi celle d'exprimer ma conception de notre civilisation de béton et de pollution. Et, c'est à partir des matériaux parmi lesquels je vis des matériaux que j'aime toucher — terre, arbres fleurs et rochers — que j'ai choisi de tracer le parcours d'une nature de plus en plus violée par l'intervention de l'homme et de ce qu'on nomme l'évolution!
L’envers du décor
Dans un quartier de Montréal qui m'était familier, j'ai voulu entreprendre la réalisation d'une murale collective dont l'image ou les images seraient conçues par ceux qui y vivent, en l'occurrence, les résidents des Habitations Jeanne-Mance qui constituent une grande partie des résidents du quartier Centre-Sud. Ainsi naquit la «Murale Communautaire Jeanne-Mance» au coin d'Émery (Place Borduas) et de Sanguinet qui fait face aux Habitations Jeanne-Mance sur un des murs appartenant à France-Film, propriétaire également du Théâtre St-Denis Je voulais donner la possibilité à la population résidente du quartier, de concevoir et réaliser leur propre murale avant que d'autres ne le fassent à leur place: le nombre incalculable de grands murs aveugles au sud et à l'est des Habitations Jeanne-Mance, aurait tôt ou tard attiré les artistes qui y auraient imposé leurs images.
L’authentique est toujours sauvage surtout des affaires sculpturelles
L'école de sculpture à Saint-Jean-Port-Joli symbolise le devenir de la sculpture du bois Le savoir-faire technique acquis sert aussi à questionner les limites artisanales et à scruter les initiatives dites actuelles. Un peu comme l'exposition K-18 tenue dans des hangars désaffectés du quartier industriel de Kassel alors que la prestigieuse Documenta 7 occupait tous les musées de cette ville en 1982, certaines «Affaires sculpturelles», de l'autre côté de la route à quelques 800 pieds du site officiel du «Rendez-Vous International de Sculpture 84», ont fait voir autrement la réalité d'un événement d'art.
François Baschet : le sculpteur du son
Question A: Comment allier forme sculpturale irradiante et musique suave, marier le charme de l'instrument acoustique aux possibilités actuelles de l'électronique et lier la curiosité du public profane aux exigences du musicien averti?
L’itinéraire du texte (tel que lu par la presse)
(manoeuvre textuelle réalisée de Jackman U.S.A. à Lévis, Québec les 18-19-20-21-22 juin 1984 par la Centrale textuelle de Saint-Ubalde avec la généreuse complicité de tout le milieu scolaire beauceron) Avec le temps, ces Cartes Démesurées cessèrent de donner satisfaction et les Collèges de Cartographes levèrent une Carte de l'Empire, qui avait le format de l'Empire et qui coïncidait avec lui, point par point. PROPOSITIONS PRELIMINAIRES/HYPOTHESES DE TRAVAIL telles que formulées collectivement le 6 mai 1984 par l'équipe de la Centrale textuelle de Saint-Ubald dans le guide pédagogique soumis aux professeurs de la Beauce et de Lévis (extraits). 1 1984 constitue pour le Québec actuel un moment privilégié dans la saisie des étapes importantes de son histoire. Et c'est à partir des grandes thématiques suggérées par cet événement que nous voulons transposer dans le champ restreint de la production textuelle et pédagogique une symbolique propre à illustrer les enjeux d'un Québec à l'écoute d'un appel de l'avenir. En d'autres termes, il s'agira de proposer une image parfaitement articulée des grands défis technologiques et humains que le Québec s'est donnés depuis peu Nous y parviendrons en déployant quelques symboles simples susceptibles de rappeler è la fois les technologies propres de l'histoire de l'écriture et les grandes étapes de l'histoire de l'humanité. Ainsi la pierre symbolisera le passé: le papier, le présent et la puce (ou la mémoire magnétique des ordinateurs) le futur. Pierre-papier-puce pourrait-on dire comme si ce petit réseau bref de sonorités nous invitait à saisir toute la poésie des enjeux actuels du devenir des jeunes. 1984 ne nous suggère-t-il pas d'emblée de nous mettre à l'écoute de cette jeunesse, jouant, rêvant de part et d'autre de cette voie d'accès fondamentale pour quiconque, venant du sud. comme Arnold en 1755 qui tenta une invasion ou comme les Abénakis qui. bien avant lui, y voyageaient pour rejoindre leurs quartiers d'hiver de Stadaconé, voudra cet été participer aux fêtes du 450e anniversaire? Axe routier exceptionnel, l'itinéraire LÉVIS - JACKMAN s'impose de soi comme la complémentarité thématique par excellence du grand événement. En même temps qu'elle se pose comme chemin de sortie et comme accès à la frontière la plus proche, la route LÉVIS - JACKMAN est aussi la voie royale d'entrée pour les touristes américains C'est précisément cette route que nous voulons baliser du discours de la jeunesse beauceronne en guise de bienvenue, bien sûr, mais surtout pour illustrer, pour entendre et faire voir les voix du Québec de demain qui s'étalent sur son territoire. Ces! sur te plan de la symbolique cependant que cet itinéraire frappe l'imaginaire: le territoire beauceron n'est-il pas l'exacte complémentarité du territoire maritime des tètes de 1984' Ne voit-on pas ici surgir toute la richesse des antithèses MER -TERRE, axe EST - OUEST - axe NORD -SUD, la ROUTE maritime - le CHEMIN terrestre'' Ce sont ces symboles que nous voûtons illustrer dans ce que nous avons conçu comme une immense stratégie d'accueil de l'étranger sur notre territoire. Déjà, depuis Jackman. ville frontalière, le visiteur et la visiteuse se sentiront accompagnés, escortés en quelque sorte par la parole des jeunes Québécois et Québécoises. Reproduite sur une mince bande de papier jaune et étalée le long de la chaussée jusqu'aux sites des fêtes de 1984. cette parole indiquera la route à suivre. Elle deviendra un discours de balise, une parole guide, un texte qui aura tout de la précision d'une feuille de route ou du calcul d'un itinéraire. Cette manoeuvre culturelle se veut une entreprise de valorisation du discours de la jeunesse contemporaine représentée par l'ensemble des élèves du primaire et du secondaire de la région beauceronne principalement. Nous croyons que ce protêt, par l'audace même de sa mécanique, est susceptible de stimuler l'intérêt et la ferveur populaire portée au 450° anniversaire de la venue de Jacques Cartier en terre québécoise. Le territoire du texte propose ainsi une stratégie rhétorique où la séduction passe par le grandiose et ne rompt pas avec l'histoire: cette large manoeuvre culturelle indique seulement avec éclat à quelles conditions la jeunesse actuelle veut vivre maintenant la meilleure part de son avenir. La Centrale textuelle de St-Ubald a pensé préparer un texte qui mesurera 160 kilomètres de long et qui sera déroulé entre Jackman et Québec. Ce texte est réalisé actuellement dans les écoles de la région par des étudiants. (Beauce Nouvelle, 29/5/84). Des élèves du primaire et du secondaire de la région beauceronne principalement écriront un discours qui à la toute fin aura 160 kilomètres de longueur. (La Vallée de la Chaudière, 2915/84). C'est un projet fou, fou, fou, délirant et sensationnel, un geste gratuit d'une insolite beauté que s'apprêtent à poser quelque 10 000 étudiants de la grande région de la Beauce. Ils ont en effet commencé cette semaine à rédiger ce qui sera le plus long texte au monde: 165 kilomètres! Cet interminable ruban sera déployé à partir de Jackman le 18 juin et arrivera à Lévis le 23. (Beauce Média, 29/5/84). La semaine dernière, un rouleau de 500 mètres de papier a été distribué dans chaque classe de chaque école de la Beauce. (Beauce Média, 29/5/84). Monté sur une remorque adéquate et tiré par un camion, l'immense rouleau actionné par un cycliste qui rétropé-dale laissera peu à peu s'écouler sur l'accotement de la route 173 Président-Kennedy la bande textuelle longue de 160 kilomètres. (Le Soleil, 3015/84). Autre fait à souligner, le papier utilisé est du papier biodégradable qui sera disparu après quelques semaines, mais les pierres devraient rester sur place. (L'Éclaireur-Progrès, 30/5184). À l'école d'Youville de St-Joseph, les enfants en sont maintenant rendus à la phase finale puisqu'au cours de la dernière semaine, ils s'appliquaient à transcrire au propre les textes que chacun a créé. (La Vallée de la Chaudière, 5/6/84). C'est avec un enthousiasme sans réserve que les jeunes ont accepté de collaborer à cette aventure. (Beauce Média, 5/6/84). La formule «Le plus grand au monde» a toujours enflammé les imaginations. Du 18 au 23 juin, on peut donc s'attendre à ce que les regards du Québec se tournent vers la Beauce. (Beauce Média, 516184). Hier, l'opération embobinage débutait Place Fleur de Lys. Les textes seront enroulés les uns à la suite des autres sur un rouleau fourni par Hydro-Québec et qui mesure plus de 2 mètres de diamètre. (Dimanche-Matin, 10/ 6/84). Le maire de Jackman lui-même déposera la première pierre sur le papier pour le maintenir en place. (Le Soleil, 11/6/84). La Centrale textuelle de Saint-Ubald (près de Québec) célébrera de façon originale des fêtes du 450" anniversaire du premier voyage de Jacques Cartier au Canada. (La Presse, 1116184). Notre territoire, seront jours d'apothéose. (Beauce Nouvelle, 12/ 6/84). Notre personnel enseignant s'est montré engagé dès la première rencontre; les écolières, les écoliers emballés. Les résultats sont tangibles. (L'Éclaireur-Progrès, 1316184). Le public ne se fait pas prier pour venir donner quelques coups de pédales et permettre d'embobiner le plus long texte au monde. Il reste encore aujourd'hui et demain pour y participer, en vous rendant à Place Fleur de Lys. (Le Journal de Québec, 14/6/84). Hier matin, à 8 heures, la mairesse de Jackman, Mme. Elsie Crawford, posait la première des pierres devant tenir le plus long texte au monde. En début d'après-midi, le ruban franchissait la frontière canado-américaine. (Beauce Média, 191 6/84). Ce geste symbolique a été répété à la douane américaine par la représentante du Maine, Mme Dorothy Rotundie. (Le Soleil, 191 6184). The event paused for an informal ceremony at the border at noon. A representative from the Quebec government failed to show up, but the ceremony went ahead anyway. (Portland Press Herald, 19/6/84). Le plus long texte du monde s'en vient. Rappelons que pour maintenir la bande de papier en place, les élèves disposeront des pierres de couleur dessus. (La Vallée de la Chaudière, 1916184). Des responsables du projet «L'Itinéraire du texte» disposent les pierres peintes par des écoliers pour maintenir au sol le texte de 165 km de long par 7 cm de large qui relie maintenant Jackman. dans le Maine, à Lévis. (Le Soleil, 23/61 84). Les membres de la Centrale textuelle de Saint-Ubalde ont complété, hier, l'étalement du plus long texte au monde, un message continude 165 km entre Jackman, Maine, et la ville de Lévis au terme d'un périple sans incident. (Le Journal de Québec, 2316184). 10 000 jeunes ont ainsi vécu une expérience d'écriture inoubliable et non seulement ont-ils rédigé le plus long texte au monde mais ils ont également conduit le projet jusqu'au bout. (La Vallée de la Chaudière, 2616/84). Dans chaque école, les étudiants attendaient anxieusement l'arrivée du camion-remorque porteur de l'immense rouleau. (Beauce Média, 26/6/84). Le plus long texte au monde pouvait aussi servir de décoration (Beauce Média, 26/61 84). La mairesse de Jackman a posé la première pierre sur le papier tandis que le maire de Lévis en posait la dernière. (L'Éclaireur-Progrès, 2715184). Une lois de plus l'esprit des grandes corvées a inspiré tes Beauceronnes et tes Beaucerons, fie Soleil, 21 / 6184). Conception de l'ensemble et réalisation: JEAN-YVES FRECHETTE. Soutien logistique et travail d'animation: JACQUES DOYON, YVES DOYON, ALAIN LESSARD. Production Vidéo: JEAN GAGNON, YVES DOYON. Assemblage de la bobine textuelle: patentage de l'ensemble et montage: GUY LABRIE et JACQUES NADON. Conception des engrenages: ÉRIC HENRY. Équipe de débobinage: GUYLAINE CLAVEAU, JACQUES DOYON, JEAN-YVES FRECHETTE, MARIE GAGNON, ÉRIC HENRY, ALAIN LESSARD. Conseillers pédagogiques: BERTRAND GENDRON, MICHEL JACQUES, JEANNE LÉTOURNEAU, ODETTE LEMIEUX, BLANCHE-YVONNE ROY, HENRI VALLÉE, ANDRÉ VERRAULT. COMMANDITAIRES & COMPLICES: Express Marco et Cliche Automobiles Glassme Canada, Papier Deluxe, Boites Ekono, Estampe-Ray, Hydro Québec, Acier A.G.R., Eutec-tic-Castolin, Thiro, Bicyle Record et Place Fleur de Lys, CEGEP F. -X. Garneau et le Ministère de l'Éducation ainsi que le Ministère des Communications et le Ministère des Affaires culturelles.