Mai 68, cinquante ans plus tard

Au sens le plus restreint, les événements de Mai 1968 désignent un mouvement social en France qui a été initié par des étudiants, lesquels ont participé à la plus importante grève générale du XXe siècle en France, entre les mois de mai et juin 1968. S’il a réuni à son apogée jusqu’à 10 millions de grévistes (étudiants universitaires, mais aussi lycéens, ouvriers et paysans, le 24 mai 1968), ce mouvement de révolte et d’émancipation sociale ne saurait aucunement se confiner au contexte français.

L'enragée de Nanterre

Entretien du 26 mars 2018

Mai 68, 50 ans plus tard, n’est plus qu’un vague souvenir historique, non d’abord parce que le temps a passé et que ses acteurs, les baby-boomers, ont vieilli ou disparu. L’oubli, en l’occurrence, résulte de la qualité mesurée de l’événement, quelle que soit sa réputation. Une révolution à vocation planétaire que le mouvement du 22 Mars à Nanterre, que les barricades du Quartier latin, que les cortèges syndicaux qui aboutiront aux accords de Grenelle ? Non, une vibration française, tout comme vibrent au même moment, pressées par le désir d’émancipation des jeunesses et des exclus du développement ou de l’agora, les populations de Prague, de Los Angeles ou encore de Berlin.

Manœuvres d'écriture révolutionnaire

Avec le cinquantième anniversaire du mouvement étudiant de 1968 à Mexico et après avoir revisité l’abondante littérature produite lors de ces dernières décennies, nous pouvons affirmer que ce mouvement revêt un caractère démocratique, antiautoritaire, s’érigeant en défenseur des droits constitutionnels et fondamentaux du citoyen et s’opposant aux abus de pouvoir de l’État, exercés par l’appareil politico-policiaco-militaire du régime du parti unique.

Qu'est-ce qu'il nous reste de mai 68 ?

Pis après ? Pis maintenant ?

Au printemps 2012, au Québec, il y a eu une rencontre exceptionnelle entre un mouvement social et des créateurs. En quelques jours, l’École de la Montagne Rouge allait produire 2000 affiches, des sérigraphies imprimées à la main sur carton, qui seront utilisées en guise de pancartes lors de la grande manif du 22 mars réunissant plus de 200 000 personnes dans les rues de Montréal. L’École allait produire des centaines d’autres affiches jusqu’à l’automne suivant.

L'abolition de certains tabous