Document(s)

Quand document se veut œuvre

par Elodie Weyne

Réflexion sur la valeur d’exposition du document à partir de l’oeuvre de Marcel Duchamp

Léa Mayer

Instantanés

L’œuvre d’art à l’ère de son irreproductibilité technique

par Camille Paulhan

Cette réflexion a pour point de départ deux observations, issues de mes expériences professionnelles d’enseignante et de critique d’art. D’une part, je constate – et à mon grand regret – que les étudiants de la classe préparatoire dans laquelle je dispense des cours sont rapidement pris au fil de l’année dans l’engrenage d’une recherche toujours plus accélérée d’une plus grande lisibilité de leurs travaux plastiques. Lorsque les travaux ne peuvent être emportés « en vrai » en prévision des concours et qu’ils ne peuvent être documentés par une photographie – ou des photogrammes en ce qui concerne les vidéos – les étudiants sont la plupart du temps forcés d’abandonner l’idée de les présenter à un quelconque jury. Et quand, bravant un peu cette exigence de lisibilité visuelle, ils font valoir des travaux dans lesquels ledit visuel joue une part modique – par exemple des textes, des protocoles conceptuels ou autres – ils se plaignent bien souvent qu’on ne les regarde pas assez, ce qui est sans doute assez paradoxal. D’autre part, et il s’agit là de mon expérience de jeune critique, il faut constater que le portfolio, le PDF, et même le terrible concept du « book » – qui donne une vague impression que ce qu’on y voit est le « best of » de l’artiste en question, photographié par des professionnels voire même photoshopé au besoin, mis en valeur comme un diamant – a remplacé pour nombre de professionnels de notre domaine la visite d’atelier. Voire.

Dimitri Vazemsky

YK-re

Noé Grenier

par Emma Cozzani

Replier le temps sur lui- même, le dédoubler sans pour autant le répéter, la pratique de Noé Grenier englobe la notion d’image en mouvement à travers les divers sources et documents qu’il prélève. Travaillant autant à partir de classique du cinéma de genre que de films amateurs (« found footage ») qu’il collecte, sa pratique vidéo évite les poncifs de genre pour questionner à la fois le document cinématographique et l’acte de montage lui-même. Entre durée et perception, comment les dispositifs de Noé Grenier parviennent- ils à influencer l’expérience temporelle du regardeur tout en lui proposant une autre vision ?

David Droubaix

par Ingrid Luquet-Gad

Le langage des images : altération, falsification et fan-fiction

Kader Attia

par Marion Delade de Luget

Donner un nouveau visage à la grande guerre

Anne Penders

par Pierre-Jacques Pernuit

C’est sur une cimaise de l’atelier de l’Institut supérieur pour l’étude du langage plastique (iselp, situé à Bruxelles), dans le cadre d’une résidence intitulée de chine ______ ici/ou à côté (juin 2014), qu’Anne Penders, artiste belge, avait déployé une cartographie de ses recherches archivistiques autour de la présence de la Chine en Occident. Cette fresque mentale, résultat d’un travail d’écriture photographique, filmique et poétique débuté en 2009 par une résidence aux Ateliers de l’image de Marseille, prolonge la création d’un objet numérique puis d’un magnifique ouvrage, de chine entre poésie et photographie. Initialement docteure en histoire de l’art, Anne Penders utilise l’archive comme médium, tant pour sa valeur scientifique que poétique. L’exhumation d’archives policières françaises et belges autour de l’immigration chinoise au début du XXe siècle nourrit tout particulièrement ce projet : plus qu’une appropriation de l’archive à des fins artistiques, Anne Penders entreprend une révélation du pouvoir sensible et politique des traces du passé.

Justine Pluvinage

par Alexandrine Dhainaut

Dans son épilogue de La Ballade de la dépendance sexuelle, Nan Goldin résumait par une seule image toute la complexité des sentiments, et plus généralement des relations humaines : Bleu en forme de coeur (1980)1, photographie d’une ecchymose sur une cuisse féminine dénudée, dont la forme rappelle l’organe cardiaque. Les ecchymoses, Justine Pluvinage les collectionne. Enfin, seulement les siennes pour, dit-elle, « garder la trace des coups pour toujours. Vaincre l’oubli, se souvenir de ce qui nous a marqués ». Et si comme chez Nan Goldin, ces ecchymoses pouvaient tout englober, devenir image-métaphore de toutes les réflexions qui nourrissent le travail de Justine Pluvinage ?

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