Ingeborg Bachmann

Le non-né - Histoire et récit

par Françoise Collin

Au fil du temps une oeuvre littéraire se détache des péripéties de sa première réception et redevient un texte en friche. Quittée par son auteur elle retrouve son état naissant. La lecture d’Ingeborg Bachmann est aujourd’hui décantée des lumières que la célébrité y avait projetées — « écrivain culte, membre du Groupe 47 » — célébrité qu’elle connut rapidement dès ses débuts poétiques et qui n’a d’ailleurs pas suscité que des commentaires aimables.

Du côté de la mort la vie

par Françoise Rétif · visuels: Heinz Bachmann

Elle est morte il y aura trente ans le 17 octobre 2003. Morte prématurément, à quarante-sept ans, à Rome, dans un accident.

Les brûlures de la mémoire

par Christine Koschel

Les poètes décédés sont les proies de leur temps, pour peu qu’ils aient excité de leur vivant l’imagination du public. Durant leur vie comme après leur mort, on profite d’eux. Sous de nobles étiquettes, on sait magistralement orchestrer les profits. L’oeuvre du poète, résultat d’une pensée subversive, ne vit plus que dans l’ombre.

Une amitié, entre langage et silence

par Inge von Weidenbaum

C’est en 1966 que j’ai connu Ingeborg Bachmann, et je suis restée en contact avec elle jusqu’à sa mort, en 1973. Je faisais partie de ceux avec qui elle passait volontiers quelques heures, quand elle n’écrivait pas; de ceux qui, nés dix ans ou plus après elle, jouissaient de sa confiance, sans toutefois que la familiarité fût ce que je nommai un jour la monnaie d’échange, car l’impératif de distance allait de soi et était réciproque.

Ingeborg Bachmann - poèmes

par Ingeborg Bachmann

La Bohême est au bord de la mer

On peut exiger de l’homme qu’il affronte la vérité

par Ingeborg Bachmann

L’écrivain — c’est dans sa nature — souhaite être entendu. Et cependant cela lui semble prodigieux, lorsque, un jour, il sent qu’il est en mesure d’exercer une influence — d’autant plus s’il n’a rien de très consolant à dire à des êtres humains qui ont besoin de consolation comme seuls les êtres humains, blessés, offensés et pénétrés de cette grande et secrète douleur qui distingue l’homme de toutes les autres créatures. C’est une distinction terrible et incompréhensible.

L’Autriche mythique d’Ingeborg Bachmann

par Herta Luise ott

Ingeborg Bachmann est née à Klagenfurt le 25 juin 1926. Klagenfurt est la capitale de la Carinthie, le land le plus méridional de l’Autriche et qui passe pour une belle région. La Carinthie a pour particularité d’être marquée depuis la chute de l’empire austrohongrois par un conflit parfois violent entre populations slovènes et populations dites « allemandes » — écho lointain des luttes qui avaient fini par déchirer l’Empire austro-hongrois et l’Europe par la suite.

Ingeborg Bachmann - Fragment d’Anna

par Ingeborg Bachmann

Anna s’aperçut soudain que ses amis étaient des étrangers, qu’elle avait vus pour la première fois lorsqu’ils vinrent pour l’emmener. Écarquillant les yeux, elle les regardait, l’un après l’autre.

Au temps d’Anna

par Hélène Cixous

On ne sort pas indemne d’une rencontre avec le texte appelé Ingeborg Bachmann. Est-ce une « lecture » cette force autre qui nous frappe et fouette dès les premiers mots, dès la première phrase, ou est-ce une rafale d’un vent supérieur, un coup d’esprit inouï?

Le dialogue poétique et poétologique avec Paul Celan

par Sigrid Weigel

En intégrant à la légende « Les secrets de la princesse de Kagran », dans le roman Malina, des citations de Pavot et mémoire de Paul Celan, Ingeborg Bachmann a elle-même clairement dessiné une piste qui mène au dialogue de son écriture avec celle de Celan.

Entre ombre et lumière - Bachmann, Celan et le mythe d’Orphée

par Françoise Rétif, Bertrand Badiou

On ne fait que commencer d’entrevoir ce que fut le dialogue poétique d’Ingeborg Bachmann et de Paul Celan, qui furent à la fois si proches et si étrangers l’un à l’autre, dans la poésie et dans la passion qui les lièrent simultanément.

“Guerre et paix, ça n’existe pas” - Variations sur une phrase de Malina

par Katja Lange-Müller

Pourquoi, moi qui suis une personne que les conflits ne réjouissent pas particulièrement, me suis-je décidée pour cette phrase? Pourquoi n’ai-je pas au moins renâclé quelque peu devant la tâche de réfléchir à voix haute, à partir d’une phrase de Bachmann, sur son oeuvre, son écriture, ma lecture et, si possible, sur le jeu des interactions dans le champ littéraire en général?

La guerre par d’autres moyens

par Elfriede Jelinek

En ces temps de changements et d’élans, où l’on peut enfin s’installer dans un monde (redevenu) clair — selon une expression de Peter Hamm dans son compte rendu du Chinois de la douleur de Peter Handke, paru dans Die Zeit —, où l’on écrit sans guillemets des mots comme bonheur, beauté chaleureuse, paix, accomplissement, dans un monde où la grisaille ambiante vous apparaît « colorée, éclatante, particule d’éternité », sans que vous ayez eu à recourir à quelque rénovateur d’éclat, il serait bon de se mettre à parler de combat.

Était-ce un double meurtre ?

par Elfriede Jelinek, Irene Heidelberger-Léonard

Remarques sur la lecture de Bachmann et sur le scénario du film Malina

L’ultime hommage de Thomas Bernhard à Ingeborg Bachmann

par Jean-Marie Winkler

Maria, la « grande poétesse » dans Extinction.

Ingeborg Bachmann et la musique de théâtre

par Francis Claudon

Ingeborg Bachmann a aimé la musique, le théâtre, la musique de théâtre particulièrement; elle a travaillé pour la scène, pour la radio, pour l’opéra. Aspects mineurs d’une production que la vogue féministe semble avoir définitivement imposée au goût du public international?

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