Jusqu'ici, tout va bien. Le climat d’irréalité qui règne sur la question des dettes publiques européennes rappelle fâcheusement celui qui prévalait peu de temps avant que n’éclate la crise dite du « subprime rate », révélatrice du surendettement des ménages américains. Le scénario de dirigeants impuissants face à une catastrophe annoncée semble voué à se répéter.
2012 qui va gagner le prolo?
Euro: stop ou encore?
Libérez les banques!
À entendre nos gouvernants et les séides de la toute-puissance étatique, on pourrait presque croire que l’industrie bancaire moderne est un modèle de capitalisme sauvage échappant totalement au contrôle des États. Rien ne saurait être plus éloigné de la réalité : la banque est probablement le secteur de l’économie le plus lourdement réglementé après l’industrie nucléaire et les marchands de canons. On me pardonnera de simplifier le sujet en me concentrant sur les deux principaux instruments de contrôle dont disposent nos législateurs pour mieux tenir les banques : les «réserves obligatoires» et les «ratios prudentiels» de Bâle.
OM-PSG : comment les supporters sont devenus insupportables
CLÁSICO ! Késaco ? Une demi-finale de la Ligue des Champions opposait, les 27 avril et 3 mai, le Real Madrid au FC Barcelone. Les deux équipes les plus célèbres d’Espagne s’étaient affrontées à deux autres reprises en avril, en Liga et en finale de la Coupe du Roi. En dix-huit jours, quatre authentiques clásicos qui ont fait monter en flèche la production d’adrénaline ibérique...
Normale Sup’: feu sur le quartier général
Le 19 avril, la direction de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm a fait évacuer par la police une douzaine d’étudiants de cette école qui occupaient le bureau de la directrice et la bibliothèque de ce prestigieux établissement. Cette action militante était organisée par une poignée de «néo-maos» pour appuyer les «précaires» de la cantine de l’École, en grève depuis plus de trois mois pour exiger leur titularisation.
Le chemin de Créteil
«On n’arrivait pas à croire à ce qui se passait. Ils sont entrés et, immédiatement, ils ont tiré sur la foule. Dans ce lieu de culte… Ils tuaient avec haine. Ils ont tué une femme avec son bébé et ont tiré sur une autre qui était enceinte. Elle les a suppliés de l’achever, mais ils lui ont dit : “Non, tu vas continuer à souffrir et tu iras en enfer, alors que nous, nous irons au paradis.” » C’est un récit parmi d’autres de la prise d’otages dans la cathédrale Notre-Dame du Perpétuel Secours, à Bagdad le 31 octobre 2010.
Soleil vert
«L’environnement, ça commence à bien faire !» La saillie de Nicolas Sarkozy au Salon de l’agriculture 2010 aurait pu servir d’exergue à l’excellent documentaire rediffusé par France 2 en avril − sauf qu’il date de 2008. Mais qu’importe : non seulement cette enquête, intitulée Les Prêcheurs de l’Apocalypse, ne s’est pas biodégradée, mais elle nous en apprend de belles sur les dérives et les délires de l’Église d’Écologie, qui n’a jamais été aussi influente dans notre Occident décadent.
Classes populaires, classes populistes
Le « prolo » revient. Et il n’est pas content. On l’avait oublié. Il vivait dans notre imaginaire, nourri des films d’Audiard. Casquette sur la tête et clope au bec, cet héritier de Gavroche était le visage de la France des «Trente Glorieuses», ce paradis perdu où les conflits sociaux ressemblaient à des combats « entre hommes » plutôt qu’à la guerre inégale menée aujourd’hui par des salariés transformés en individus contre des entreprises sans visage.
Entretien avec Christophe Guilluy
Crise sociale ou question raciale ? En simplifiant, on pourrait se dire que la gauche privilégie la première dimension de la maladie française et la droite la seconde. Et voilà que le Front national, soupçonné – non sans raisons – de racisme ou, au moins, de xénophobie, serait, selon un sondage, le premier chez les ouvriers.
Le patronat et ses immigrés
On dit souvent que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt. Ce n’est pas faux : entre deux prolétaires − ces hommes et ces femmes qui ne possèdent que leur force de travail −, celui qui s’active de bonne heure a plus d’emprise sur le réel que celui qui reste au lit. En louant ses bras ou son cerveau, il reçoit un salaire qui lui donne un pouvoir d’achat plus élevé, donc une liberté d’action supérieure à celle que la manne de l’État-providence offre à celui qui se contente de tendre la main.
Marine Le Pen et les ouvriers
Le carton que fait Marine Le Pen chez les ouvriers, d’après un récent sondage JDD – 36 % d’opinions favorables −, révèle peut-être que beaucoup ont peur d’y finir, sous un carton. D’après un autre sondage commandé en 2009 par Emmaüs, 56 % des Français craignaient de devenir SDF. Je ne sais pas pourquoi, mais il me semble que ces deux chiffres ne sont pas sans rapport.
Prolo, facho, la gauche aura ta peau!
Cochon de prolo ! Même pas capable de comprendre que son salut passe par la gauche, petite, grande, réformiste, radicale, mais la sainte Gauche, merde ! Ce rejeton sans coeur oublie cette génitrice possessive qu’il a reléguée dans sa maison de retraite, rue de Solferino. Salaud de pauvre ! Un ignare, un ingrat éthylique qui se jette dans les bras de la première aventurière blondasse venue. Qu’on le déshérite, ce gougnafier aux mauvaises manières !
Et Stakhanov devint Groseille
La transformation de la classe ouvrière en catégorie sociologique, sanctionnant sa sortie d’une Histoire où les théoriciens du communisme l’avaient promue au rang de force motrice de l’évolution de l’humanité, est bien antérieure à la chute du mur de Berlin. La dernière tentative pour la propulser sur le devant de la scène politique mondiale s’est soldée, au début des années 1970, par le bain de sang et la furie destructrice la Grande révolution culturelle prolétarienne chinoise lancée par Mao Zedong et sa dernière épouse, Jiang Qing.
Prolétaires, unissez-vous!
Le monde n’a pas attendu 1848 et la publication du Manifeste du Parti communiste pour apprendre, avec effroi, qu’il existait des prolétaires. Les Romains avaient les leurs. Et, au Ier siècle avant notre ère, le mot était déjà une insulte. «Eh, va donc, prolétaire !» Ils n’étaient pas esclaves, mais hommes libres, la lie de la plèbe. Citoyens de la sixième classe, ils ne possédaient rien. Rien n’est pas tout à fait exact. Ils possédaient une chose.
L’ouvrier souchien
Si l’on s’en tient à la froide définition du dictionnaire, le prolétaire est celui qui se trouve contraint de vendre sa force de travail parce qu’il n’est propriétaire de rien d’autre que son propre corps. Il ne possède ni terre, ni argent, ni statut mais seulement (et éventuellement) un savoir-faire. Dans cette acception, beaucoup de monde en France − les ouvriers, les employés et une partie non négligeable des classes moyennes en pleine paupérisation − peut penser qu’il appartient à cette catégorie.
Quand la ville ne dort plus
Il est des polars comme des cris stridents. Brut et agressif, Beyrouth-sur-Loire reflète le parcours sinueux de son jeune auteur. Pierric Guittaut a habité cinq ans dans la banlieue nord de Bourges, où il a joué l’animateur social puis le journaliste. Son voyage initiatique au Liban, à l’hiver 2004, lui a inspiré le personnage du flic Michel Jeddoun, monolithe maronite au physique buriné par ses années de phalangiste.