Non, les systèmes n’appartiennent pas au passé ! Un jeune philosophe allemand renoue avec l’ambition de ses grands devanciers en proposant une théorie radicale. Contre le matérialisme réducteur de la science moderne, qu’il accuse de méconnaître la dimension spirituelle de l’homme, il soutient que nos idées, valeurs et croyances sont aussi réelles que les atomes ou les volcans.
A quoi servent les philosophes ?
Markus Gabriel
Un smartphone est-il conscient ?
Comment une masse de tissu rose-beige logée dans un crâne peut-elle donner naissance à la conscience ? À ce monde chatoyant de sentiments, d’émotions et de pensées ? Faux problème selon certains, il est pour d’autres le « Problème dur » par excellence… La science finira bien par le résoudre, disent les uns. Ou peut-être jamais, disent les autres… Un débat vertigineux.
Žižek, compagnon de route du capitalisme
La pensée du philosophe slovène convient à merveille à une civilisation tétanisée par le spectacle de sa propre fragilité. Žižek séduit en annonçant l’apocalypse du capitalisme et en prônant la révolution depuis son fauteuil. Sourd à la réalité historique du totalitarisme, il défend une théorie de la violence rédemptrice à la fois grotesque et indécente : les Khmers rouges ? Pas assez radicaux ! Hitler ? Pas assez violent !
Derrida superstar
Comment l’auteur de De la grammatologie a-t-il pu devenir le philosophe français le plus commenté et traduit dans le monde ? Au-delà de l’indéniable brio du personnage, il faut invoquer une curieuse convergence entre la déshérence des facultés de lettres américaines et la fascination exercée par l’obscurité du propos.
L’instinct moral est inné
Pour la plupart des philosophes, la morale est propre à l’homme, car nous sommes des êtres de langage et de culture. Ce point de vue est remis en question par les darwiniens, pour qui le phénomène a des racines biologiques. En témoignent les études sur le comportement des autres grands singes. Et si notre morale reposait sur une grammaire universelle inconsciente ?
Souriez, vous êtes filmés !
La surveillance accrue dont nous faisons l’objet n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. Certes, les gouvernements disposent d’outils de contrôle de plus en plus sophistiqués. Mais les surveillés sont mieux armés que jamais contre leurs surveillants. Convertis au culte de la transparence, les citoyens s’emparent à leur tour de la technologie pour mener des combats moraux et politiques.
Le XXIe siècle est-il déjà Lacanien ?
Comment expliquer que le Docteur Folamour de la psychanalyse, maître ès hermétisme, reste la coqueluche des éditeurs et des médias de l’Hexagone ? Par une certaine propension du monde intellectuel français à s’enticher de faux-semblants.
Sloterdijk, la majesté d’un provocateur
Résolument à contre-courant, le philosophe allemand ne croit pas à la mort des systèmes. Contre l’individualisme triomphant, il insiste sur la dimension communautaire de toute expérience humaine, et propose la sélection génétique comme palliatif aux failles de l’humanisme… Une pensée qui déroute souvent, dérange parfois, mais reste toujours stimulante.
Le plus aimé des auteurs français
Naguère voué aux gémonies par une bonne partie de l’intelligentsia de gauche, Camus fait aujourd’hui l’unanimité. Cet écrivain engagé mais lucide, au charme dévastateur, avait une pensée profonde et juste. Moins libertaire que ne le dit Onfray, l’humaniste têtu qu’il était rappelle plutôt George Orwell.
Heidegger, l’antisémitisme en toutes lettres
Couronnement des oeuvres complètes du philosophe, les Cahiers noirs sont d’une lecture pénible pour ceux qui admirent la profondeur de sa pensée. Car, dans ces pages écrites entre 1931 et 1941, les considérations sur l’« histoire de l’Être » se mêlent à l’antisémitisme le plus cru. Ces textes révèlent une profonde analogie entre certains de ses concepts fondamentaux et l’idéologie nazie. Analyse d’une trahison philosophique.
Le retour de Confucius
Mis à l’index sous Mao, le père de la philosophie chinoise revient en force. Son éthique, qui prône le respect de la hiérarchie et des traditions, a en effet tout pour plaire aux leaders chinois actuels. Difficile pourtant d’enfermer dans un cadre une pensée dont le style interrogatif évoque souvent un célèbre Athénien du Ve siècle.
Dr Montesquieu et Mr Swift
Les Voyages de Gulliver sont parus cinq ans après les Lettres persanes. Il est bien possible que Montesquieu ait influencé Swift, tant les ressemblances sont frappantes. Mais les deux auteurs n’ont pas la même philosophie. Pour le Français, courtois et distancié, l’espèce humaine est capable de progresser. Pour l’Irlandais, féroce et intransigeant, les hommes sont irrécupérables. Lequel avait raison ?
La revanche posthume d’Ortega y Gasset
Injustement décrié pour sa neutralité pendant la guerre d’Espagne, l’auteur de La Révolte des masses était pourtant un penseur de premier plan. À bien des égards prophétique, ce libéral convaincu, laïc, démocrate élitiste, promoteur de l’idée européenne, mettait en garde contre les radicalismes de droite comme de gauche.
Deux archaïsmes croisent le fer
Badiou et Finkielkraut s’affrontent à fleurets mouchetés. L’un est encore communiste, l’autre toujours conservateur. Mais beaucoup de choses les rapprochent : le souci de l’identité française, la critique de la démocratie et le caractère obsolète de leurs visions.
Charles Taylor
Au moment où la France interdit le port de la burqa, le grand philosophe canadien en appelle à une laïcité plus ouverte. Car il faut s’y faire : l’avènement de la raison n’a pas sonné le glas de la religion ; elle a diversifié la gamme des options qui s’offrent à l’individu.