Cela fait un certain temps que germe ce dossier, qu’il se bouscule et se transforme au gré des sorties de films et d’une actualité quelque peu chaotique des industries cinématographiques à travers la planète. L’idée de départ est simple : parler différemment du cinéma, le faire par l’intérieur et à l’envers. C’est-à-dire refouler, si possible, au préalable, la critique, l’analyse et l’éternelle recherche d’enjeux politiques ou sociaux au profit d’un regard portant sur la création au jour le jour, sur ces actes et ces gestes qui font les films, au quotidien et à répétition. Surtout et avant tout, donc, parler de celles et ceux qui travaillent dans l’industrie, de leur monde, leurs métiers, leurs réalités (de vie et de travail), et cela vu par le cinéma. Vérité, mensonges, stéréotypes, évidences, à eux de juger, à nous de comprendre et à tous, quoi qu’il arrive, de réfléchir.
Travailleurs, travailleuses
Dans la famille cinéma, je demande...
Ça tourne! (à la catastrophe)
Casser le cinéma pour mieux le définir
Brian De Palma
Les métiers du cinéma vus par... Brian De Palma
Du chaos au temps retrouvé
Les tournages de films européens indépendants à l’écran
Un bouddha zen des plateaux de tournage
Le métier méconnu de scripte
À la recherche de la belle audition
Les coulisses d’un métier invisible
Chaque cadre compte
La réalité de la salle de montage
De la main aux corps
Les cinéastes dans l’animation
Abel Ferrara
Les métiers du cinéma vus par... Abel Ferrara
L’art discret de documenter un tournage
Les récentes stratégies publicitaires de Mission: Impossible – Dead Reckoning, Part One et de Top Gun: Maverick, entièrement dédiées à l’imposante préparation nécessaire aux cabrioles du sexagénaire Tom Cruise, rappellent que le making-of est un genre représenté avant tout par des objets promotionnels. Même lorsqu’il s’agit d’un documentaire de coulisses de plusieurs heures, il est rare que ce dernier fasse preuve d’une ambition artistique dépassant sa fonction de produit de studio.
Jean-Luc Godard
Les métiers du cinéma vus par... Jean-Luc Godard
Thierry Lefèvre
Profession : projectionniste
Le cinéma peut-il encore faire rêver ses artisans ?
Quelles rêveries habitent le projectionniste dans sa cabine? C’est la question à laquelle répondent Thierry Lefèvre dans l’entretien qui précède, mais aussi Buster Keaton dans Sherlock Jr. (1924). Et plus généralement, cette question ouvre sur une autre, plus large: quelles rêveries habitent ceux qui font le cinéma lorsqu’ils le regardent? Qu’en est-il de sa magie pour ceux qui en connaissent les coulisses et les rouages?
Goodbye CP de Kazuo Hara (1972)
Dans ses mémoires professionnelles intitulées Camera Obtrusa, le documentariste japonais Kazuo Hara évoque d’entrée de jeu ce qui le distingue de Shinsuke Ogawa, son prédécesseur universellement respecté. Ogawa privilégiait une immersion au long cours auprès des gens qu’il désirait filmer, afin d’établir un profond lien de confiance avant de commencer un tournage. Pour Hara, au contraire, « la caméra est là dès le début ». « Ultimement, la principale différence entre Ogawa et moi réside dans ce que nous désirons voir», affirme-t-il. «Je veux voir toutes ces choses embarrassantes que les êtres humains cachent au plus profond d’eux-mêmes. [...] Avec la caméra, je tente de générer les actions. Je veux les forcer à exister. À l’aide d’une force délibérée. »
The Player de Robert Altman (1992)
Parmi les métiers les plus emblématiques de l’industrie du cinéma, la figure du producteur est probablement celle qui échappe le plus difficilement à la caricature. L’âge d’or de Hollywood a eu son patron de studio vociférant, cigare au bec, sur les plateaux de tournage. Même Vincente Minnelli, dans The Bad and the Beautiful (1952), n’a pas entièrement réussi à tordre le cou à cette image d’Épinal.