Entretien avec Bernard Lahire
Enfant
L’enfance des inégalités
La protection des enfants: enjeux juridiques et institutionnels
Le principe selon lequel tout enfant devrait bénéficier d’une protection lorsqu’il est en danger, n’a rien de naturel, même si la question du rôle de la famille nous paraît, à première vue, essentielle à cet égard.
Le droit et les enfants nés sous GPA
Entretien avec Caroline Mécary
Donner naissance en prison
Entretien avec Pascale Giravalli Pascale Giravalli est médecin psychiatre et travaille auprès de personnes détenues depuis le début des années 1990. Elle est intervenue de 1994 à 2017 notamment aux Baumettes à Marseille auprès de jeunes mères et de leurs bébés et prolonge ainsi son engagement au sein de l’Association Relais EnfantsParents (AREP) 1 dont elle fut pendant longtemps la présidente à Marseille.
Paraître & masculinité dans le Paris populaire des années 1960: comment se construisent les garçons “dans le vent ”?
À partir d’archives judiciaires de la jeunesse, cet article vise à restituer une parole masculine – rare sur le sujet –, celle de jeunes Parisiens de classes populaires évoquant leurs apparences corporelles et vestimentaires, laissant entrevoir à l’aube des années 1960, dans une société où le paraître et la séduction prennent de plus en plus de place, une nouvelle masculinité qui n’efface pas complètement toutes les normes de genre traditionnelles. Il s’achève sur les rêves d’ascension sociale de ces garçons.
L’enfant politique
Elizabeth première, Louis XIV, Winston Churchill, Golda Meir, Margaret Thatcher, Angela Merkel, tous les grands hommes politiques ont commencé petits. Et l’on ne peut s’empêcher d’imaginer qu’enfants, la passion politique était déjà en eux, en gestation. Mais si tous les hommes politiques, comme les femmes bien évidemment, ont été enfants, y a-t-il pour autant des enfants politiques? L’expression même d’enfant politique semble relever de l’oxymore exprimant la bizarrerie, l’impossibilité logique et ontologique d’une telle hypothèse. La tradition philosophique, en effet, ne s’est-elle pas constituée par ce geste inaugural de mise à l’écart de l’enfant de la vie politique?
À l’enfant la royauté!
Les puissances de l’imagination Prendre soin d’un enfant, c’est prendre soin de son avenir. Et prendre soin de son avenir, c’est prendre soin de son imagination, c’est-à-dire de sa capacité à inventer cet avenir en prenant appui sur le passé. Notre problème se déplace alors vers la question suivante: comment prendre soin de l’imagination, de telle sorte que cette faculté soit véritablement perçue comme une ressource première pour organiser et structurer le champ des expériences vécues tout au long de la vie? Comment l’imagination nous aide-t-elle à prendre appui sur la tradition et le passé pour construire un avenir ouvert et différent, et peut-être meilleur?
L’enfance de la pensée: la philosophie avec les enfants.
Faut-il philosopher avec les enfants? L’enfance est elle un régime anthropologique particulier au point où la doxa n’aurait pas encore teinté de ses biais épistémiques la logique du puer cogitans? La question est rémanente dans l’histoire de la philosophie: les enfants sont-ils rationnels et suffisamment intelligents (non pas doués de raison) au point où les questions nécessaires et universelles peuvent être abordées avec eux, nonobstant le fait qu’il faille accommoder les formes logiques de ces questions à leur singulier profil cognitif?
La fabrique de l’enfant sauvage
On ne peut se tenir dans l’enfance. Elle est par définition passage. Ce caractère évanescent est sans doute la cause principale des dangers encourus par les enfants: les adultes savent que « ça va passer ». L’enjeu est donc comment faire passer le sauvage (qui ne peut parler mais dont il faut permettre l’expression). Sans doute la solution la plus fine est celle de Rousseau: « faire le moindre mal ».
Une dérobade
Ce n’est pas là le récit heureux de l’enfance heureuse, ou supposée l’être, véhiculée qu’elle est par cette propension à la légende et à l’image d’Epinal qui touche et déploie ordinairement ce monde premier. Point de bonheur ici – il est toujours l’affaire des idéalistes –, pas d’insouciance ni de monde merveilleux, mais l’indéterminable surgissement d’un être à partir de ce qu’il n’est pas et qu’il ne sera jamais plus, et qui est appelé, par son Nom, à devenir ce qu’il n’est pas, et à être ce Nom.
À la Recherche du temps perdu - La piste de l’enfant sensitif
« La déveine est pour nous, et le plus regrettable est que nous en avons toute la responsabilité »: le jeune Gaston Gallimard, directeur de la NRF, est très dépité. Il ne s’en cache pas à Proust dans la lettre qu’il lui adresse le 29 février 1916. Il faut le comprendre: personne, dans cette nouvelle maison d’édition déjà si prestigieuse, et si sensible à l’avant-garde, pas même André Gide, n’a su reconnaître dans le manuscrit de Du côté de chez Swann une révolution littéraire en marche. Bernard Grasset, jeune encore lui aussi, a publié le volume en 1913, d’ailleurs à compte d’auteur. Pourtant, Gaston Gallimard le sent, il existe encore une chance de publier la suite annoncée d’À la Recherche du temps perdu. Cette fois, l’ambitieux libraire entend bien ne pas se laisser doubler. Il déploie toute l’affectueuse et savante flatterie des séducteurs patentés:
L’enfance, les enfants et le cinéma - Entretien avec Valérie Vignaux
Professeure à l’université Caen-Normandie Valérie Vignaux est historienne du cinéma, elle a présidé l’Association française de recherche sur l’histoire du cinéma de 2014 à 2018. Visiting professor à l’université de California-Berkeley (août-décembre, 2018), elle est membre du LASLAR (UA 4256) et chercheuse associée à l’InTRu (EA 6301). Ses recherches croisent histoire des idées et histoire sociale, à travers l’étude des critiques et théoriciens et celle des usages non commerciaux du cinéma, militant et éducateur.
Tomi Ungerer, un dessinateur pour l’enfance
Explorer le lien d’un artiste, quel qu’il soit, avec l’enfance, la sienne et de manière générale celle des autres, est un sujet aux aspects passionnants et complexes. C’est le cas chez Tomi Ungerer, dont l’œuvre graphique et la vie personnelle sont intimement liées, comme en témoigne entre autres la relation qui existe entre son œuvre à destination de la jeunesse et ses années d’enfance.
Pitié pour la créature!
Nous nous proposons d’examiner les différentes figures de l’enfant dans la pensée de Pasolini. Notre examen remontera le cours du temps, partant des dernières interventions civiles (notamment les Lettres Luthériennes), pour s’arrêter au recueil La Religion de mon temps (1961), où retentit le cri: pitié pour la créature! Cette remontée s’apparente à une régression, dont les étapes sont la jeunesse, le fils, l’enfant, la créature. En cette dernière, le poète trouve la limite, aussi bien que la condition, de son geste (observer les changements insensibles et voir les mutations anthropologiques et chercher à se désillusionner), qui revêt un aspect tragique.