La sécurité alimentaire et les défis agricoles

Les biotechnologies vertes, source de sécurité alimentaire pour un développe- ment durable à l’ère de la Covid-19 en Afrique ?

par Tatiana Flore Tchinang Kemegni, Alain-Martial Sontsa-Donhoung

14 La sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne est davantage menacée avec la crise sanitaire. Les biotechnologies vertes (BV) peuvent-elles apporter une réponse en termes d’augmentation de la productivité agricole durable ? Cette contribution s’appuie sur une recherche documentaire. Elle analyse les enjeux des biotechnologies en matière de sécu- rité alimentaire, et propose quelques plans d’actions stratégiques afin de préserver la sécurité alimentaire à l’ère de la Covid-19. Bien que la désinformation des agriculteurs entrave l’essor des BV, elles ont certainement le pouvoir de contri- buer à accroître la productivité agricole, forestière et halieutique. Cependant, il existe des risques potentiels sur la santé humaine et les agroécosystèmes. Pour garantir la sécurité alimentaire pendant la pandémie et au-delà, les États africains devraient promouvoir le modèle agroécologique. Ce modèle contribue non seulement à la résilience des systèmes de production agricole et d’approvisionnement en denrées alimentaires des populations rurales et urbaines touchées par la crise sanitaire, mais également à la réduction des inégalités, tout en stimulant la croissance économique et la création d’emplois. Il convient enfin de ne pas sous-estimer le rôle crucial d’autres facteurs essentiels du développement : la sécu- rité, la paix, un meilleur accès au savoir et des investissements renforcés en formation, en recherche et en vulgarisation.

La biotechnologie au Cameroun : pour un maintien de la biodiversité ?

par Isabelle Dorcas Oleya Noah

On se pose fréquemment la question de l’impact du développement des biotechnologies sur la biodiversité mondiale en général et celle du Cameroun en particulier. On note, d’une part, des apports à l’augmentation de la conservation de la biodiversité et, d’autre part, des effets négatifs tendant à l’anéantir. Les biotechnologies modernes contribuent à la conservation et à l’utilisation durable des espèces. Cependant, dans plusieurs domaines, elles peuvent freiner le déve- loppement ou poser de graves problèmes pour la survie de la biodiversité et pour les communautés rurales.

Les échanges commerciaux des produits agricoles entre l’Union européenne et l’Afrique Centrale : enjeux des normes

par Raoul Ehode Elah, Nourou Mohamadou

La production agricole est soit consommée directement soit commercialisée. La vente peut se faire tant sur le marché local que sur le marché international. Les producteurs qui désirent exporter leur production sont tenus de se conformer aux normes Sanitaires et phytosanitaires (SPS) et aux techniques de production en vigueur dans l’Union européenne (UE). Le respect de ces normes est un préalable pour l’accès au marché international. Ainsi, le cadre de l’interrogation qui a guidé notre recherche a été de savoir le but visé par les normes imposées à l’entrée du marché européen. Sur la base d’une analyse théorique centrée sur la revue documentaire et statistique, nous avons montré que le rôle des normes est mitigé sur les exportations des pays de la CEMAC. D’abord, l’exigence des normes stimule les producteurs à mettre sur le marché des pro- duits de qualité. Ensuite, les normes limitent l’expansion des exportations des pays de la CEMAC sur le marché de l’Union européenne. La principale cause est la faible capacité financière, matérielle et d’expertise pour la conformité de leur production aux normes SPS et Obstacles Techniques au Commerce (OTC) de l’UE. Enfin, que ce soit en compétitivité prix ou en compétitivité qualité, la capacité des pays de la CEMAC est faible.

Les implications de la législation européenne dans les échanges agricoles avec l’Afrique

par Noël Romuald Meke

Alors que la crise sanitaire de la Covid-19 s’intensifie, le problème de la sécurité alimentaire vient se gref- fer dans un agenda mondial surchargé. L’Union européenne a su prendre bien longtemps la mesure de cet enjeu. Dès 2000, l’Union européenne (UE) et ses pays partenaires ACP posèrent les bases nécessaires à un échange équilibré à travers la signature de l’accord de Cotonou. Par cet instrument, l’UE établissait un cadre d’échange agricole avec l’Afrique. Deux décennies plus tard la balance des échanges affiche un résultat mitigé en Afrique. La législation européenne dans les échanges agricoles sonne l’exigence de qualité des produits afri- cains. Ces derniers sont assujettis au caractère hégémonique de l’Union européenne qui régit la loi du marché. Dans ce contexte, cet article analyse les effets pervers de la législation européenne dans les échanges agricoles avec l’Afrique. Cette réglementation est ainsi, apparemment, chargée de réali- ser la tendance hégémonique de l’UE. Ceci se traduit par l’écoulement en quantité importante des biens Européens sur les marchés des Etats africains et, le déficit commercial qui se creuse davantage.

Les obstacles à la sécurité alimentaire : la raréfaction des ressources humaines et foncières

par Mireille Kanga Ekra

La sécurité alimentaire est un enjeu déterminant pour les pays africains dont le nombre d’habitants devrait considérablement augmenter d’ici 2030. En effet, pour répondre d’une manière durable aux besoins alimentaires des ménages, les gouvernements doivent mettre la sécurité alimentaire au centre de leurs politiques publiques. Dans la grande majorité des pays africains, la faim reste une problématique non résolue. La sécurité alimen- taire est confrontée à une raréfaction des ressources humaines et foncières. Primo, la ressource humaine dans le secteur agricole s’amenuise car elle ne bénéficie pas d’un réel soutien. En effet, l’absence de pro- tection sociale dédiée à l’agriculteur africain empêche l’accès aux soins de santé en cas de maladies liées ou non à l’activité agricole. Cette précarité sanitaire est un frein majeur à la pratique de l’activité agricole voire à la sécurité alimentaire. Secundo, la ressource foncière se raréfie car la ruée vers les terres agricoles s’intensifie. Les surfaces agricoles font l’objet de spéculations entre les États africains et les investisseurs étrangers dont l’activité est axée vers la production de l’agro-carburant. Dès lors, cette situation limite l’accès des peuples autochtones à la terre pour produire des cultures vivrières destinées à leur propre consommation. Notre analyse s’attache à démontrer que l’amenuisement de la main d’œuvre et l’accaparement des terres agricoles contribuent à rendre ineffective la sécurité alimentaire dans les pays africains.

Le positionnement de l’agriculture et de l’environnement dans la coopération internationale : cas de projets financés par l’Agen

par Christian Kouebou

Face à la montée des enjeux environnementaux globaux, la coopération internationale en matière d’agriculture a été appréciée en Afrique (subsaharienne). Les projets financés par l’AFD de 1998 à 2021 ont été compilés et analysés dans l’optique d’évaluer le positionnement de l’agriculture et de l’environnement. Il en résulte 1456 projets pour un finance- ment total de 41,5 milliards d’Euros. Les thématiques de développement (n = 18) se répartissent en 3 groupes. Le groupe I [62,8% des projets dominés par l’éducation (14,8%), agriculture et développement rural (13,4%), eau et assainissement (12,8%), énergie (11,0%) et, santé et protection sociale (10,8%)] révèle la place prépondérante de l’agriculture. Le groupe II [34,6% des projets portant sur la biodiversité (2,5%), infrastructures (3,2%), lutte contre les inégalités (3,8%), gouvernance (4,3%), mobilités et transports (4,5%), climat (5,0%), villes durables (5,2%) et, emploi (6%)] confirme la percée des problé- matiques environnementales. Le groupe III (2,6% des projets sur les industries culturelles, sport et développement, éga- lité des sexes, social and inclusive business, numérique et innovation) atteste du retard sur les thématiques prisées par la jeunesse. Les disparités et similarités entre les continents (Afrique, Amérique latine, Asie, Europe et Moyen Orient) et entre les Communautés Économiques Régionales Africaines (CEDEAO, CEMAC, EAC, SADC et UMA) sont discutées au regard de leur évolution sur 4 périodes (‹ 2006, [2006-2010], [2011-2015] et, [2016-2020]). La coopération triangulaire ne porte que sur 12% de ces projets, certifiant la nécessité d’intensifier la coopération Sud-Sud sur les priorités subsahariennes.

Les politiques d’innovations du MINRESI dans l’agriculture au Cameroun

par Joseph Yves Zoa Zoa, Alain Thierry Ovono Zoa

Le Cameroun constitue un hub en Afrique centrale au point socio-économique, politico-culturel et logistique. En ce sens, c’est le couloir de transit des produits manufacturés et matières premières ; l’entrée et de sortie des po- pulations, des artistes et des sportifs car il héberge les structures adéquate de promotion. Malgré les périodes de contrariétés sociales internes comme la Covid-19, il est une référence et devient un pôle d’institutions politiques sous-régionales ainsi qu’une mamelle nourricière. Pour maintenir le leadership et conserver sa souveraineté, les pouvoirs publics conçoivent les macro-stratégies déclinées en politiques sectorielles et actions opérationnelles utiles à l’amélioration de la qualité de vie. Dans cette perspective, le MINRESI a introduit des politiques d’inno- vations dans le système agricole camerounais à l’exemple du « champ-école-paysan » en 2014. Elles visent la maîtrise par le paysan des technologies de production inédites et inoffensives sur l’environnement notamment l’extension des parcelles de culture, les changements dans les usages des terres, le relèvement des rendements. Elles réduisent l’insécurité alimentaire et la destruction de l’environnement ; elles promeuvent le vivier marchand, l’agriculture de rente et l’agro-industrie, qui procurent les réserves alimentaires d’autoconsommation et de com- mercialisation extérieure. Désormais, le pays régule la géopolitique agricole sous régionale grâce aux politiques mesurées sur l’environnement.

“One Planet Summit ”, l’agro-géopolitique euro-africaine : retour sur une initiative à la croisée d’enjeux économiques et géopo

par Marina Novac

Le président français Emmanuel Macron a ouvert, le 11 janvier 2021 à Paris, un « One Planet Summit » consacré à la biodiversité, avec pour objectif de relancer une diplomatie verte mise à l’arrêt par la Covid-19, pandémie qui illustre précisément les dangers des dérèglements environnementaux. Il faut également mettre en évidence l’importance de l’agriculture africaine confrontée à des nombreux problèmes liés d’un côté aux dérèglements climatiques et d’un autre coté à une croissance démographique importante. La mobilisation de financements pour la biodiversité, la lutte contre la déforestation, la protection des écosys- tèmes et des espèces, constituaient les sujets importants nécessitant toute l’attention de scène internationale en raison notamment, de la pandémie de la Covid-19. Il est important de mettre en place un nombre important de décisions pour faire face à la situation actuelle. L’initiative eurafricaine « IAM Africa » pour la préservation de la biodiversité et le renforcement de l’agroéco- logie, a été annoncée lors du forum consacré au financement de la Grande muraille verte ayant pour but de lutter contre les effets du changement climatique et de la désertification en Afrique. Cette initiative a été créé en présence du président Macron, de Mohamed Ould Ghazouani, le président de Mauritanie et du Prince de Galles. On constate l’importance de traitement des dangers des dérèglements environnementaux, qui ont été mondialement reconnus et la mise œuvre de certains projets portant un grand espoir autant pour les dirigeants politiques que pour la population.

Les enjeux de la résilience alimentaire en situation de crise : regards croisés

par Cyril Njokep Tsinda

L’insécurité alimentaire n’est pas une réalité nouvelle pour l’Afrique. Depuis plus de vingt ans, le continent est aux prises avec la faim et l’insécurité alimentaire. La lenteur des progrès à l’égard de la sécurité alimentaire est attribuée à la faible productivité des ressources agricoles, à la forte croissance de la population, à l’instabilité politique et aux différentes crises survenues sur le continent. Ces crises ont mis en avant la dépendance dramatique et grandissante des popula- tions africaines vis-à-vis des importations. La crise sanitaire de la Covid-19, qui a eu un effet négatif incommensurable sur la sécurité alimentaire en Afrique, est venue nous le rappeler. Car, elle a amplifié et aggravé les problèmes cou- rants tels que la grande pauvreté, les mauvaises infrastructures, l’insuffisance des investissements et des ressources, le manque de compétences et de connaissances, l’inefficacité des politiques liées aux secteurs de l’alimentation et surtout de l’agriculture en Afrique.

Les facteurs d’insécurité alimentaire en Afrique

par Deborah Makonda

L’objet de cet article est d’étudier les différents facteurs d’insécurité alimentaire sur le continent africain. Cette analyse apparaît pertinente au vue du contexte actuel où la sécurité alimentaire est l’une des priorités de l’Agen- da 2063 de l’Union africaine et également au centre des objectifs de l’Union européenne au regard de sa régle- mentation. L’insécurité alimentaire a augmenté en Afrique ces dernières années et le continent n’est pas en bonne voie d’éliminer la faim d’ici 2030. Sur le continent africain, les causes d’insécurité alimentaire sont nombreuses telles que l’extrême pauvreté, le manque d’investissements dans l’agriculture, la mauvaise répartition des ressources alimentaires, le changement climatique et les conflits. La pandémie de la Covid-19 qui est venue fragiliser les chaînes d’approvisionnements et des systèmes alimentaires mondiaux s’ajoute à la liste des différents facteurs.

A qui profite la faim ? Terrorisme, élites et insécurité alimentaire à l’extrême nord Cameroun

par Yannick Jaurès Fankem Fotso

Cette contribution analyse dans quelle mesure le terrorisme, la lutte contre le terrorisme de Boko-Haram ren- force l’insécurité alimentaire chez les populations de la localité de l’Extrême-Nord du Cameroun. En s’appuyant sur des données empiriques, depuis la survenance des premières attaques terroristes en 2014, cet article ex- plore comment l’instrumentalisation de la vulnérabilité populationnelle (induite par le contexte de crise sé- curitaire) par les élites politico administratives locales et les parties au conflit génère et renforce l’insécurité alimentaire desdites populations. Pour rendre compte de cette réalité, des descentes de terrain ont été ré- alisées entre février et mai 2020 dans la localité susvisée. L’observation directe et les entretiens constituent des techniques de collecte de données. Les résultats auxquels nous sommes parvenus révèlent que l’insé- curité alimentaire s’est renforcée avec la survenance du terrorisme et le conformisme élitaire où ces derniers tirent profit en instrumentalisant les populations vulnérables pour se positionner et se maintenir au niveau local et national grâce à leur « gastropouvoir » et leur capacité de mobilisation de la « gastropolitique ».

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