La loi du plus fort paraît inscrite dans la logique des rapports entre groupes humains depuis les temps les plus reculés. Sous des formes diverses, usant de moyens différents, des conquérants ont construit des Empires dans toutes les périodes de l'histoire. Les uns semblent dus à la seule volonté de grands chefs de guerre ; d'autres obéissent à la poussée de peuples nomades, menés par des hommes de foi ; d'autres construits par étapes sont fruits de mariages princiers, d'alliances dynastiques ; d'autres enfin résultent de besoins d'expansion économique, tels le manque de terres à coloniser ou la recherche d'approvisionnements à bon marché.
Nationalismes
La fin des Empires, des Ottomans aux Britanniques
La décomposition de l’Empire soviétique
L'évolution récente de l'URSS un Empire qui explose et dont les convulsions et les confrontations sanglantes contribuent à dégrader l'économie et les projets politiques combine des tendances contradictoires que l'observation superficielle ne permet pas de comprendre. Décolonisation difficile, montée des nationalismes, nationalisme contre démocratisation, autant de jugements dont aucun ne rend compte de l'extraordinaire complexité des développements présents dans l'espace soviétique.
Nationalisme et universalisme
Bien que commandé, dit-on, pour la circonstance, Aida ne fut pas représenté lors de l'inauguration officielle du canal de Suez. L'absence A'Aïda ôte quelque peu d'exemplarité à mon conte moral : un opéra « nationaliste » et d'ailleurs complètement anachronique en dépit de la caution de l'égyptologue Mariette au bon Camille du Locle inspirateur du livret de Ghislanzoni, dû au plus « nationaliste » des grands musiciens du XIXe (Wagner n'est battu que d'une roue et pourtant qui ne préférerait l'idéologie du Verdi à celle prêtée à Wagner ?) représenté, à la gloire du « nationalisme » égyptien (de l'époque pharaonique !), en l'honneur d'une entreprise européenne visant à faciliter l'accès à l'océan Indien grâce à une Compagnie universelle bénéficiaire d'une concession accordée par le Khédive en 1854 et 1856, confirmée par le Sultan en 1866 et intégrée au régime définitif consacré par la Convention de Constantinople de 1888 assurant « le libre usage du Canal à toutes les puissances intéressées ».
Que reste-t-il du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes?
Assistons-nous à la fin de l'histoire du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ? Esquissé à la fin du XVIIIe siècle, ressort des nationalismes du XIXe, formulé avec éclat par Wilson pendant la première guerre mondiale, simple principe politique à l'origine il est devenu un droit véritable par sa consécration en 1945 dans la charte des Nations Unies, puis en 1966 dans les pactes internationaux des droits de l'homme. Sa mise en a dominé l'action de l'ONU dans les décennies 50 et 60 et encore dans les années 70.
Nationalisme à la française
Dans un article récent, Louis Dumont oppose, à l'aide d'une relecture de l'histoire de la société française, la gauche à la droite, estimant que seule la première met, depuis la Révolution de 1789, l'accent sur les principes de type universaliste, l'ancienne Gemeinschaft traditionnelle laissant place à une nouvelle Gesselschaft désormais basée sur des individus libres et égaux. Le peuple d'un territoire se conçoit lui-même, depuis Valmy, en fonction d'un paradigme universaliste, métamorphosant dès lors l'holisme traditionnel au fondement organiciste.
L’Allemagne : reconstruction d’une Nation
La réunification de l'Allemagne ne fut pas le produit de négociations entre États comme on l'avait cru notamment dans l'immédiat après-guerre. Il n'y eut donc pas, à proprement parler, réunification, mais accession d'un Etat à un autre Anschluss qui, dans une acception originale signifie raccordement et ne prend le sens d'annexion que dans un contexte historique précis. Un Etat, l'est-allemand, disparut, en déroute politique, économique et morale. L'unité se fit donc par nécessité économique et politique, sans toutefois unifier sur le champ sociétés et économies allemandes. En ce sens, l'unité politique s'est faite le 3 octobre, mais l'unification économique, sociale, intellectuelle... ne fait que commencer. L’État national s'est constitué mais la Nation existe-t-elle encore ?
Le nationalisme arabe sans peur
Le nationalisme a besoin d'un mythe1. Sa difficulté c'est que l'homme ne vit pas d'un seul mythe. Il peut accrocher celui de son identité à la fois aux contes et légendes de sa nation, de son village, de sa région, ou aux miracles de sa religion. C'est en bifurquant et jamais en marchant droit que l'homme se saisit de lui-même, dans son groupe.
La solution fédérale bilan critique
C'est l'universalité des citoyens d'une part et les individus d'autre part qui constituent la trame de l’État unitaire. L’État fédéral, en revanche, comprend des individus qui sont réunis d'abord dans des groupes territoriaux et/ou nationaux, étant entendu que l'ensemble peut être plus ou moins diversifié, chaque groupe étant à son tour plus ou moins homogène.
Minorités nationales : reconnaissance et protection
Le concept de « minorité nationale » est né avec celui de nation. En dehors de l'existence d'un État-nation, ou de l'aspiration vers un État-nation, on ne peut guère parler de minorité nationale. Si la nation est « la communauté de destin qui légitime l’État », alors la minorité nationale est la population restant en dehors de cette communauté de destin. L'existence d'une telle minorité est donc basée d'abord sur un élément négatif de l'exclusion : les caractéristiques propres du groupe ne sont pas prises en compte dans la constitution du lien national dans l’État où il vit.
L’Europe : balkanisée, communautaire ou dominée ?
A l'échelle du monde, la fin de la bipolarité a fait sortir l'ONU de la léthargie où l'enfermait la rivalité des deux Grands. Mais le monopole de réveilleur suscite des inquiétudes. La collaboration du Conseil de Sécurité qui prend les décisions et de l'armée américaine qui les fait appliquer a transposé sur le plan des relations entre États le mécanisme qui a permis de substituer l'ordre national aux désordres féodaux, voici quelques siècles.
Lettre de RFA. Aspects constitutionnels de l’unification allemande
L'unification allemande n'est pas seulement l'événement majeur pour l'Allemagne depuis la fin de la seconde guerre mondiale, mais sans doute aussi l'un des événements les plus importants pour toute l'Europe. Ses aspects extérieurs le problème des alliances furent largement débattus, notamment à l'étranger, et finalement réglés avec celui des frontières dans le traité, signé le 12 septembre 1990 à Moscou, par les deux États allemands et les quatre puissances victorieuses. Les difficultés économiques, financières et sociales, plus importantes que prévu, étaient et sont toujours, en RFA, au centre du débat entre le Gouvernement et sa majorité parlementaire d'un côté, et l'opposition de l'autre.
Lettre de l’Europe de l’Est Le retour de l’histoire
La Révolution de 1989 et la chute du système communiste ont été présentées par certains esprits outre-Atlantique comme la « fin de l'histoire ». En Europe du Centre et de l'Est elle est vécue comme le retour de l'histoire. Et ce dans les deux sens du terme : 1) « L'histoire que l'on avait artificiellement arrêtée s'est remise en marche », avait dit Havel pendant la « révolution de velours » à Prague. Après une glaciation de près d'un demi-siècle l'Europe centrale est de retour dans le paysage européen ; 2) Sous le communisme on disait que le plus difficile à prévoir c'était le passé. Aujourd'hui l'histoire est redevenue un enjeu intellectuel et politique majeur pour les nations de l'autre Europe.