Un spectre hante l'histoire de la télévision : celui du ministre en train de téléphoner (par ligne directe ?) et de dicter à l'opinion, par journaliste interposé, ce qu'il faut (ne pas) penser. Variante : le même ministre, d'un coup de crayon, réformant l'audiovisuel pour mieux l'assujettir. C'est volontiers l'image qu'on a des années soixante. Au contraire, après l'éclatement de l'ORTF, et mieux encore, après l'alternance, la mise en concurrence des chaînes, la création de chaînes privées, la « professionnalisation » des journalistes auraient entraîné une irréversible « émancipation ».
Télévision
Brève histoire du pouvoir et de la télévision
Télévisions privées : chronique d’une émancipation avortée
« Je suis pour la liberté d'informer. La question ne se pose pas d'être pour ou contre. On ne peut pas être contre. Les moyens de diffuser les images vont se multiplier : le problème est de savoir comment organiser cette liberté. » C'est par ces petites phrases sibyllines lâchées à l'occasion d'une présentation des vœux à la presse, le 4 janvier 1985, que François Mitterrand signe l'acte de naissance des télévisions privées. Un an plus tard, les deux premières chaînes commerciales françaises sont lancées. En 1987, le Gouvernement de Jacques Chirac complète l'opération par la vente de TF1 puis par la privatisation d'Havas qui entraîne de facto celle de Canal Plus jusqu'alors contrôlée majoritairement par des capitaux publics.
La hiérarchie cathodique
Changement gouvernemental rime, la plupart du temps, avec valse des têtes dans l'audiovisuel public. Dans la foulée de la privatisation, de nouvelles figures apparaissent.
Le grand journal du soir
L'homme est seul. Sa chemise blanche fait tache sur l'image. Il s'avance d'un pas presque nonchalant vers la colonne de chars. Le plan, au bout du téléobjectif, tremble un peu, on ne distingue pas son visage. Branchées sur cnn qui pour la visite de Gorbatchev en Chine a multiplié ses moyens à Pékin, les rédactions du monde connu, celui que relient les satellites de communication, se figent.
Le pouvoir de l’animateur
Les animateurs vedettes sont aujourd'hui en France un objet de litige. Cette petite vingtaine de personnalités, dont le nom serait familier au téléspectateur le moins assidu, jouissent en effet d'une situation privilégiée au sein de l'institution qui les emploie. On n'évoque en général que ses aspects pécuniaires ; pourtant l'étude du pouvoir de ces animateurs présente un intérêt qui dépasse largement ces considérations financières.
Les télévisions locales en France
Y a-t-il un modèle (ou un contre-modèle) français des médias communautaires ? Peut-il exister des médias locaux dans ce pays qui fut un des plus centralisés et qui le reste encore très largement ? Peut-on identifier des expériences significatives de médias alternatifs, là où les communications furent soumises si longtemps au régime du monopole du service public ? Comment les pouvoirs publics locaux se sont-ils emparés des opportunités qui leur étaient offertes ?
Le secteur audiovisuel dans la tourmente internationale : des contraintes à la politique
Le débat sur l'audiovisuel en Europe est dominé par l'évolution des contraintes d'ordre international : celles-ci auraient tant de force qu'elles pourraient balayer toute velléité de volontarisme politique, que ce soit au niveau européen ou à celui des Etats. L'internationalisation, due à des raisons économiques plus que politiques, dicterait une loi irrésistible d'évolution du secteur audiovisuel, évolution confortée par le progrès des techniques de communication nulle nation ne pourrait être à l'abri d'images venant d'un autre pays.
Les quatre télévisions européennes
L’Europe de la télévision peut être décrite comme un pudding, un magma, un puzzle, en tout cas un ensemble très hétérogène. Le long de ses canaux, on est certes bien loin de trouver cette homogénéité si propice à la douce dérive vers le marché unique à laquelle nous invitent les haleurs bruxellois, dérive qui ne serait scandée que par les aboiements des bien-nommées directives. Mais de cette hétérogénéité, on cherche plus souvent le coupable dans la géographie ou la politique que dans l'économie.
Télévision culturelle : l’“apartheid ” distingué
Pourquoi écrire sur la télévision culturelle dans une revue nommée Pouvoirs qui consacre un numéro aux pouvoirs réels ou supposés de la télévision ? Parce que la télévision culturelle est l'une des trois questions qui depuis le début de la télévision focalise de manière exemplaire les conflits concernant ce que l'on appelle « le pouvoir de la télévision ». Les deux autres sont celle du statut public ou privé de la télévision et celle de son influence sur la politique. Un peu partout en Europe, et notamment en France, la multiplication des chaînes et les nouvelles technologies reposent la question du pouvoir et du rôle de la télévision en matière culturelle.
Entretien sur l’avenir de la télévision en Europe
Sous la direction d'Olivier Duhamel
Choses vues : les “Landsgemeinde ” survivance de la démocratie directe
Tous les constitutionnalistes français citent dans leurs cours les Landsgemeinde suisses comme exemple de démocratie directe. Plus rares sont ceux qui ont eu l'avantage d'assister à une de ces assemblées où le folklore helvétique colore des pratiques évoquant celles des Athéniens sur l'Agora. Un témoignage mérite d'en être rapporté. André Siegfried s'est flatté d'avoir pu assister le 3 mai 1947 à la Landsgemeinde du canton de Glaris, grâce « à une aimable invitation des autorités suisses ».
Réflexions sur la démocratie référendaire
Ce n'est plus un secret pour personne : en France, l'institution référendaire a beaucoup de mal à survivre au général de Gaulle. Périodiquement sont lancées des propositions visant à élargir le champ de l'article 11 de la Constitution... Mais connaît-on suffisamment la nature du mal ? L'expérience des pays étrangers est ici apte à nous fournir un utile éclairage, pour peu que le regard soit celui du politologue au moins autant que du juriste. Mais l'analyse comparative des processus référendaires non plébiscitaires apparaît comme un gisement trop peu exploité par la science politique française, ce qui est à la fois symptomatique et dommage.
L’opinion et la politique extérieure (été 1988 -été 1989)
Les questions de politique extérieure ne sont pas, en France, de celles qui appellent nécessairement l'analyse détaillée de l'opinion, de ses mouvements de surface comme de ses tropismes profonds (si l'on accepte, au moins à titre d'hypothèse, d'accorder à l'opinion une consistance autre que purement épidermique).
Lettre d’Italie
Le 23 juillet 1989 marque les débuts de celui qui est, pour l'histoire politique de l'Italie républicaine, le sixième Gouvernement présidé par Giulio Andreotti (le premier remonte au 17 février 1972). Mais du point de vue de la chronique institutionnelle, il s'agit, depuis le commencement de la dixième législature (14 juin 1987) du troisième Gouvernement de coalition à cinq (pentapartito) à présidence démocrate-chrétienne, après la brève expérience de Giovanni Goria (29 juillet 1987 - 13 avril 1988) et celle de Ciriaco De Mita (13 avril 1988 - 23 juillet 1989).