L’URSS de Gorbatchev

Discours et message politique

par Marie Mendras

D'Union soviétique nous parviennent de nouvelles images et de nouveaux slogans. L'Occident lui-même s'habitue à parler de l'URSS en un langage fait de mots clés soviétiques, de dialectique et d'espoirs humanistes. Le rébus devient d'autant plus indéchiffrable que la lecture s'effectue à travers plusieurs prismes, mêlant valeurs occidentales et critères soviétiques. La direction du Parti communiste et Mikhaïl Gorbatchev le premier recherchent l'universalité du langage pour réaffirmer l'universalité de leur philosophie et de leur système. Derrière les professions de foi d'humanisme et de modernisme économique et social, on retrouve toujours cette recherche d'identité russe et de spécificité socialiste en lesquelles les dirigeants soviétiques voient le meilleur frein à un affaiblissement de leur pays.

Comment Gorbatchev a pris le pouvoir, 1978-1988

par Archie Brown

C'est à l'âge de 47 ans, en novembre 1978, que Mikhaïl Gorbatchev a accédé au groupe dirigeant soviétique (défini comme l'ensemble des membres du Politburo, plus les secrétaires du Comité central, en général quelque 25 personnes au total). Il devient ainsi, et reste jusqu'à son élection au poste de secrétaire général du Comité central en mars 1985, le benjamin de l'équipe.

Les deux réformes économiques de M. Gorbatchev

par Gérard Duchêne

Les défauts de fonctionnement du modèle économique soviétique sont bien connus : sans tomber dans le catastrophisme et voir dans l'URSS un pays sous-développé, il est patent que la planification centralisée et l'hypertrophie du secteur d’État conduisent à un gaspillage des ressources, à une pénurie généralisée des biens de consommation et de production ainsi que du travail et du capital, à une insuffisance des incitations à l'innovation et à l'effort productif ; ces phénomènes se sont exprimés par une baisse permanente des taux de croissance (pour parvenir finalement à une quasi-stagnation au début des années 80) et par une perte de contrôle de la direction politique du pays sur les activités économiques.

L’intelligentsia

par Nicolas Werth

« Pour nous, le résultat le plus tangible de la perestroïka, c'est la possibilité enfin de lire. Pour la première fois depuis l'époque de Khrouchtchev, on ne sait plus à quelle revue s'abonner ! » Cette opinion d'un intellectuel moscovite résume un état d'esprit et marque les limites d'une entreprise. 1986 et 1987 resteront dans les mémoires comme d'excellents millésimes pour ces fous de culture que sont les intellectuels soviétiques, des années plus riches encore en publications et en débats que 1957 ou 1962, les temps forts du « dégel ». Le goût de la lecture retrouvée est sans doute le seul phénomène qui fasse l'unanimité. Quant aux jugements sur la perestroïka, aux actions à entreprendre pour « sauver le pays », elles n'ont sans doute jamais été aussi divergentes au sein d'une intelligentsia dont les clivages se sont révélés au grand jour depuis deux ans. Tandis que le pouvoir multipliait les gestes en direction de l'intelligentsia, tâchant de combler en partie le fossé qui l'en séparait, celle-ci est apparue plus impuissante, divisée ou sceptique que jamais. Des livres à lire, des films et des expositions à voir, des débats. Panem et circenses ?

Gorbatchev vu de province

par Arlette Sennegon-Meister

Miroir de l'expérience gorbatchévienne, la province renvoie une image des réformes en cours, débarrassée des faux reflets de la Glasnost de la presse moscovite.

Le nationalisme contre les nationalités

par S. Kartveli

Si chacun s'interroge sur les aspects économiques, politiques et sociaux de la « réforme » gorbatchévienne, il est en revanche un aspect qui parait trop souvent négligé et qui pourtant, depuis les premières années du régime pour ne pas remonter aux temps plus anciens du tsarisme n'a cessé de préoccuper les dirigeants, bien davantage que le bien-être matériel de leurs populations, au point de représenter l'un des axes prioritaires de la politique de Moscou : la préservation envers et contre tout de l'intégrité du territoire et donc la résolution de la question nationale.

Le débat sur la défense

par Jean-Christophe Romer

Le débat stratégique n'a pas attendu l'arrivée au pouvoir de M. Gorbatchev pour commencer. Dès la fin des années 1970, des critiques, plus ou moins directes, ont été émises en URSS, à l'encontre de la doctrine stratégique alors en vigueur, la doctrine dite de Sokolovskii. Il est vrai que, depuis le début des années 1960, les relations politiques internationales, les techniques d'armements et l'équilibre mondial des forces avaient bien changé. Si les années 1960 ont été, en URSS, celles des exploits techniques et de la montée en puissance, les années 1970 furent ceUes de l'obtention de la parité, du rattrapage et des négociations. Pouvait-on, dans ces conditions, maintenir la même doctrine stratégique, quand bien même celle-ci correspondrait en fait plus à un projet politique global qu'à des conceptions strictement militaires ?

La contrainte de l’Europe de l’Est

par Jacques Rupnik

Lorsque Moscou éternue, l'Europe de l'Est s'enrhume. C'est le souvenir de 1956 qui hante encore les esprits dans les pays de l'Autre Europe à l'heure Gorbatchev. La succession prolongée de Staline avait alors créé une situation d'incertitude dans le bloc soviétique ; six mois après le fameux XXe Congrès de la déstalinisation en février 1956, Khrouchtchev devait faire face à l'Octobre polonais et à la Révolution hongroise. Avant son arrivée au pouvoir Gorbatchev n'avait aucune expérience de l'Europe de l'Est, mais il avait certainement présente à l'esprit celle de Khrouchtchev en envisageant les répercussions de ses réformes en Union soviétique sur la périphérie de son Empire.

Gorbatchev à l’Ouest

par Pierre Hassner

En exergue à son remarquable Khrouchtchev et la désagrégation du bloc communiste1, Richard Löwenthal avait placé une citation de Max Weber selon laquelle le matérialisme historique n'était pas un carosse dont on pouvait descendre à volonté. Il voulait montrer par là, à propos de la querelle sino-soviétique comme de l'entreprise de Khrouchtchev (à la fois déstalinisatrice et expansionniste) comment la dialectique de l'interaction pouvait entraîner ceux mêmes qui s'en réclamaient à des résultats opposés à leurs intentions initiales.

Sur les institutions

par François Mitterrand

Le Président de la République a accepté de s'entretenir avant la fin de son septennat avec Olivier Duhamel sur les problèmes institutionnels français. Ces entretiens se sont achevés le 7 mars 1988, c'est-à-dire avant que le Président de la République fasse part de sa décision concernant sa candidature à l'élection présidentielle de 1988. On en trouvera ci-dessous le texte intégral.

L’évolution récente de la Convention nationale de parti aux Etats-Unis

par André Mathiot

La Convention nationale, qui, tous les quatre ans, tranche un certain nombre de problèmes du parti, est, de nos jours, essentiellement l'organe de désignation des candidats de ce parti à la présidence et à la vice-présidence des Etats-Unis.

Le Conseil constitutionnel, gardien du droit positif ou défenseur de la transcendance des droits de l’homme

par Georges Vedel

Dans les pays où il existe, le contrôle de la constitutionnalité des lois met en cause souvent, sinon le plus souvent, la conformité ou la non-conformité d'un texte de valeur législative aux normes de valeur constitutionnelle définissant et garantissant les droits individuels ou sociaux et les libertés publiques.

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