Fondateur d'une des aventures les plus singulières de ces vingt dernières années, l'Aria, en Corse, directeur des indispensables Tréteaux de France, Robin Renucci est devenu une figure majeure de la scène artistique française, apprécié, écouté, sollicité et respecté tant pour ses exigences artistiques que pour ses combats de chaque instant en faveur de la décentralisation culturelle, de l'éducation populaire et de l'éducation artistique.
Robin Renucci
Robin Renucci
Place des artistes
Dans cette revue qui privilégie la réflexion et l'analyse, il nous a semblé l'esentiel de donner la parole aux artistes pour vous livrer d'autres points de vue, d'autres points de fuite. A partir de deux questions auxquelles ils peuvent répondre (ou non) très librement.
Etendre et réformer la commande publique
Dans un pays encore fortement marqué par un urbanisme débridé avec ses interminables zones commerciales et ses espaces déqualifiés, il est urgent de replacer la commande publique, à la manière des "Nouveaux commanditaires", au coeur des aménagements urbains et paysagers.
Pour une plateforme nationale décentralisée
Ne disposant d'aucun référent national fédérateur alors qu'elle est devenue une priorité politique, l'éducation artistique et culturelle, qui souffre d'une dispersion des données et des énergies, a besoin d'une coordination nationale et décentralisée qui pourrait prendre la forme d'un archipel de plates-formes corrélées à un observatoire.
Une éducation populaire 2.0 ?
La démocratisation des arts et des savoirs étant facilitée par les nouvelles technologies, l'enjeu politique consiste désormais à fonder une politique du temps libre à partir des défis d'émancipation posés par l'éducation populaire.
Appliquer les droits culturels pour réaffirmer le droit commun
De préférence à un énième plan banlieue, les quartiers populaires ont besoin d'être reconnus dans leurs propres usages et leurs culture diversifiées, et de voir le droit commun se réinstaller sur leurs territoires via les droits culturels.
Pour une prise en compte de l’ESS culturelle croisée avec les droits culturels !
Encore loin d'en prendre véritablement la mesure alors qu'il en porte les enjeux dans son modèle socio-économique, le secteur culturel aurait tout intérêt à investir le champ de l'économie sociale et solidaire en s'inscrivant dans les valeurs des droits culturels, une troisième voie que la puissance publique à tort de négliger.
Relancer le projet européen grâce à la mobilisation des forces culturelles
En s'appuyant sur les réseaux transnationaux, déjà mobilisés, l'Etat et les collectivités territoriales pourraient relancer le projet européen et lui donner un autre cap que celui du dogme libéral et de l'obsession de la croissance, en encourageant plutôt la coopération et la mobilité des acteurs culturels.
Un “rêve chinois” savamment diffusé !
Parallèlement à sa stratégie d'expansion commerciale, la Chine, sans déverrouiller le contrôle de ses artistes en interne, développe un projet culturel à la vocation universelle, ciment du nouveau nationalisme.
Volontarisme politique et ambition culturelle au Canada
Le Cadre stratégique du "Canada créatif", l'ambitieuse politique culturelle du gouvernement Trudeau, se traduit par un investissement financier massif (2,29 milliards de dollars) dans la création et les industries créatives afin de stimuler l'innovation et la croissance économique du pays, au regard de la nouvelle donne numérique.