Tyrannies de la transparence

L’embrasement du musée de Rio

par Giuseppe Cocco

Une métaphore du Brésil

Manifeste pour le droit d’accès aux collections coloniales séquestrées en Europe de l’ouest

par Clémentine Deliss

Bombatalu

par Elizabeth D. Inandiak

La vague qui frappe trois fois

Olivier Nottellet

par Gaëtane Lamarche-Vadel

Une projection d’hypothèses

Tyrannies de la transparence

par Emmanuel Alloa, Yves Citton

L’idéal de transparence semble s’imposer à tous les esprits comme une évidence. Toute opacité est suspecte de cacher des pratiques douteuses (népotisme, corruption, détournement, abus) en faisant obstacle à une indispensable soif de vérité.

La transparence est notre censure

par Emmanuel Alloa

Pour éphémère qu’elle fut, la République de Weimar a solidement ancré cette idée dans l’imaginaire occidental : la démocratie se distingue par l’abolition de la censure. Dans sa Constitution de 1919, on trouve cette affirmation : « Aucune censure n’a lieu » (Eine Zensur findet nicht statt). Aujourd’hui encore, les démocraties du monde occidental se targuent d’avoir mis un terme à l’institution de la censure. Sauf à compromettre la protection de la jeunesse ou la sécurité nationale, tout, absolument tout, peut être librement discuté sur la place publique ; pas de sujet qui n’ait à passer au préalable le crible de la censure d’État. Voilà pour la théorie.

L’hypercapitalisme de la transparence

par Byung-Chul Han

Customer-Lifetime-Value – voilà le terme qui désigne la valeur qu’un individu représente tout au long de sa vie de consommateur pour une entreprise. L’intention de ce concept est de transformer intégralement la personne humaine, sa vie entière, en valeurs commerciales. L’hypercapitalisme contemporain dissout l’existence humaine en un réseau de relations marchandes. Il n’y a plus aucun domaine de nos vies qui soit exempt de ces logiques de valorisation commerciale.

Onze thèses sur la transparence

par Ippolita · trad: André Salsedo

La logique binaire du passage ou non (du courant, de signaux, etc.) devait nécessairement donner lieu, dans le monde de l’informatique, aux débats – plus ou moins intenses, selon les époques – sur l’open et le close, sur l’ouverture et la fermeture des sources.

Le reste de la transparence

par Thomas Berns, Salomé Frémineur

La mise en corrélation inédite des données numériques semble créer un double du réel parfaitement adéquat : c’est cela qui cause tant d’effroi tout en rendant ses opérations normatives invisibles, par ce curieux paradoxe par lequel un opérateur de transparence doit précisément s’effacer.

Interrompre la distriveillance

par Clare Birchall · trad: Emmanuel Alloa

Les sujets numériques sont façonnés aujourd’hui par le partage du sensible numérique – un arrangement qui détermine ce qui est visible, audible, dicible, connaissable, ainsi que les rôles que chacun d’entre nous est appelé à y jouer. En raison du fait que cet arrangement implique des formes de distribution ainsi que de surveillance, je propose de l’appeler distriveillance, néologisme à entendre comme désignant une « surveillance en partage » (shareveillance).

Le design de la transparence

par Loup Cellard, Anthony Masure

Une rhétorique au coeur des interfaces numériques

Logistique de la “dématérialisation ”

par Ezio Puglia

Le terme « dématérialisation » ne pourrait être plus trompeur. On le retrouve dans les écrits de plusieurs théoriciens et philosophes contemporains, sans parler des journalistes.

Des intimités transparentes ?

par Monique Selim

Outil de gouvernance à toutes les échelles – globale, nationale, locale – la transparence s’est imposée comme une norme à la fois morale, économique et politique, et ce en particulier après la fin de la guerre froide. Accusés à juste titre d’opacité et de manipulation des populations, les régimes communistes ont été constitués en pôles négatifs permettant l’assomption de la règle suprême de transparence. Devenue une valeur incontestable d’un capitalisme désormais étendu au monde entier, la transparence s’applique à tous les champs sociaux et aux instances censées les réguler.

L’Index des clés performatives

par Nathaniel Tkacz

Prendre la mesure de la mesure

L’Afrique en Théorie

par Achille Mbembe

Écrire le monde depuis l’Afrique, inscrire l’Afrique dans le monde ou comme un fragment du monde, voilà bien une tâche grisante et, la plupart du temps, propre à la perplexité (Mbembe 2001).

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