Experts en proie à des conflits d'intérêts, dissimulation de résultats, dépendance à l'égard des données fournies par l'industrie... L'affaire du Mediator a mis au jour nombre de dysfonctionnements, aux conséquences potentiellement dramatiques, dans l'évaluation des médicaments. Mais le plus inquiétant est peut-être ailleurs, en amont : dans la recherche biomédicale, menée pour l'essentiel par des laboratoires publics.
Science- Pourquoi tant de fraudes
Alerte dans le monde biomédical !
L’univers impitoyable des éprouvettes
Tous les chercheurs vous le diront : la compétition a toujours joué un rôle dans la recherche scientifique, mais l'intensité voire la férocité de la concurrence ne cesse de s'accroître. À cela deux causes principales.
L’omerta plutôt que l’alerte
« En dépit de l'attention croissante aux problèmes d'inconduite scientifique, les efforts pour promouvoir l'intégrité en recherche restent inefficaces », reconnaissait en 2010 dans les colonnes de Nature, Sandra Titus, responsable des sciences de la santé de l'Office of Research Integrity américain.
Le piège de la gratuité
Jusqu'à il y a une dizaine d'années, les revues scientifiques – on en compte pas moins de 25 000 dans le seul domaine biomédical – vivaient des abonnements des bibliothèques universitaires. Certaines étaient éditées par des sociétés savantes, à but non lucratif. D'autres par des entreprises privées spécialisées dans l'édition scientifique assurant fabrication et diffusion des revues mais ne s'occupant en rien du contenu, placé sous la responsabilité d'un comité de chercheurs sous la direction d'un rédacteur en chef.
La dictature du “Publier ou périr”
Publish or perish : publier ou périr. Telle est la très darwinienne maxime qui gouverne le fonctionnement de la recherche publique. Le principal critère de reconnaissance pour un scientifique, que ce soit auprès de ses pairs ou de sa hiérarchie, est le nombre et la qualité de ses publications.