Faites l’amour, pas la course

Pour le philosophe, l’amour nous réenracine dans notre chair, puis nous installe sur une terre, puis nous engage à œuvrer ensemble pour qu'il y ait encore un avenir.

Que s’est-il passé dans la vie de notre chroniqueuse ces trois derniers mois ? De l’amour et de la littérature, Marlène Schiappa et des Gilets jaunes. Retour sur un hiver où la France et les amoureux s’embrasent.

En 1954, Roland Barthes publiait ses premières Mythologies. Au fil de l'actualité, il y décortiquait quelques fétiches de la société industrielle. Moi, je voudrais faire plus simple : esquisser les traits d'une société écologique à travers quelques uns de ses pionniers. Je donnerai la parole à des gens que j'aime et que j'admire, parce qu'ils nous montrent, concrètement, le chemin d'une société dans laquelle il ferait meilleur vivre. Bref, ni mythe ni utopie ici, mais de l'expérience et du vécu pour refaçonner nos imaginaires sans quitter le plancher des vaches. Une « limitologie » en actes.

Ancien directeur de la revue Esprit de 1988 à 2012, Olivier Mongin nous présente ici la pensée d’un auteur méconnu, philosophe juif allemand converti au christianisme et compagnon de route d’Emmanuel Mounier. Entre la vision chimiquement pure de l’intellectuel partidaire et la position de surplomb du théoricien, Landsberg plaida pour une forme d’engagement plus « humaine », laissant place au doute, qui ne cesse d’interroger l’esprit libre sur les finalités de ses propres engagements.

À l’heure où nous réalisons ce reportage, les derniers Gilets jaunes engagés s’affairent sur les ronds-points pour tenter d’entretenir la flamme des premiers jours. Convaincus que le « grand débat » organisé par le Gouvernement enterrera les espoirs nés du plus grand mouvement populaire français depuis 1968, ces Gilets jaunes nous comptent leur amertume, notamment envers les médias, accusés d’avoir trop longtemps cherché à minimiser les maux de la France oubliée. retour à Poitiers et à Metz sur l’expression et les sources d’une colère.

Chateaubriand est sans doute le premier grand intellectuel engagé de la France post-révolutionnaire. à la fois plongé dans l’arène politique et fin observateur des évènements, il est le témoin privilégié de l’avènement de l’homme moderne, matérialiste car privé de transcendance, enfermé dans les murs du présent car dénué d’ascendance.

« La justice est soumise à la tyrannie de la gestion et de la performance »

Quand le numérique s’invite dans les procès

Horaires de bagnards, procédures encombrantes, manque de temps et d’argent... Les avocats ont de plus en plus besoin de trouver un sens à leur boulot. Les pauvres, ceux des prisons et ceux des trottoirs, sont quant à eux toujours dans le besoin. L’association le Barreau des Rues parie sur leur rencontre. Objectif : réinscrire l’avocat dans la cité.

Manque de moyens donnés à la justice, réforme de la carte judiciaire, legaltech, spécialisation des juridictions... Les multiples enjeux au cœur de la réforme sur la justice auraient de quoi nous alerter. Pourtant, le sujet est relayé la nuit, la technicité des propos employés ne nous permet pas d’approcher le débat et d’entrer dans la réflexion sur la justice de demain pour unir nos voix à celles des magistrats. Limite est allé rencontrer ces professionnels qui réagissent aujourd’hui unanimement contre ce projet. Ce sont eux qui demain exerceront leur fonction en subissant les conséquences d’une loi qui, encore une fois, sous couvert de modernité, déshumanise. rencontre avec régane Chaumont, bâtonnier de l’ordre des avocats du barreau de Tarbes et vice-présidente de la conférence des bâtonniers.

Dans ce numéro, Limite parle d’amour et de justice. Au siècle passé, un homme s’est battu pour l’instauration d’une véritable justice sociale et la pratique d’une charité inventive, réconciliant à jamais ces deux vertus: Frédéric Ozanam, mort à Marseille en 1853. Par ma fenêtre, j’aperçois l’église saint Charles, où ses funérailles ont été célébrées. Les cloches sonnent. Leur musique monte jusqu’au ciel. Et cette lettre avec.

« Certains amours sont des formes de résistance à la destruction du monde »

Psychanalyste et médecin de formation, Fabienne Kraemer est passionnée par le couple. Elle a publié plusieurs livres sur cette thématique dont Solo, no solo. Quel avenir pour l’amour ? et 21 clés pour l’amour slow. Lucide sur les difficultés de l’engagement amoureux de nos jours, elle mêle à cette vision une sensibilité fortement écologiste allant même jusqu’à comparer l’état de l’amour dans notre société occidentale à celui de la Terre. Pure parisienne, elle a tout plaqué il y a huit ans pour s’installer dans le sud de la France, dans un village authentique près d’Arles. Nous sommes allés à sa rencontre, le temps d’un déjeuner et d’une balade ensoleillée dans les Alpilles.

Une enquête sur la récession sexuelle

For the Widows in Paradise, for the Fatherless in Ypsilanti – « Pour les veuves de Paradise, pour les orphelins d’Ypsilanti » : sans doute aucun titre ne saurait mieux définir l’œuvre de Sufjan Stevens que cette chanson de Michigan, son troisième album sorti en 2003. On y trouve tous les éléments qui font du chanteur américain un des plus grands artistes de notre époque: l’incarnation de récits dans la géographie et l’histoire de son pays, la sollicitude envers les laissés pour compte de la société et les cabossés de la vie et l’ouverture au mysticisme, avec le double sens du mot Paradise, référence à la fois à la ville du Michigan et à la Jérusalem céleste.