Vingt-cinq ans déjà que le festival Premiers Plans d’Angers ouvre la saison et fait la promotion des cinémas d’Europe en nous invitant à découvrir la centaine de films retenus chaque année : des premiers métrages longs, moyens, courts ou animés, pour un état des lieux du cinéma d’aujourd’hui. Il fallait du monde et du prestige pour célébrer cet anniversaire : le festival a choisi de multiplier les rétrospectives et les hommages, entre intégrale et élections de cœur ou de raison, mais qui toutes consacraient des monstres, morts ou vivants. Claude Miller, pour une manière de dernière accolade, Marcello Mastroianni, “l’acteur moderne”, le plus émouvant et complet de sa génération : Angers a regardé s’écouler une fois encore “la vie des morts sur grand écran”.
La Demora de Rodrigo Pla
Festival Premiers Plans d’Angers
Antiviral de Brandon Cronenberg
Ni prodige, ni prodigue, Cronenberg fils aborde une thématique, la contamination, et un genre, le gore clinique, déjà explorés par son père. Il livre donc un film honorable qui plie fortement sous le poids de ses influences.
Des morceaux de moi de Nolwenn Lemesle
Film sur l’adolescence, Des morceaux de moi recèle quelques moments de grâce mais trop de longueurs, et aucune surprise au scénario. À retenir tout de même : la révélation d’Adèle Exarchopoulos, qui rappelle la Sandrine Bonnaire des débuts.
D’une école à l’autre de Pascale Diez
Le documentaire de Pascale Diez plaide pour la mixité sociale et les initiatives artistiques en milieu scolaire. On applaudit l’intention plus que le film, qui échoue à capter et communiquer l’énergie - ainsi que l’évolution - du groupe auquel il se consacre.
Ici et là-bas de Antonio Méndez Esparza
Pedro rentre au Mexique après plusieurs années passées aux États-Unis. Il s’efforce de renouer avec ses filles et essaie de vivre de sa passion : la musique. A.M. Esparza évite les clichés, et réussit un film chaleureux sur la famille, la tendresse, l’espoir
5 caméras brisées de Emad Burnat et Guy Davidi
En Cisjordanie, la construction du “mur” de séparation israélien prive les habitants de Bil’in de leur terre. Ce film remarquable relate la lutte pacifique de gens humbles face à une effroyable machine de terreur. Un récit tragique, qui ébranle profondément.
La Demora de Rodrigo Plá
Pauvre, seule, mais vaillante, une mère de famille en vient à abandonner un moment le père dont elle a la charge. La sobriété de la forme et la pudeur du fond donnent une grande force à ce récit magnifiquement interprété et très intelligemment réalisé.
Des abeilles et des hommes de Markus Imhoof
Des alpages suisses aux monocultures américaines, partout, les abeilles disparaissent. Tel un Mondovino du miel, ce documentaire touchant analyse avec brio un phénomène complexe. Les images des reines et ouvrières, filmées au plus près, sont bluffantes.
Elefante blanco de Pablo Trapero
Nouveau film coup de poing de P. Trapero, à la mise en scène - d’ordinaire trop mécanique - enfin assouplie. Résultat : un film qui brille surtout par la performance de ces acteurs, mais qui n’évite malheureusement pas un certain nombre de lieux communs.
Syngué sabour Pierre de patience de Atiq Rahimi
Dans un Afghanistan en guerre, une femme soigne son mari inconscient et se confie, jusqu’à l’inavouable. Délicat, le récit peine pourtant à émouvoir avec des arguments devenus hélas conventionnels lorsqu’on évoque le sort des femmes dans les pays islamistes.
Les Équilibristes de Ivano De Matteo
Les Équilibristes se voudrait un flamboyant mélodrame du quotidien, dans la lignée d’un certain cinéma italien des années 1970. Hélas, malgré une mise en scène soignée, le film ne parvient jamais à dépasser l’aspect illustratif d’un scénario assez convenu.
Ouf de Yann Coridian
Ouf (comme le verlan de “fou” et comme le souffle d’un soulagement à venir) raconte l’histoire d’un homme qui, sorti d’un “burn-out” spectaculaire, fait tout pour reconquérir la femme qu’il aime. Bien que bancale, cette production se révèle assez charmante.
Zaytoun de Eran Riklis
L’amitié inattendue entre un jeune réfugié palestinien et un pilote israélien tombé sur Beyrouth en 1982 est le nouveau sujet d’Eran Riklis. Le spectateur s’immisce avec émotion dans leur périple initiatique vers leur Palestine commune.