Trente ans se sont écoulés depuis la parution de ce roman. Et douze depuis la disparition de son auteur. Cet auteur, c’était Pascal Marignac, professeur de philosophie et écrivain noir et rouge. Pascal Marignac, alias Kââ, aussi connu sous les pseudonymes de Corsélien et Béhémoth, pour cinq romans effroyables et hallucinés publiés dans les collections Gore et Maniac entre 1987 et 1990. Assez pour laisser une empreinte indélébile dans l’esprit des amateurs. Assez pour que certains, comme votre serviteur, considèrent ces brûlots comme autant de pépites, et celui qui les a écrits comme l’un des tout meilleurs contributeurs du genre. Et comme un très grand écrivain tout court.
Numéro 172
Sur la trace du serpent : Silhouettes de mort sous la lune blanche, de Kââ
Patricia Wentworth : l’oiseau de mauvaise augure
« La Plume du Corbeau », roman de 1955 (édition américaine) est sans doute l’un des plus typiques de la dernière période de Patricia Wentworth. Il ouvre, après « Miss Silver intervient » (1943) les rééditions de titres avec Miss Silver, qui, il y a plus de vingt ans, rencontrèrent enfin le succès chez 10-18, après des essais chez Seghers puis Harlequin. Pourquoi les ressortir ? Parce que les lecteurs français ont aussi fait un bon accueil à ses vieux thrillers d’avant guerre, ce qui n’était pas gagné ! Une génération étant passé, revoilà donc Wentworth qui poursuit son étonnante carrière posthume. Depuis 1923, ses romans furent publiés d’abord en Grande-Bretagne puis aux U.S.A.
En bref : Terminus Belz, d’Emmanuel Grand. Policier Points.
Un jeune sans-papiers ukrainien traqué par la mafia roumaine traverse clandestinement la France et échoue dans le port de Lorient. Il se réfugie sur la petite île de Belz et, malgré l’animosité de certains habitants, est engagé sur un bateau de pêche. Et tandis qu’il peine à trouver ses marques parmi ces pêcheurs rustiques, un crime atroce est commis. Aussitôt ressurgissent craintes ancestrales et vieilles légendes bretonnes imprégnées par le mythe de l’Ankou, l’ange de la mort. Entre thriller moderne et roman policier classique teinté de fantastique, ce premier ouvrage d’Emmanuel Grand est une belle réussite. (7.90 €)
Tueur à gages
Rares sont les histoires de tueurs à gages en Écosse. Avec sa trilogie centrée sur Calum MacLean, Malcom Mackay nous emmène découvrir le Milieu à Glasgow.
Martine lit dans le noir
Hérétiques, de Leonardo Padura (Ed. Métaillé). On doit à Leonardo Padura un regard aiguisé sur la société cubaine. Sur son évolution et sa réalité. De nombreux livres évoquent déjà un quotidien bien éloigné des ensembles réservés aux touristes dans les grands ensembles hôteliers.
Le bouquiniste a lu : Harry Dickson
Pour cette nouvelle année et pour ceux qui souhaitent se replonger dans les aventures d’un héros policier des années 30, il serait bien injuste de ne pas évoquer le « Sherlock Holmes » américain, Harry Dickson accompagné de son inséparable assistant Tom Wills.
En bref
- L’empreinte du soupçon, de Brian Freeman. Sang d’encre. Presses de la Cité. - Les fantômes d’Eden, de Patrick Bauwen. Albin Michel. - La ferme, de Tom Rob Smith. Belfond. - Au bout de la route, l’enfer, de CJ Box. Policiers Seuil. - Les charognards, de Urban Waite. Actes Noirs – Actes Sud. - "De l’orage dans l’air " de Carl Hiassen – 10/18 N°5003.
La page de Jean-Marc Laherrère
Deux romans américains pour commencer l’année. Très différents l’un de l’autre, côte est et côte ouest.
Adaptation et prolongement des Tueurs d’Hemingway par Siodmak
« Monsieur Hemingway est, selon moi, le plus grand écrivain contemporain de nouvelles ; mais il n’est pas, également selon moi, le plus grand écrivain contemporain de romans. » Cette affirmation de Dorothy Parker dans le New Yorker le 29 octobre 1927 est également selon moi pleinement justifiée, et tombe plutôt bien puisque cet article pour La Tête en noir s’intéresse à la nouvelle issue du recueil Men Without Women, « The Killers », et à son étrange transposition au cinéma sous la direction de Robert Siodmak en 1946.
La chronique de Julien Heylbroeck : Les mues et les morts, de Brice Pelman. Fleuve Noir (Spécial Police, 1973)
Brignoux s’est fait avoir. Salement avoir, même. Après une nuit de débauche, il se retrouve obligé d’épouser une femme acariâtre et manipulatrice qui lui a fait croire qu’elle était enceinte dans le seul but de lui mettre le grappin dessus. Il doit arrêter ses études d’ingénieur et dire adieu à sa future carrière pour entretenir cette épouse qui le dédaigne et se morfondre comme vendeur de bagnoles.
Paul Magendre a lu pour vous : Guillaume Bechard : La nonne à tout faire... Editions Pascal Galodé.
Le Bouquiniste est un insecticide : il enquête dans une secte... Bouquiniste à mi-temps à Rennes, Erwan Guillerm ne manque pas d'occupations. Il vit des moments tranquilles en compagnie de son amie Véfa, une châtelaine qui s'occupe avec quelques bénévoles d'une association qu'ils ont créée à l'intention des jeunes bretonnants.
Les (re)découvertes de Gérard Bourgerie : La mort n’a pas d’amis, de Gilles Schlesser - Parisgramme éditeur 2013
Paris, décembre 1924. Camille Baulay, reporter au Petit Journal, est réveillée en sursaut par son ami le commissaire Gardel qui lui demande de venir vite rue Ste Croix. Là un homme couvert d'une cape rouge, est assis, dos au mur, avec dans la main droite, un petit couteau et dans la gauche une pomme rouge. Il est bel et bien mort. Un meurtre plutôt étrange. A la demande d'un ami, Édouard de Fontanges, Camille va examiner le tableau d'un certain Max Ernst intitulé: « le rendez-vous des amis ».
La tête et l’histoire - Chapitre 1 : Ancêtre lointain du polar, le roman gothique
Le roman gothique est né en Angleterre, au XVIIIe siècle. La paternité de cette appellation est attribuée à Horace Walpole (1717-1797), fils cadet de Robert Walpole, premier ministre britannique. Horace siégeait au parlement anglais. Aristocrate érudit, libertin et excentrique, il avait agencé sa demeure de Strawberry Hill à l’image d’un musée glorifiant les oeuvres médiévales. Un autre courant poétique, le “Graveyard School of Poetry”, qui cherche à trouver une consolation face à la mort, va se manifester vers 1740 sous la forme d’un esthétisme en rapport avec les pierres tombales, les ruines et autres ossements, les couvents, les châteaux,...