Numéro 159

Un peu d’humour dans un océan de noirceur pour cette chronique, avec pour commencer un roman très attendu, Cool, le dernier Don Winslow. 2005. Chon, la brute, O la belle, Ben le gentil. Les trois personnages inoubliables de Savages quelques années plus tôt (forcément !). Ben fait pousser la meilleure dope de Basse Californie (BC). Chon est son ami inséparable, son frère. Autant Ben est gentil (ce qui ne veut pas dire mou, ou victime attention, Ben a du caractère) autant Chon est … Pas gentil. O est leur meilleure amie, pas encore leur amante. Quand Chon ne casse pas du terroriste en Truckistan, ils trainent ensemble et regardent les filles sur la plage.

Jean-Pierre Alaux est l’un de ces nouveaux auteurs « à la française » dénichés par l’équipe de 10-18 pour enrichir le domaine « Grands détectives ». Né en 1955, homme de radio et de télévision, il a publié une biographie de James Dean et une autre du perchiste Romain Mesnil. Il est surtout connu pour sa série « Le Sang de la Vigne » qu’il publie en collaboration avec Noël Balen et qui compte dix-sept volumes chez Fayard.

Traversée vent debout, de Jim Nisbet (2010) Rivages-Thriller (trad. C. Richard & E. Chedaille), 2012. Jim Nisbet est d’une folie littéraire enivrante et passionnante. Chacun de ses livres est un petit bijou, certains sont courts et secs, d’autres au long cours comme ce dernier en date qui s’étale sur près de six cents pages, mais dont on se dit que l’auteur aurait pu en faire le double sans en perdre l’intensité.

À l'occasion d'ImaJn'ère 2013 (qui aura lieu du 6 au 9 juin aux salons Curnonsky à Angers), l'association éditera deux recueils de nouvelles

Tais-toi et meurs, d’Alain Mabanckou (La Branche, « Vendredi 13 »). Alain Mabanckou est une bête littéraire. Issu de la formation scolaire congolaise, il arrive en France pour passer un DEA de droit et entame une carrière dans une grosse compagnie internationale. Mais Alain écrit.

Spiral de Paul Halter chez Rageot collection Thriller. La maison d'édition Rageot spécialisée dans la littérature jeunesse lance une collection Thriller avec pour cible la jeune adolescence et fait appel à l'élite de la maison noire et celle de la SF, fantastique : Marin Ledun, Johan Eliott (que je « hais » toujours pour des raisons privées...), Fabien Clavel (que j'adore toujours... pour les mêmes raisons!)... Je me lançais donc à corps perdu dans l’oeuvre de Paul Halter, fleuron des éditions du Masque, spécialiste du meurtre en chambre close.

Une petite ville sans histoire, de Greg Iles (Points « Thriller »). La découverte du cadavre noyé de la plus populaire élève du lycée St Stephen’s jette la consternation parmi la population de Natchez (Mississippi). Le choc est rude pour cette petite communauté sans histoires mais ce n’est rien en comparaison de la bombe qui va rapidement exploser : le bon vieux docteur Drew Elliott, figure locale estimée de tous, était l’amant assidu de la jeune victime, mineure et de surcroît enceinte.

À quoi servent les prix littéraires ? À reconnaître la valeur littéraire d’un roman et celle de son auteur. Sans l’obtention du Grand Prix de Littérature Policière 2012, je ne suis pas sûr que je me serais penché sur cet ouvrage. Et c’eut été dommage. Dès les premières pages de ce roman, je me suis senti, comme Alice, aspiré par une force qui propulse de l’autre côté du conscient et projette l’esprit dans un vide abyssal tapissé de livres.

Deux dans Berlin, de Richard Birkeferld et Göran Hachmeister Hiver 1944. Haas est enfin parvenu à rejoindre Berlin. À Buchenwald il avait voulu rester en vie pour les siens : sa femme et son fils désormais enterrés dans le grand cimetière de la capitale, morts sur dénonciation de ses voisins de palier. Maintenant Haas est bien décidé à se venger. Il est devenu une bombe à retardement.

Chez Harlequin, MIRA, la seule collection spécialisée grand format, semble enterrée avec Nora Roberts (La Maison du Mystère) et Andrea Ellison (A l’Heure où tombe la nuit). Mosaic prend la relève. Plus généraliste, elle mélange les genres avec les nouveaux romantic thrillers de Lisa Jackson ou Heather Gudenkauf et les reprises comme celle de « Kidnappée » de la vieille routarde Brenda Novak à laquelle ce numéro de la Tête en Rose est consacré.