Ritaline, la pilule des enfants sages

Sous la contrainte. C’est ainsi que les entrepôts français d’Amazon ont fermé leurs portes, le 16 avril 2020, en pleine épidémie de Covid-19. Condamné par la justice pour avoir « méconnu son obligation de sécurité et de prévention de la santé des salariés », le géant américain du commerce en ligne a suspendu un mois durant son activité en France. Cet épisode signait le dénouement d’une saga de plusieurs semaines. Des semaines à ignorer les craintes des salariés. Des semaines à redoubler d’activité pour engranger des recettes mirifiques. Tandis que les commandes affluaient et que le cours en Bourse d’Amazon s’envolait, à travers le monde, des milliers de personnes risquaient leur vie pour des broutilles.

À mesure qu’il partait à la conquête de nouveaux territoires, Amazon est passé maître dans l’art de jouer à cache-cache avec l’impôt. En Europe, il a longtemps pu compter sur le Luxembourg pour optimiser sa fiscalité.

Des locutions qui agacent, irritent, frisent les oreilles quand elles sont prononcées par d’autres, mais ponctuent nos phrases dès que nous baissons la garde. Du coup, elles méritaient bien une chronique.

World Trade Center. New York, 7 août 1974. À 400 mètres au-dessus du sol, le funambule français Philippe Petit s’apprête à commettre l’impossible : traverser sans filet les 60 mètres qui séparent les tours jumelles. Complice actif de cet acte poétique et illégal, le photographe Jean-Louis Blondeau immortalisera cette danse inédite.

« C’est un véritable vol d’enfants, c’est une affaire d’État. » Le ton posé, le regard soutenu, Valérie Andanson témoigne face caméra. Dans sa voix résonnent celles des «enfants de la Creuse», ces milliers de jeunes Réunionnais arrachés à leur île natale pour peupler le désert rural de Métropole. Une génération sacrifiée sur l’autel d’une utopie républicaine. Adultes, ils ont été moins de 200 à prendre le chemin du retour, à reconstituer le puzzle de leurs familles éclatées. Le 25 mai 2020, las d’attendre la mise en application de recommandations émises deux ans plus tôt, ils saisissent le Défenseur des droits. Pour le sociologue Philippe Vitale, « c’est une mémoire accablée et accablante ». Pour les ex-mineurs, une blessure qui tarde à cicatriser.

Jouer avec l’inconscient. Tromper les sens d’individus plongés dans un état de conscience altérée. Catalyseur de fantasmes, popularisé par l’industrie du spectacle, ce procédé hante la sphère médicale dès son apparition. Lumière sur une pratique en clair-obscur.

Obéissance sur ordonnance

Le 16 juin 2020, quatre-vingt-quatre plaintes échouaient sur les bureaux de la Cour de justice de la République. Au banc des accusés, l’exécutif, mis en cause pour sa gestion matérielle de la crise sanitaire. Contradictions, stocks insuffisants, réassorts tardifs... le masque de protection cristallise toutes les rancœurs.

« La Sécurité sociale, ce n’est rien d’autre que le droit de vivre », clament encore, soixante-quinze ans après sa création, ses partisans. En pleine épidémie de Covid-19, alors que les responsables politiques semblaient redécouvrir le rôle des solidarités, cet héritage s’est révélé dans sa criante modernité... et dans toute sa fragilité. Emmanuel Macron lui-même s’est laissé aller à un hommage: « Et nous retrouverons les Jours heureux », déclamait-il, le 13 avril 2020, pour conclure une allocution confinée. La référence au programme du Conseil national de la Résistance a fait tiquer celles et ceux qui manifestaient depuis des mois pour défendre « la santé et les retraites pour tous ». Retour sur une conquête populaire qui portait en elle un projet de société.

De la Fête du pâté au Salon de la bande dessinée, les associations nourrissent la vie de la cité. Contre-pouvoir en puissance, de la Grèce antique au Second Empire, elles ont souvent suscité la méfiance. Oscillant entre des périodes de reconnaissance et d’illégalité, elles ont conquis, à l’usure, leur liberté.

Le futur est dans le pré

« Admirable œuvre technique », pour François Mitterrand, « porte-avions d’excellence », pour Emmanuel Macron, il est la vitrine de la marine militaire française. Son successeur, aux courbes à peine esquissées, verra le jour en 2038. Ce sera alors la fin du Charles-de-Gaulle car, pour ce navire, «être inerte, c’est être battu».