L’œuvre d’art est le résultat d’un processus complexe dont les composantes principales sont recherche, réaction au milieu, sensibilité, choix de matériaux et de thèmes. La combinaison de ces composantes donnerait à la création artistique une signification particulière. Il est évident que l’analyse et l’évaluation esthétique de l’œuvre d’art ne peuvent pas rester indifférentes à l’influence et au mode de combinaison de ces éléments.
La calligraphie iranienne
L’esthétisme de la calligraphie islamique
Entretien avec Abdollah Kiae, maître calligraphe
Abdollah Kiaie est calligraphe. Il débute son apprentissage dès l’âge de 5 ans, aux côtés de son grand-père, et le consolide ensuite auprès du maître Amirkhâni. A Téhéran, il a travaillé comme calligraphe et graphiste pour la télévision iranienne et autres institutions. Arrivé en France en 1987, Abdollah Kiaie expose régulièrement ses œuvres lors de manifestations en France et à l’étranger. Son atelier se situe dans le Quartier Latin, à Paris. Il y exerce diverses activités, notamment la réalisation de commandes, l’animation de stages de formation et de conférences. Il est également consultant auprès d’agences de communication, de musées, de l’Education nationale ainsi qu’auprès de la Bibliothèque nationale.
Les différents styles de calligraphie islamique et iranienne
La calligraphie islamique - La calligraphie peut être considérée comme l’art le plus éminent des pays islamiques, ainsi que le langage artistique commun des musulmans. Elle a toujours eu une importance particulière en ce qu’elle figure la Parole divine révélée. Cet art n’est pas seulement utilisé pour le Coran mais est aussi présent dans de nombreux autres domaines artistiques et non-artistiques comme la correspondance, l’écriture d’ouvrages…
Entretien avec le maître Gholâmhossein Amirkhâni
Maître Gholâmhossein Amirkhâni, le plus grand maître contemporain de calligraphie nasta’ligh en Iran, est né à Taleghân en 1939. Il est président du conseil Supérieur et membre du conseil d’administration de la Société des calligraphes iraniens. Il a commencé son activité artistique sous l’égide des maîtres calligraphes Hossein et Hassan Mirkhâni en 1961. Ses œuvres, internationalement connues, ont été maintes fois exposées en Iran et à l’étranger, notamment en France, au Pakistan, en Syrie et au Royaume-Uni. Il a calligraphié de nombreux chefs-d’œuvre, parmi lesquels on peut citer une anthologie de Saadi, A la mémoire de Kalhor, l’intégralité du Divân de Hâfez, une anthologie des odes de Khâjou, Sarv-e Sâyeh-fekan, Sahifeh-ye Hasti, des livrets de calligraphie pédagogique, des albums pour enfants et des manuels de calligraphie.
A calligraphie de l’époque des deux premiers empereurs safavides Shâh Esmâ’il et Shâh Tahmâsb
1501-1576 - A partir de la prise du pouvoir politique par les Safavides, l’art calligraphique connut un essor important en Iran. L’idée dominante de l’époque consistait à considérer que l’artiste calligraphe se soumettait à un ensemble de traditions qui prédéterminait à la fois l’aspect visuel de l’écriture et le but de son usage. Cependant, il était admis que le calligraphe avait le droit de contribuer à l’amélioration de ce patrimoine calligraphique et d’être même un facteur de perfection des techniques de son métier, mais les modifications qu’il pouvait introduire dans l’art étaient strictement limitées.
Entretien avec Mohammad Salahshour, maître calligraphe
Mohammad Salahshour est un maître calligraphe en style nasta’ligh. Il a été élu "Tchehre-ye mandegâr", distinction accordée chaque année aux personnalités scientifiques et artistiques marquantes de l’Iran.
La dimension spirituelle et gnostique de la calligraphie :
Du sentiment esthétique à la voie vers l’Origine de toute beauté
L’art calligraphique et scriptural de la Perse antique
La calligraphie iranienne, à côté de celle des pays orientaux ou extrême-orientaux et au-delà de son caractère proprement utilitaire, constitue un art décoratif à part entière. Cet art, qui prit son essor grâce à la calligraphie coranique, continue de vivre son âge d’or, et ce depuis la naissance de l’islam. Aujourd’hui, malgré les progrès technologiques et l’usage systématique de l’écriture numérique, la calligraphie iranienne continue de retenir l’attention d’un grand nombre d’amateurs et d’artistes à la recherche de la beauté et du perfectionnement graphique de leur langue maternelle. La passion toujours grandissante pour l’art calligraphique en Iran peut être expliquée, diachroniquement, par le faible intérêt de l’islam pour des arts tels que la sculpture et la peinture, en particulier durant les premiers siècles de l’Hégire, et par une valorisation de la calligraphie dès l’avènement de l’islam. Le développement de cet art eut tendance à occulter l’art scriptural de la Perse antique.
Le point de vue d’Aydin Aghdashloo sur la calligraphie iranienne
Aydin Aghdashloo est graphiste et peintre et enseigne l’histoire de l’art. Il s’est intéressé depuis sa jeunesse à la calligraphie, au point de collectionner et de restaurer des calligraphies anciennes et de devenir l’un des meilleurs experts dans ce domaine à l’heure actuelle. Alirezâ Hâsheminejâd, calligraphe et professeur à la faculté d’art et d’architecture de l’Université de Kermân, a effectué plusieurs entretiens avec Aydin Aghdashloo à propos de la calligraphie, parus dans un ouvrage unique.
La calligraphie et son évolution dans les arts publicitaires
La calligraphie a toujours été d’une grande importance pour les Iraniens. L’existence de décorations calligraphiées en des endroits aussi différents que les bâtiments historiques, les céramiques et poteries antiques ou nouvelles, les tapis, les ustensiles et plus généralement tous les objets d’usage quotidien ou symbolique atteste que la calligraphie est presque un art du quotidien en Iran. Ainsi, en particulier dans les villes importantes comme Shirâz, Ispahan, Tabriz ou Herât, cet art s’est développé conjointement à d’autres arts auxquels il était intimement mêlé, dont les arts picturaux tels que la peinture, l’enluminure, la miniature et d’autres arts semblables.
Zende, trait d’union entre tradition persane et art contemporain
Quand Zende vous reçoit dans son atelier de Montpellier au sud de la France, il vous prévient d’emblée : « Dites bien que je ne suis pas calligraphe ». Ce qui ne laisse pas de surprendre puisque son atelier est justement rempli de nombreuses œuvres calligraphiées. Il explique alors que, pour lui, la lettre calligraphiée est, en soi, un élément de décor, qu’il représente en dehors de toute codification chère aux calligraphes persans ou arabes traditionnels. D’ailleurs, ses lettres peintes appartiennent aussi bien à l’alphabet persan qu’aux lettres latines, qui se mêlent fréquemment dans une même composition, marquant ainsi sa double appartenance à l’Orient, où il est né, et à l’Occident où il vit depuis trente-deux ans.