Sorcières

Dans les programmes scolaires, l’écrit prime sur l’oral. Pourtant, celui-ci ne devrait-il pas précéder l’apprentissage de la lecture et de l’écriture ?

Marc Aubaret poursuit et clôt son exploration de la littérature orale du XXe siècle. Les chants, les proverbes, dictons et devinettes, les virelangues étaient et demeurent pour tous les âges de merveilleux outils d’apprentissage ; autant de prétextes pour s’approprier la langue, entrer en poésie, s’interroger sur le monde...

Dans les sources populaires, le conte est bien plus politiquement incorrect que l’on croit. Et si aujourd’hui, il est de bon ton de s’offusquer d’un merveilleux pourtant déjà très édulcoré, il est également possible de porter un tout autre regard sur les héroïnes traditionnelles.

Les premières versions françaises écrites de certains de nos plus célèbres contes datent des XIIe et XIIIe siècles ! C’est ce que démontre Philippe Walter, spécialiste de la littérature du Moyen Âge, grâce à l’édition traduite et commentée de brefs récits, issus d’anciens chants de toutes les Bretagne appelés « lais »

« S’émerveiller, c’est ouvrir les yeux sur le monde pour en percevoir toute la beauté. » Belinda Cannone nous livre sa réflexion sur ce nouvel état, cette conquête de chaque instant, qui aide à réenchanter le monde.

Personnage antique, la sorcière sera « réinventée » au Moyen Âge au détriment de l’image de la femme. Dès lors, ce sera à la terrible lueur des bûchers que se lira son histoire...

Hécate est considérée comme «la plus ancienne sorcière» ou encore la divinité des sorcières. Associée à la face sombre de l'astre lunaire, elle se voit prêter des capacités de divination et de sorcellerie...

Femmes-oiseaux de la nuit

C’est au Moyen Âge que s’opère la mutation de la sorcière. De simple magicienne, soigneuse, ensorceleuse, elle devient progressivement l’indissociable alliée du Diable avec qui elle a conclu un pacte. Pour cela, elle sera condamnée au bûcher.

«Le Colloque de chiens» est la dernière des Nouvelles exemplaires de Cervantes, parues en 1613. L'auteur de Don Quichotte est alors âgé de 66 ans. Dans cet extrait, situé au milieu de la nouvelle, la sorcière Cañiçarez raconte ses pratiques démoniaques au chien Berganza. Doué du don de la parole, il est en réalité le fils d’une sorcière métamorphosé en canidé... On retrouve ici les récits des traités de démonologie, le regard critique et ironique de Cervantes en prime!

Au XVIe siècle, les procès de sorcellerie se multiplient, de nombreux témoignages sont soigneusement rapportés dans les ouvrages des démonologues...

Au XIXe siècle, l’image de la sorcière change. Michelet, dans sa vision romantique, célèbre la femme reliée à la nature, la guérisseuse qui connaît les secrets plantes. De leur côté, les Grimm construisent la sorcière des contes : mauvaise femme, vieille et laide, que Disney imposera comme figure dominante. Aujourd’hui, alors que la croyance aux jeteurs de sorts persiste, des femmes s’emparent à nouveau d’elle, la réinventent et voilà la sorcière rajeunie, devenue féministe, écologiste, transgressive et puissante !

Vieille, laide et méchante, la sorcière qu’on croit si répandue dans les contes n’y est en réalité que peu présente. Ce sont les frères Grimm, en particulier avec «Hänsel et Gretel» qui, au fur et à mesure des éditions, en ont construit le portrait-robot.

Conte allemand

Dans les contes merveilleux, la figure de la sorcière a parfois des aspects inattendus qui montrent bien son lien de parenté avec la fée, la marraine et la sage-femme.