Renaissance

Aboyer, mais ne pas mordre

Après la pandémie historique que nous avons tous et toutes subie en 2020-2021 — et qui n’a malheureusement pas dit son dernier mot—, dans quel état se trouve le théâtre, entendu au sens large des arts du spectacle vivant ? Notre théâtre, celui que nous connaissons et aimons, saura-t-il se relever et retrouver son ampleur, son dynamisme, son rayonnement?

Depuis le début de la pandémie, alors que j’ai franchi l’étape des trois- quarts de siècle d’existence, il me semble avoir vieilli de plusieurs années. Et je m’interroge quant à mon rapport avec le théâtre, qui a nourri la majeure partie de ma vie sur près de 60 ans.

Réapprivoiser la salle de spectacle, petite ou vaste, et l’exercice consistant à assister à un spectacle théâtral, dans un lieu fermé, après une longue torpeur pandémique: quel sens donner à cela aujourd’hui?

Mars 2020. Un combat mondial et invisible vient de débuter. Chaque jour, des femmes et des hommes prennent la parole et tentent de nous rapporter les nouvelles d’un front depuis lequel un virus nous oblige à confiner notre humanité. Alors que le bruit des paroles sanitaires et politiques résonne en permanence dans nos vies, une voix manque à l’appel pour la première fois : celle de l’art vivant.

Une nouvelle guerre de générations est née en France. Elle est emblématique de certains pays européens, et parfois même au-delà. Une génération, celle des baby-boomers de l’après-guerre, tire, par la force des choses, sa révérence ; l’autre émerge dans une multitude de formes, prête à prendre les affaires en main.

À un âge où d’autres ont tiré leur révérence, pris leur retraite, fait leurs adieux, ces interprètes continuent d’exercer leur art. Un métier certes gratifiant, mais qui exige vivacité d’esprit, forme physique exemplaire et souplesse de corps et d’esprit. En temps de restrictions sanitaires, le métier ne comporte évidemment plus la même désinvolture et la même liberté qu’avant.

Certains événements marquent les esprits et s’inscrivent durablement dans l’imaginaire collectif. À travers différentes œuvres, l’art rend compte de traumas qui résonnent toujours. Voyons comment des artistes contemporain·es redécouvrent l’histoire par la scène malgré le poids qu’engendre sa représentation.

Plusieurs artistes partent d’une histoire personnelle pour concevoir un projet créatif. Comment prendre la parole pour mieux guérir, et mieux comprendre la réalité à laquelle nous faisons face? Quel cheminement faut-il suivre pour y arriver?

Il y a plus de 10 ans, Michelle Parent, actrice, créatrice et metteuse en scène, a fondé Pirata Théâtre. À partir de fragments d’histoires individuelles, elle porte un regard critique sur le monde tel qu’il est. Ses créations éclatées dessinent les contours d’autres configurations possibles du théâtre et de la société.

Plusieurs ont évoqué le roman La Peste d’Albert Camus pour tisser un parallèle avec les dommages causés par la COVID-19. D’autres ont rappelé que Giovanni Boccacio (1313-1375) —Boccace en français— avait écrit les 100 nouvelles de son Décaméron après une épidémie similaire qui a ravagé Florence en 1348. La pandémie actuelle a incité le directeur artistique du Théâtre national Marin-Sorescu de Craiova, en Roumanie, Vlad Draˇ gulescu, à lancer un projet d’agora internationale de théâtre avec des artistes de plus d’une centaine de pays, L’Hektoméron.

Le masque de procédure d’aujourd’hui, qui nous protège de la COVID-19, a des ancêtres dans la Venise du 18e siècle, qui se nommaient bautta, volto ou larva, dont l’usage et l’imposition ne sont pas sans rapport avec notre époque. Bâillon, muselière ou protection?

Découverte exaltante, on peut l’imaginer, pour une chercheuse, l’Agenda Cinq ans de Jean-Louis Roux, dont nous publions ici quelques extraits avec l’autorisation du fils de l’homme de théâtre, Stéphane Roux, révèle des pans méconnus de sa jeunesse.

On connaît l’importance du Théâtre du Nouveau Monde dans l’histoire du théâtre au Québec, mais on aborde moins souvent les forces vibrantes qui l’ont précédé et mis au monde, comme le fait ici une jeune chercheuse, en s’intéressant à une compagnie qui n’avait jusqu’ici fait l’objet d’aucune recherche, le Théâtre d’Essai de Montréal.

Créer un théâtre hybride pour rester connecté et parler de la radicalisation qui mène à la violence : le comédien et animateur nous raconte sa plus récente expérience avec le Théâtre Parminou.