Technonatures et virtulités concrètes

Les totems haïdas que surplombe l'Aigle agglomèrent castors, corbeaux, ours et serpents. Je suis parmi eux, écoutant l'enregistrement des vagues et le cri sporadique du corbeau.

Tout se passe comme si les questions non résolues pouvaient enfin trouver leur exutoire ultime dans la négation du social. Au fond du labyrinthe excavé à même la masse des icônes de l'histoire de l'humanité, j'invite une voix et un visage à Beaubourg, Paris, à me suivre dans le matériau opaque.

En attendant, difficile de ne pas remarquer une communauté d'idées frappantes dans une certaine science-fiction, chez les émules de McLuhan et, maintenant, dans les arts électroniques. En effet, si nous nous fions aux créateurs et producteurs du Tunnel sous l'Atlantique, oui, il faut prendre Roddenberry et McLuhan au sérieux : le voyage est commencé et le monde se rétrécit à mesure que chacune de ses régions s'agrandit.

Si on y pense bien, il n'y avait pas là de véritables œuvres, mais seulement une parade de prototypes, les œuvres n'étant que des apparitions, des effets secondaires...

Raoul Duguay doit rire dans sa défunte barbe. - Tout est dans tout », proclamait son alter ego Luoar Yaugud dans les années 70, époque de l'anarchie contre-culturelle.

À l'été 95 donc, Lui et Moi, sous le dôme Fuller restauré, nous sentons que, faute de médiatisation suffisante, les œuvres informatiques n'existent que si elles sont récentes.

Par ses projets multimédias, André Éric Létourneau, d'Algojo) (Algojo, nous a jusqu'ici habitués à l'imprévisible, au chaotique ainsi qu'à des réflexions multiples sur la temporalité des choses.

Ces architectes de l'image en mouvement construisent dans la mémoire du regardeur une « constellation d'idées » qui n'a guère besoin de points de repère dans le réel. Avec son caractère transitoire, la matière vidéographique crée ses propres liens spatiaux entre le spectateur et l'écran qui lui fait face.

Je crains le vide surtout lorsqu'il se cache. Il n'en demeure pas moins que le ou les arts électroniques n'existent pas. D'un côté, il y a l'art assisté par ce code binaire extrémiste, de l'autre, il y a l'expérimentation électronique : gossages, testages, distanciations timides des techniques des autres médias.

Mutation. Quelle sera la forme, ou même le sens, des cités issues de la civilisation et des technologies bio-organiques vers lesquelles nous nous acheminons ?

Entretien.

Soir d'orage au Lieu, centre en art actuel à Québec, ce vendredi 19 mai. L'artiste invité «ouvre» le vernissage de l'installation qu'il a créée les nuits et les jours précédents. Matthias Jackisch, venu de Dresden, active une performance pour la trentaine de personnes sur place.

La présence des deux animateurs du centre Artpool, qui agissent comme promoteurs et agents multiplicateurs au sein de l'alternative hongroise, a été marquée, à mon avis, par la première présentation de cette exposition d'art postal au Lieu.

Des moules, des centaines de moules, Ilse Wegmann nous invite au voyage, à une excursion ; un passage d'une réalité à sa modification, en séquences.

La Difficulture se conjugue au présent. D'abord, le mur qui fait face aux vitrines de même que les trois portes qui le transpercent sont peints en rouge.