Arts et électronique

Ce dossier est né d'une envie très forte de réfléchir sur un art en train de se faire, l'art électronique. N'ayant d'autre choix que de se lancer tête première dans les eaux incertaines d'un courant qui s'invente au jour le jour, nous avons privilégié des réflexions à tâtons, à risques.

Je tiens à débuter cet exposé comme j'ai toujours rêvé d'en débuter un, soit comme ce pasteur noir américain qui commença son plus vibrant discours par ces mots : «I have a dream». C'était Martin Luther King qui avait «a dream», comme vous «you have a dream». Quel est ce «dream», ce rêve que nous avons tous en commun ?

L'hybridation du corps et l'incorporation des nouvelles technologies à même le corps donnent lieu à des situations qui font parfois penser à l'art du grotesque

Danser avec le derviche virtuel : les corps virtuels est un projet en réalité virtuelle de l'artiste visuel et designer Diane Gromala et du chorégraphe Yacov Sharir. Il a donné lieu à plusieurs représentations où le danseur et les spectateurs étaient en interaction avec un environnement en temps réel.

L'installation en question n'est composée que d'un seul élément : un écran géant installé au fond d'une salle plongée dans l'obscurité. Sur l'écran sont projetées des images vidéo de blocs de lumière flottant sur un fond noir, progressivement remplacées par de la neige électronique qui balaie de bas en haut puis de haut en bas la surface écranique.

En me rapprochant de la matière et de ses interactions subtiles, je me retrouve, en tant que chercheur, enveloppé par la complexité et la beauté observables, inspiré par ce qui échappe à l'entendement.

Au cours de mes recherches sur la signification de l'interactivité électronique et le rapport entre le spectateur et l'objet d'art, j'ai constaté que certains artistes électroniques sont en train de produire des œuvres qui incarnent le thème de la technologie comme espèce.

L'ordinateur Macintosh a fêté ses dix ans en 1993. Cela nous fait réaliser à quel point la percée de la micro-informatique est un phénomène récent. Dix ans, c'est peu et pourtant, on a du mal à se rappeler ce que pouvait être le quotidien avant son apparition.

Sur les quelque cinq cents chaînes que promettent à chacun les services de câble en Amérique, plus de la moitié auront à voir avec le « réel » : l'archive, l'histoire, le portrait, le tourisme et le voyage, ainsi que le télé-achat, l'information, la météo, le thématique en direct, etc. D'ailleurs, le « channel surfing » permet déjà d'accéder à ces banques d'images si l'on dispose du hardware nécessaire...

La bande de terre laissée nue et mouillée par la mer qui s'est retirée, m'attire, m'émeut. C'est une reposante incertitude, un baume. La preuve matérielle qu'il existe des lieux qui ne sont pas irrémédiablement codés.

Montréal, Galerie La Centrale, le 25 septembre 1994, 20h 20. Une structure métallique se remplit d'images, de lumières, de sons, pendant qu'une danseuse semble orchestrer l'événement tout entier par ses mouvements1. Le Partage des Peaux : « Mais de quoi s'agit-il... ? », me demandais-je un certain temps.

Par sa conception mathématico-informatique du réel, la réalité virtuelle est résolument au service d'une vision du monde transformée, voire transformante.

« Parce qu'il est d'avant, l'art pressent l'après mieux que l'intelligence. » Régis Debray - Que devient le corps et où se situe-t-il dans l'univers électronique ? Que devient l'acte chorégraphique lorsqu'il se déploie dans les lieux électroluminescents ? À l'aube d'une autre compréhension de l'organicité, la danse est peut-être l'entité la plus propice pour s'ouvrir à ce monde de nouvelles sensibilités de par le rapport intime qu'elle entretient avec son corps et l'espace.

Astrobiologiquement minuscules, nous, humains, tentons plusieurs fois dans notre vie de transcender les limites périphériques de nos corps visibles. Ce phénomène s'observe, en outre, dans les processus naturels de création et de procréation.