Théâtre du monde

Il y a dans ce numéro d’Inter des perches qui ont été tendues par Alain-Martin Richard auprès de différents artistes. Il s’agit dans tous les cas d’inventer des stratégies et de tester des outils pour s’inscrire dans le théâtre du monde en y injectant des manipulations inouïes. Les grammaires « ethétiques » présentées ici constituent une formidable incursion dans les débordements du corps-matériau et de l’esprit ten­ taculaire des « derniers humains de la terre » en quête de nouvelles narrations. Art vivant et arts visuels s’entremêlent dans un joyeux foisonnement.

Métamorphoses d'une métaphore

Dans les projets de Jacynthe Carrier, des corps anonymes habitent des territoires à la limite des activités humaines et naturelles. L’artiste invite des groupes de personnes à interpréter des listes d’instructions minimales - cours dans cette direction, manipule ces objets, enveloppe avec ce tis- su, déplace cette roche… - puis se retire pour laisser les scènes se dérouler devant elle. Ces actions collectives empruntent au théâtre, à la cérémonie et à la routine du quotidien. Les formes que les personnages apportent aux lieux qu’ils occupent font écho à la manière dont chaque lieu distinct façonne le corps commun. Les dialogues se chevauchent entre le mou- vement et l’environnement; entre l’étrange et le familier; entre le scénario prévu et le moment vécu. Une fois la performance commencée, elle n’y intervient qu’en intégrant son propre corps dans le tissu de l’espace, isolant les détails dans le cadre de son appareil photo. Elle présente son œuvre au monde par le biais de grandes installations d’images fixes et animées qui semblent brouiller les frontières entre l’expérience et la représentation de cette expérience.

La matière du théâtre du monde

Aviver les flammes de la création artistique multidisciplinaire

Entretien entre Alain-Martin Richard et Christian Lapointe

Autoportraits aux miroirs brisés

Rencontrer l’œuvre de Christian Faucouit, c’est entrer dans une salle dans laquelle se déroulerait un spectacle diffusé en permanence comme au cinéma autrefois. On peut y arriver à n’importe quelle heure, à tout moment, attraper l’histoire en route et s’accrocher au récit. Trouver sa place, s’y installer pour peu à peu tisser les liens de la narration et lui donner un sens.

Violence et performance