Intervention N°1

L’anarchie ou la mort pour la survie d’une ville

par François Bégin

Au niveau architectural, la consultation populaire se complique; on ne peut construire une grosse conciergerie en s'appuyant sur les goûts de tous les utilisateurs présents et surtout futurs. C'est l'utilisateur lui-même qui doit se mouler dans son environnement. La majorité des urbanistes et des architectes voient là des problèmes sans résolution. Leur impuissance complice devient donc un prétexte pour la planification d'un environnement imaginaire et figé. Pourtant, des villes riches par leur histoire, comme Québec, pourraient enrayer leur autodestruction (s'il n'est pas trop tard) en s'inspirant des recherches et des réalisations d'architectes-urbanistes pour qui ces problèmes ont une solution démocratique.

Robotique et éducation

par J-C Gagnon

"Dans ce royaume illuminé par la violence et la technologie, lancé à 160 à l'heure sur une autoroute vide, il roulait éternellement, dépassant les stations-services désertes le long de vastes plaines, guettant l'apparition face à lui d'une unique voiture. Vaughan voyait la terre entière périr en une catastrophe automobile simultanée; des millions de véhicules jetés ensemble pour un coit définitif, une ultime rencontre de sperme jaillissant et fluide de refroidissement." -"Crash!" de J. G. Baillard, le livre de poche, page 26.

Créer ou l’art de vivre pauvre et malheureux

par Jean-Claude St—Hilaire

L'on pourrait facilement croire que c'est l'image que projette le sculpteur, le peintre ou tout autre créateur aux yeux de ceux qui sont chargés d'administrer la culture en notre beau pays. Il est vrai qu'au CEGEP, à l'Université ou tout autre institution l'étudiant en art a une belle vie, si l'on fait abstraction de quelques menus détails comme acheter son matériel à prix d'or, payer son loyer (une chambre miteuse ou une barraque louée à sept ou huit personnes est un minimum), s'habiller (quelques "T- 12 shirts" et un vieux "blue jeans" font généralement l'affaire), se nourrir (un peu de riz et du "baloné" suffisent largement), se voyager à l'école ($16.00 d'autobus par mois ou se faire geler l'hiver en tentant désespérément d'attendrir un conducteur philanthrope). De toute manière pourquoi s'inquiéter, il y a les prêts étudiants du gouvernement et parfois même les bourses si votre père a plus de douze enfants à charge; bref, il n'y a pas de quoi s'outrager outre mesure. Il est vrai que la vie d'étudiant est sans doute la plus belle au monde, tous les travailleurs et les chômeurs vous le diront. Mais lorsqu'on a fini d'étudier et qu'il faut troquer ses reçus de frais de scolarité pour un chèque de paye, là on rit moins. Quel beau métier que celui d'artiste! Vivre constamment en contact avec le "beau", être son propre patron, créer sans arrêt, oeuvrer dans un milieu sain, dynamique et joyeux... oui, quel beau métier que celui d'artiste!

L’activité artistique

par Guy Durand

Je propose donc une distance de la pensée. Distance vis-à-vis des discours continuellement axés sur les activités artistiques officielles. Il ne s'agit pas de les nier puisqu'ils participent de l'organisation de cet univers, mais de se les retraduire à propos de notre temps de vie quotidien. Il faut chercher à comprendre les fondements --économiques, idéologiques — de la production des paroles sur une pratique du sens, et montrer la distance sociologique qui les sépare (celles qui opposent, par exemple, l'expert et l'exécutant, l'érudit et le profane etc). Mettre en évidence ce qui différencie l'Art de l'Histoire analysée de l'Art.

La guerre des étoiles

par Jean-Claude Cagnon

Une autre raison d'en finir pour les amateurs de cinéma qui ont encore un espoir: Star Wars est le "film de l'année". Ce n'est pas le genre de manifestation culturelle qui puisse remonter le moral de ceux qui ne se font déjà plus d'illusions sur l'amélioration de la situation politique actuelle du globe.

L’âge de cristal

par Jean-Claude Cagnon

"L'âge de Cristal" de Michel Anderson, présenté le 5 décembre dernier au cinéma Cartier. Ce film aurait pu se titrer autrement, quelque chose comme: "LOGAN et JESSICA les"punk" contre ROBOR, l'être cybernétique sculpteur sur glace". On devrait présenter ces films de "science fiction" comme on les appelle ordinairement dans un festival de films d'humour, à la même programmation que des vieux films fossiles québécois comme "Aurore l'enfant martyre", "Les pays d'en haut", etc. "L'Age de Cristal m'a fait rire pendant au moins la moitié de sa durée, par l'imbécilité de ses héros, l'insignifiance de sa thématique et de ses décors, le manque d'originalité des costumes utilisés. Par exemple, des erreurs grossières se succèdent les unes aux autres; Jessica, le personnage féminin principal, traverse une sorte de piscine à la nage et quand elle sort de l'eau son maquillage est indemne, son costume d'héroïne en grande difficulté est impeccable, les déchirures semblent brodés à la main, épousent comme par accident le contour d'un sein: l'habillement du héros en grande difficulté paraît provenir d'une boutique de mode "punk", commandé sous la rubrique: costume de Robin des Bois venant à peine de se battre avec King-Kong devant les yeux émerveillés-horrifiés de Lady Marianne. — Maintenant qu'Elvis est mort, c'est Kong qui devient le "King".

La “Bruegelmania” de Maple Leaf

par Richard Martel

Dans une société où la consommation est accentuée jusqu'à devenir le moteur même de son fonctionnement, l'art doit servir les intérêts de ceux qui détiennent le contrôle des valeurs et des institutions. L'expression artistique devient alors tributairedes aspirations économiques: une production pour la consommation. Le produit nécessite une image qui doit se consommer à des fins très précises: la vente d'un produit spécifique.

Théatre d’animation pour les enfants de Québec

par Diane Jocelyne Côté

Un théâtre de participation où ce ne sont pas les cris des jeunes spectateurs qui sont seule preuve de leur intérêt. En effet, selon les P.E.Q., "participer c'est une action qui s'exerce autant avec son esprit qu'avec son corps. Faire participer les enfants, c'est autant leur donner matière à réflexion que de les amuser; c'est autant leur faire ressentir la joie, la peine, le bonheur que de les faire éclater de rire; c'est autant provoquer l'antipathie que l'Amour".

Intervention culturelle: table-ronde

Jean-Claude St-Hilaire: C'est l'occasion de prendre position au sujet de mes principales préoccupations. On est pris dans un système qui comporte des inconvénients que je suis obligé d'accepter à bien des niveaux, soit dans le domaine des plastique, de la littérature, du théâtre. Cela a pour but d'attaquer certaines politiques culturelles; mais si on veut que ça progresse il faut faire des critiques positives et non uniquement des critiques destructives.

L’avant-garde de la mort ou la mort de l’avant-garde

par Richard Martel

J'aimerais ici vous entretenir d'un mythe courant dans l'art tel que pratiqué en Occident: celui de l'artiste révolutionnaire. Il y a toute la différence du monde entre peindre la révolution et révolutionner la peinture. Notre propos est tout autre et ne vise qu'à expliquer le marasme et le mutisme actuels en art.Ce terme galvaudé à tort ou à raison nécessite une légère explication. Le terme artiste est le fait de la pensée bourgeoise et naît en même temps que s'élaborent les institutions bourgeoises. Qui dit art pense automatiquement à création ou expression, mais cette force du corps et de l'esprit, cet appel à transformer la matière et les relations que le végétal entretient avec l'animal, tout ça semble bien figé et ancré dans les institutions. Les récents "développements" (ou ismes) en art contemporain marquent un point limite dans la relation que le "créateur" peut entretenir avec son environnement quotidien. Que Chris Burden se fasse crucifier sur une Wolkswagen ou que des artistes se mutilent pour l'art est en tout cas symptomatique. C'est que les institutions culturelles les poussent à faire de tels gestes. Sans doute, est-ce l'avant-garde de la mort ou la mort de l'avant-garde!

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