Numéro 1

Majorités

par Fabio Pusterla

Considéré comme l’une des voix les plus singulières et remarquables de la poésie suisse de langue italienne, Fabio Pusterla (1957) – dont plusieurs livres ont été traduits en français, notamment Les Choses sans histoires et Deux rives – nous offre ici un texte inédit (Amici di maggioranza) qui entrelace un regard social désabusé à un lyrisme généreux.

Nu intégral

par Philippe Rahmy

Depuis Mouvement par la fin, l’écrivain suisse Philippe Rahmy (1965), atteint par la maladie des os de verre, arpente sans concession les chemins de la douleur physique et morale, à travers une oeuvre de poète et de vidéaste exigeante. Dans son travail en prose actuel, il s’appuie sur des personnages à l’identité trouble et fuyante pour explorer les états du moi les moins attendus.

Le conte de la chaussure

par Emma Donoghue

Cendrillon retrousse sa mule en vair et décide de vivre au grand jour son amour pour la fée marraine. Dans son recueil Kissing the Witch, dont est tirée cette fable, l’écrivaine irlandaise Emma Donoghue (1969) détourne les contes de fées pour mieux libérer le désir. Une « queerisation » de la tradition dont nous parle également, dans ce numéro, l’article de Martine Hennard Dutheil de la Rochère.

Oh

par Händi Klaus

Cinéaste (Prix du meilleur premier film à Locarno en 2008 avec März), homme de théâtre et prosateur subtilement surréaliste, Händl Klaus aime déjouer nos attentes sur l’unité des lieux et des personnages. Cet auteur né au Tyrol en 1968, vivant entre Bienne et Berlin, nous fait glisser dans ce Dramolett entre les mailles de l’identité.

Gai noël

par Olivier Sillig

La veille de Noël, le Lausannois Olivier Sillig, écrivain à la veine picaresque et homoérotique (Je dis tue à tous ceux que j’aime, Deux bons bougres, …), plonge dans une atmosphère interlope et loufoque.

Effroi

par Célia Houdart

«Valéry évoque dans ses Cahiers ce ‹ point délicat › pour la poésie qui consiste à prendre voix : ‹ Il n’y a ni narrateur, ni orateur, ni cette voix ne doit faire imaginer quelque homme qui parle […]›. La tête d’Orphée, arrachée à son corps par les ménades en fureur, emportée par un cours d’eau, est censée avoir continué de chanter, comme délivrée du corps » (Christiaan L. Hart Nibbrig, Voix fantômes). Célia Houdart (1970), autrice d’un premier roman remarqué chez P.O.L (Les Merveilles du monde), invite à la découverte de ce chant.

Autobiographie au magnétophone

par Sandro Penna

Sandro Penna (1906-1976), l’un des plus importants poètes italiens du XXe siècle, s’est fait le chantre moderne des amours masculines, dans une poésie à la fois païenne et délicate. À la fin de sa vie, renfermé dans la pénombre de son appartement romain, il dicte au magnétophone une « autobiographie irrégulière », publiée en 2006. Nous en livrons ici la première traduction française (en deux parties).

Jack Halbertsam : la masculinité sans hommes

par Jelena Ristic

Judith Jack Halberstam est l’auteur.e, entre autres, de Female Masculinity (1998), The Drag King Book (1999), et In a Queer Time and Place : Transgender Bodies, Subcultural Lives (2005). Ille est professeur.e d’anglais et directeur.e du Centre pour la recherche féministe à l’USC (University of Southern California, Los Angeles). Sa démarche intellectuelle est claire : au pays des drag kings, la masculinité est reine.

Tommaso Giartosio : Capri, c’est fini ?

par Pierre Lepori

Dans son essai Perché non possiamo non dirci... Letteratura, omosessualità, mondo, paru chez Feltrinelli en 2004, l’écrivain italien Tommaso Giartosio met en scène un dialogue fictif qui perce la question des rapports entre écriture et homosexualité. On y découvre une histoire – italienne et occidentale – bien plus détonante que l’on croirait, et le portrait d’un pays à la fois homophobe et fasciné par la liberté sexuelle.

Mon sexe, là où le monde finit

par François Cusset

Dans son Queer critics : La littérature française déshabillée par ses homo-lecteurs (PUF, 2002), François Cusset nous ramenait d’Amérique une riche foison de gaies délectures. Cet ancien normalien, professeur d’histoire intellectuelle, auteur remarqué d’études sur la French Theory, n’a de cesse de nous rappeler que le sexe évolue entre fantasme et codification.

Cendrillon est amoureuse (de la Fée Marraine)

par Martine Hennard Dutheil de la Rochère

« Alors à ce moment elle m’emmena à la maison, ou je l’emmenai à la maison, ou d’une façon ou d’une autre nous fûmes toutes deux emmenées à ce qui nous tint lieu de maison. » Ainsi s’achève le récit de Cendrillon dans The Tale of the Shoe d’Emma Donoghue. Dans son étude, Martine Hennard Dutheil de la Rochère, professeure d’anglais à l’Université de Lausanne, nous montre que ce genre de détournement des contes de fées n’est pas un cas isolé dans la littérature anglo-saxonne contemporaine.

Quand l’opéra a un drôle de genre

par Alain Perroux

Manrico aime Leonora, le comte Di Luna s’y oppose. La gitane brûle sur le bûcher. Tout un monde d’hétérosexualité normative nous embaume depuis les planches de l’opéra. Pourtant cet art cache une diabolique habileté à avancer masqué pour parler vrai : une légion de castrats et de chérubins ambigus peuple de tout temps l’univers du belcanto.

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