Le kitsch, c’est chic !

€

Il vient de prendre ses fonctions à la tête du théâtre de la Croix-Rousse, mais il a déjà ses habitudes dans le quartier. Petit tour du pâté de sa grande maison pour manger, boire un verre ou… réparer sa Cocotte-Minute !

Ancien de chez Gagnaire, Mathieu Rostaing-Tayard décline ses associations de saveurs et ses desserts superlatifs jusqu'à New York. Pour le moment, il est encore dans le 6e au 126 pour un restaurant affichant le meilleur rapport qualité-prix de la ville. Mais ça pourrait ne pas durer… Portrait.

Cela vous dit de fêter un deuxième Nouvel An ? Le 23 janvier, les Chinois passeront de l'année du lapin de métal blanc à l'année du dragon d'eau. Avant de suivre le dragon dans le 7e arrondissement autour des rues d'Aguesseau et Passet, vivez à la chinoise.

Voilà plus de trente ans que Michel Descours a ouvert sa librairie d'art, unique à Lyon. Une librairie devenue galerie il y a deux ans pour donner à voir un art du beau qui est autant un art de vivre. Portrait.

Il y a la peinture à l'huile et la peinture à Lyon. Les Lyonnais ne font rien comme tout le monde. Les peintres lyonnais non plus. Collaborateur d'Exit, Patrice Béghain consacre pour la première fois un (très) beau livre à cette «peinture intempestive», souvent à contre-courant de l'histoire de l'art. Voyage, des origines à nos jours, dans une peinture beaucoup plus audacieuse, exigeante et variée qu'on ne le croit trop souvent.

L'exposition des « Paysages de Dughet à Caillebotte » court jusqu'à fin janvier, mais vous pouvez d’ores et déjà en acquérir le souvenir: un catalogue au prix modique (15 €), superbement édité, qui ravira les amateurs de peinture et de rêveuse contemplation. Établie à partir de la collection du maître des lieux (lire le portrait de Michel Descours p. 16), l’exposition recèle nombre de raretés comme l'unique paysage connu de Louis Cretey, prêté récemment au Musée des beaux-arts pour la première grande rétrospective consacrée au peintre lyonnais, ou une demi-douzaine de paysages de Janmot rarement montrés, dont un superbe Lac de montagne aux lignes pures et aux nuages se reflétant dans l'eau.

En gigotant du popotin sur les pistes de danse dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, avec un peu de chance, vous allez vous retrouver à danser sur les deux accords qui ont permis à Yannick Noah de composer l'intégralité de ses tubes, juteux au demeurant. « Bouge ton botobo » (ça veut dire popotin mais c'est beaucoup plus local), voilà ce que Yannick administre à son public quand il est pieds nus sur scène, dévoué à son amour des autres. Mais dans la folle Ambiance de la brousse sur « Saga Africa », vous risqueriez de manquer le sens profond de ses paroles, alors on est là pour vous ouvrir les yeux sur sa vraie réalité : derrière son physique avantageux de plus de 50 ans, qui pourrait distraire du même coup la ménagère du même âge, Yannick Noah est avant tout un chanteur engagé.

La culture façon Exit c'est aussi savoir où manger après une bonne toile. Les nourritures spirituelles ont du bon, mais cela n’empêche pas d’avoir un creux, avant ou après un concert, une séance de cinéma une pièce de théâtre ou une expo. Car même l’opéra-bouffe ne suffit pas à nourrir son spectateur. Voici donc un utile petit carnet d’adresses de plaisirs terrestres.

Comédien inoubliable chez Pascal Thomas ou Jacques Rozier, après son tube Jolie Poupée dans les années 1980, Bernard Menez revient (un peu) à la chanson dans une comédie musicale déjantée: Le Gros, la Vache et le Mainate à la Croix-Rousse. À l'affiche aussi du dernier film de Beigbeder, il évoque ses grands partenaires au cinéma comme Christopher Lee ou Robert Lamoureux. Entretien long drink avec un comédien intelligemment kitsch et définitivement inclassable.

Il a démarré Claudette au masculin chez Claude François avant de virer play-boy du Top 50. Avec Manureva, chanson culte des années 1980, Alain Chamfort se posait en petit frère de Gainsbourg. Depuis qu'il s'est fait virer de sa maison de disque, il s'amuse de son nouveau rôle de « has been superbe », reprenant la route pour des concerts impromptus. Saga du meilleur has been de la chanson française.

Vous allez en bouffer de l'opéra-bouffe ! Offenbach est partout pour les fêtes : à Lyon, Lausanne ou Saint-Étienne. L'occasion d'une petite plongée dans le mauvais goût salutaire d'un grand esprit cynique et libertin.

On ne pouvait pas faire un dossier kitsch sans une petite sélection de navets hollywoodiens pour Noël et au-delà. À tout seigneur, tout honneur, Roland Emmerich revient avec ses gros sabots pour emboîter le pas à Shakespeare dans un biopic qui transpire le mauvais goût. Chic.

La librairie Grand-Guignol en ligne jette un nouveau regard sur l'érotisme avec une collection de revues porno vintage introuvables. Une façon de vous parler d'un temps où les moins de 20 ans, mais les plus de 18, articulaient encore la pornographie avec le plaisir. Petite rétro coquine.

Petite sélection des spectacles de fin d'année qui frisent le bon goût sans jamais y tomber.

Foot, art contemporain, opéra, beaux-arts ou gastronomie, Dijon a le vent en poupe ! À moins de deux heures de Lyon, il y a même des boutiques d'alimentation que vous ne trouverez jamais sur Lyon. Pas besoin d'attendre le tramway en construction : le centre-ville se fait à pied, même si vous avez un train de sénateur, socialiste en l'occurrence. Bons plans à la sauce bourguignonne.

En décrivant les débuts de la psychanalyse autour de Jung et Freud, A Dangerous Method dépeint avec l'humour impassible habituel de Cronenberg tous les bouleversements et dangers à l'aube du XXe siècle. Un grand film d'époque faussement classique et vraiment révolutionnaire. Critique.

L'Opéra de Lyon monte le très rare Il Trittico de Puccini agrémenté de plusieurs autres mini-opéras en miroir. L'occasion de découvrir le travail de deux metteurs en scène anglais bourrés de bonnes idées : l'illustre David Pountney, star de la mise en scène à Londres, et John Fulljames, qui signe sa première mise en scène en France.

Volubile, passionné, Roger Muraro n'aime rien tant que jouer des oeuvres réputées injouables. Lyonnais de parents vénitiens, il revient au bercail pour un festin romantique : Schumann et la Symphonie fantastique de Berlioz transcrite pour piano par Liszt. un orchestre à lui tout seul. il parle de son métier comme personne.

C'est un des pianistes les plus en vue de la jeune génération même s'il cultive son jardin et la discrétion. Adam Laloum vient à piano à Lyon pour jouer du Schumann. une musique romantique et intimiste qui ressemble à ce pianiste plus apollinien que dionysiaque. Portrait.

Après Marguerite et François sur la correspondance entre Duras et Mitterrand, Gilles Pastor revient à un théâtre intime avec Odette, apportez moi mes morts ! L'occasion de faire entrer des femmes qu'on n’entend jamais sur une scène : des veuves, montagnardes, qui ont choisi de le rester comme si leurs vies s'étaient arrêtées, sans en faire tout un drame. Le metteur en scène et son comédien, Jean-Philippe Salério, évoquent chacun à leur tour ce drôle de projet où la mort ne saurait être vraiment dramatique. Récit.

Entre manga et théâtre, Dorian Rossel trouve la forme juste pour rattraper l'esprit enfantin de Quartier lointain, le manga original de Taniguchi. Un beau spectacle pour petits et grands.

Après une hilarante Grammaire des mammifères l'an dernier, le collectif Locus Solus ressuscite Caisses, un texte différent et pas pareil de Christophe Tarkos, auteur contemporain décédé en 2004. non sans revendiquer, même pour parler de la mort, un farouche attachement à la vie.